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CHAPITRE 1: EROL

L'Empire de Cendres Space Pickle 24762Words 2024-03-27 13:53

  La nature avait repris ses droits dans l`obscur labyrinthe de b閠on et d`acier. Un 閜ais 閏rin de poussi鑢e recouvrait les murs, les sols et les plafonds apr鑣 des d閏ennies d`abandon. Pourtant, ce jour-l�, des bruits de pas 閠ouff閟 r閟onnaient dans les lugubres couloirs endormis. Dans la p閚ombre, des figures inqui閠antes s`avan鏰ient.

  Un souffle glacial fit vaciller l`閏harpe de la premi鑢e silhouette. � chaque foul閑, ses 閚ormes bottes renforc閑s broyaient les rang閑s de stalagmites s`alignant sur le terrain boueux. Viss� sur sa t阾e, un imposant chapeau de feutre marron prot間eait l`homme de l`incessant ruissellement visqueux qui s`閏happait de la vo鹴e. Par endroit, cette derni鑢e 閠ait recouverte de champignons et de moisissures verd鈚res. Des parasites similaires encombraient les parois et laissaient des tra頽閑s gluantes sur son 閜ais manteau de cuir.

  Sa main droite, la seule � 阾re gant閑, maintenait le pommeau d`une 閜閑 accroch閑 � sa ceinture. Aux reflets de bronze, la sangle 閠ait orn閑 d`une boucle repr閟entant un arbre � cinq branches et au tronc fendu. De cette lame, Erol Feuerhammer ne se s閜arait jamais.

  Apr鑣 avoir enjamb� un bloc de ciment qui avait d� se d閠acher du plafond des ann閑s auparavant, Erol fit un brusque signe du menton � un second homme quelques m鑤res derri鑢e lui. D`un autre geste, il lui ordonna de prendre possession de la torche qu`il tenait dans sa main gauche.

  La lueur verte du flambeau artificiel se refl閠ait sur ses lunettes rondes. Faiblement teint閟, les verres dissimulaient un regard per鏰nt constamment aux aguets. Jamais il ne quitta des yeux les t閚鑒res qui lui faisaient face. Il savait que celles-ci n`attendaient qu`un moment d`inattention pour le happer.

  Dans le halo de lumi鑢e apparut un jeune gar鏾n d`� peine vingt ans. Son visage 閠ait constell� de taches de rousseur et de boutons d`acn�. Une profonde cicatrice d閙arrait de sa tempe droite et finissait par rejoindre sa nuque. Au creux de son dos se balan鏰ient une sacoche remplie de livres et de parchemins, un carquois et une petite arbal鑤e en m閠al.

  Erol l`invita silencieusement � mener la marche. Ob閕ssant sans h閟iter, le jeune gar鏾n aux cheveux roux s`avan鏰 afin de saisir la torche. L`閠roitesse des lieux l`obligea � se coller � la paroi, 閜ongeant ainsi de son pantalon brun un amas de champignons mauves � l`allure mis閞able. Mais tandis qu`il agrippa le flambeau, son pied glissa. Il s`effondra aussit魌 sur le sol dans un fracas sonore.

  Erol attrapa la torche artificielle en vol et fit face � son acolyte d閟ormais allong� de tout son long dans une flaque de boue. Surpris, il avait instinctivement d間ain� son 閜閑 et la pointait en direction de son maladroit disciple.

  � Octave, sombre cr閠in d`閠udiant ! � grogna-t-il avant de ravaler sa col鑢e.

  Son regard sonda les t閚鑒res qu`il venait de quitter des yeux pour la premi鑢e fois. Son cSur se serra. Il sentit une goutte de sueur froide sillonner sa nuque pour se perdre dans le col de sa chemise. Par chance, rien ne bougea. Et la lame retourna dans son fourreau.

  � Vous voil� d`une discr閠ion in間alable ! � chuchota-t-il en allant � la rencontre du jeune gar鏾n qui tentait de se relever.

  Confus, Octave passa sa main dans ses cheveux gras afin de les 閏arter de son visage. Puis, il se redressa, non sans peine, sous le regard de son mentor.

  � Mille pardons pour ce d閟ordre, Monsieur Feuerhammer, r閜ondit-il � voix basse. Ce labyrinthe est un vrai gu阷ier !

  —Notre pr閟ence est visiblement pass閑 inaper鐄e tant bien que quelque chose r鬱e toujours dans les parages. �

  Erol jeta ensuite quelques coups d`Sil rapides par-dessus son 閜aule avant de poursuivre:

  � Nous devrions cependant nous h鈚er de trouver refuge, nos corps sont fatigu閟. Combien nous reste-t-il de ces torches ?

  —C`est la troisi鑝e, r閜ondit automatiquement le gar鏾n. J`en ai utilis� une tout � l`heure pour 閠udier des terminaux encore miraculeusement fonctionnels. Cela signifie que j`en ai cinq sur moi. Nous avons donc quelques jours devant nous.

  —Bien. Continuons. �

  Tout en reprenant la marche, Octave commen鏰 � 閜onger la boue qui recouvrait d閟ormais ses 閜aules jusqu`� ce qu`une main cadav閞ique se pose dessus, lui broyant presque l`omoplate. De derri鑢e lui 閙erg鑢ent deux nouvelles figures.

  � Mince, rouquin ! Vous 阾es aussi maladroit que bruyant �, grommela l`une d`elles, d関oilant ses dents jaunes.

  C`閠ait une voix si rauque qu`il fallait poss閐er un don particulier pour y d閏eler la pr閟ence de voyelles. Elle r閟onnait comme l`agonie d`une lame frott閑 une 閠ernit� contre la pierre. Les deux pupilles de m閠al du morne personnage accueillaient un double de la flamme artificielle, lui conf閞ant un regard d閙ent. Encadrant son visage de craie aux traits 閙aci閟, ses cheveux noirs se perdaient dans un manteau de fourrure sale et miteux.

  � Assez, Reinor ! intervint Erol en tentant de garder le volume sonore le plus bas possible. Notre contrat n`abordait nulle clause stipulant que vous deviez harceler le gamin. �

  Le nez de Reinor sifflait � chaque inspiration. Ces derni鑢es soulevaient la peau rouge et boursoufl閑 de ses joues. L`implantation de ses yeux bioniques n`avait jamais cicatris� convenablement.

  � Pourrions-nous h鈚er que diable ! On se g鑜e les extr閙it閟 dans cet interminable couloir ! lan鏰 alors une nouvelle voix, situ閑 juste derri鑢e Reinor et Octave.

  —Ricine est dans l`juste. On n`sait pas ce qui peut nous tomber dessus d`un moment � l`autre, Feuerhammer �, reprit par la suite l`homme au regard de fer.

  Du groupe, Ricine 閠ait la plus petite, mais aussi la plus large. Sous son casque dont ne d閜assait que son nez cass� et creus� par l`alcool, un unique Sil fixait l`individu de t阾e. � la mani鑢e de le d関isager tout en caressant son fusil multicentenaire, elle rendait Erol mal � l`aise. Cette mauvaise habitude de la mercenaire avait d閙arr� depuis leur rencontre, quelques jours plus t魌, avant de partir dans cette p閞illeuse exp閐ition sous la surface.

  � La menace ne peut venir que de l`avant. Et c`est la place que j`occupe actuellement ! �

  Erol invita alors de nouveau Octave � le rejoindre.

  � Ce couloir court certainement sur des dizaines de kilom鑤res ! grommela encore une fois Reinor apr鑣 avoir ajust� son manteau. Bien s鹯 que nous ne pouvons aller que droit devant, � suivre ces rails rouill閟. Mais il n`y aura rien ici � part les ennuis que peut attirer votre bruyant disciple.

  —Il n`y a rien d`autre que de la pacotille fig閑 par le temps et la poussi鑢e ! � rench閞it Ricine.

  Sur ces mots, la borgne frappa de sa botte une tige de fer fusionn閑 avec le sol. Sous le choc, l`閏rin fossilis� c閐a et un fin nuage ocre se souleva jusque sur l`閏harpe d`Erol qui ordonna de se remettre en route :

  � Ces rails vont bien finir par nous mener quelque part, alors suivons-le. Et en silence ! �

  Ils empruntaient cette ligne de chemin de fer depuis si longtemps. La fatigue commen鏰it � miner son esprit. Mais ils s`閠aient d閟ormais enfouis trop profond閙ent. Ils ne pouvaient plus faire marche arri鑢e. Il fallait poursuivre.

  Les deux mercenaires insist鑢ent. Ils ne comptaient pas en rester l� apr鑣 des jours pass閟 dans la semi-obscurit�.

  � Moi et la Francienne, on pense juste que& �

  Ce germe de mutinerie devait cesser. Ce n`閠ait pas le moment de voir Reinor et Ricine prendre le dessus.

  � Depuis quand savez-vous r閒l閏hir ? lui lan鏰 Erol en d間ainant en partie son 閜閑, laissant apercevoir l`acier enduit de graisse. On ne vous paie pas pour 鏰, mais pour avancer! �

  Derri鑢e ses lunettes, une pluie d`閏lairs s`abattit sur les deux figures de queue qui se pli鑢ent, comme foudroy閑s. Inclinant leur t阾e, ils reprirent silencieusement leur longue marche.

  Sous terre, il 閠ait impossible de conna顃re l`heure de la journ閑 r間issant la surface. Dans cette tombe, le temps 閠ait suspendu. Finalement 閜uis� apr鑣 une nouvelle demi-journ閑 de p閞iple, le groupe d閏ida de faire une pause au creux d`une alc魐e de roche. Cette derni鑢e 閠ait suffisamment large pour accueillir trois d`entre eux, mais uniquement Reinor et Ricine y prirent place.

  Visiblement non malheureux de pouvoir s`閏arter des deux mercenaires, Octave 閠ait all� s`installer un peu plus loin dans le couloir, � quelques m鑤res de son tuteur. Assis contre le mur, l`閠udiant sondait du regard le moindre centim鑤re carr� de b閠on qui les entourait.

  Son regard s`arr阾a finalement de nouveau sur l`alc魐e. Ces derni鑢es trahissaient la pr閟ence d`anciennes portes qu`ils avaient plusieurs fois tent� d`ouvrir. M阭e avec le mat閞iel ad閝uat, leurs efforts avaient 閠� vains, car certaines 閠aient en outre doubl閑s d`une herse de s閏urit� encore plus 閜aisse. � son plus grand regret, les lourds battants d`acier 閠aient fig閟 pour l`閠ernit�.

  � Pensez-vous que cela est judicieux de faire halte dans ce couloir si propice aux guets-apens ? demanda Octave. Cela va � l`encontre de vos habitudes.

  —Je sais. Mais nous le parcourons depuis des jours. Nulle menace ne peut provenir de derri鑢e, r閜ondit Erol. Et puis, cet endroit n`est connu que de Marian. M阭e s`il a tendance � laisser ce type d`information � la vue de tous. �

  L`homme au chapeau vit son jeune compagnon faire la moue. Visiblement quelque chose le d閞angeait. Octave finit cependant par exprimer le fond de sa pens閑 :

  � Je ne trouve pas cela tr鑣 correct.

  —Quoi donc ?

  —D`avoir fouill� dans ses affaires, puis de venir au Mont Dammastock sans son accord. Ce n`est pas digne d`un arch閛logue. �

  Derri鑢e ses lunettes, Erol leva ses sourcils et roula des yeux. Il commen鏰it � 阾re las des le鏾ns de morale de ce garnement. Il aurait aim� que la Fondation ne lui impose pas ce fardeau. Il en voulait d`ailleurs toujours � Marian pour 鏰.

  En l`absence de r閜onse, Octave ne resta pas en reste d`arguments :

  � Marian dirige les exp閐itions de l`Universit� depuis des ann閑s et ne vous a jamais mis � l`閏art. Pourquoi aurait-ce 閠� diff閞ent pour celle-ci ? Vous n`aviez qu`� demander et&

  —Monsieur le Fondateur 閠ait aff閞� ailleurs. J`ai juste fait preuve de& comment dire ? D`initiative personnelle. Voil� c`est 鏰 !

  —Monsieur Feuerhammer. Vous 阾es peut-阾re le meilleur chercheur de tr閟or de la cit�, mais je ne suis pas s鹯 que cette fois-ci, cela en vaille vraiment le coup. �

  Erol n`閠ait plus d`humeur � 閏outer le sermon de l`enfant. Il avait 閠� impulsif, certes. Mais il suffira d`une formidable d閏ouverte pour obtenir le pardon. Il en avait l`habitude.

  Ce n`est pas pour rien que l`on m`ait nomm� Arch閛logue-en-Chef, pensa-t-il. M阭e l`Inquisition ne s`est jamais mise en travers de mon chemin.

  Erol fut cependant ramen� � la r閍lit� par un grondement sourd qui fit trembler les murs et la vo鹴e.

  � Qu`est-ce donc ? demanda Octave. La montagne se convulse ! �

  La peur se dessinait sur le visage du jeune gar鏾n. Impassible, Erol analysa les parois qui subissaient d`importantes vibrations avant de se retourner vers son 閘鑦e.

  � Avons-nous bien continu� droit vers l`Est depuis notre entr閑 dans la grotte ?

  —Certainement, r閜ondit Octave. Attendez& �The story has been stolen; if detected on Amazon, report the violation.

  Sur ces mots, l`閠udiant fouilla dans ses poches afin d`en sortir une boussole ab頼閑 et couverte de boue. Apr鑣 l`avoir nettoy閑, il l`examina en vain avant de se tourner de nouveau vers lui.

  � La boussole est cass閑, dit son assistant en approchant celle-ci de son visage. Regardez ! �

  Dans ses mains, l`aiguille s`agitait dans tous les sens. Il 閠ait impossible d`en extraire une quelconque information.

  � C`est certainement une activit� magn閠ique. Quoi qu`il en soit& � commen鏰 Erol avant qu`une l閦arde large comme son bras ne se dessine sur le mur.

  La fissure avait stopp� sa course � quelques centim鑤res du visage des mercenaires.

  � Feuerhammer ! Sortez-nous de l� ! � mugit Reinor en postillonnant.

  Lui et Ricine s`閠aient aussit魌 relev閟. Ils 閠aient tout aussi paniqu閟 qu`Octave. Mais, avant qu`ils ne puissent les rejoindre, plusieurs blocs de b閠on arm� se d閠ach鑢ent du plafond pour se fracasser � leurs pieds.

  � Reinor ? Ricine ? � cria Erol afin de couvrir le vacarme de la roche qui se fendait tout autour de lui.

  Aucune r閜onse ne lui parvint. Reinor et Ricine avaient disparu derri鑢e l`amas d`acier et de gravats. Pire encore, l`unique voie connue menant � la sortie 閠ait d閟ormais obstru閑.

  Courageux, Octave tenta de d閎layer le chemin, mais manqua de peu de finir enseveli lui aussi. La poussi鑢e commen鏰it envelopper les deux hommes, les 閠ouffant et les aveuglant.

  � Octave ! Bougez-vous ! � cria Erol � son jeune assistant qui faillit voir sa main broy閑 par une conduite en plomb.

  Sans plus attendre, l`arch閛logue fit volte-face et s`engouffra dans les inqui閠antes profondeurs. Pi間閟, ils n`avaient d閟ormais plus d`autre choix que de s`aventurer plus profond閙ent encore dans le d閐ale maudit.

  � Au moins ils sont du bon c魌�, eux ! lan鏰 Octave hors d`haleine apr鑣 avoir esquiv� la chute d`une massive poutre en acier.

  —Tu vas te taire et galoper ? �

  Au-dessus de leur t阾e, les grondements se firent de plus en plus puissants. De nombreuses nouvelles fissures se dessinaient tout autour d`eux. Ils arriv鑢ent finalement � un embranchement apr鑣 une course � l`aveugle. L�, les deux hommes ralentirent leur allure et finirent par s`arr阾er au centre d`une immense salle carr閑.

  Elle semblait en bien meilleur 閠at que le reste des souterrains. Les murs n`閠aient que partiellement recouverts de ruissellements et de champignons. La vo鹴e n`abritait ni stalactites ni fissures, mais un important r閟eau de tuyaux multicolores.

  Les vibrations s`閠aient att閚u閑s et leur vie n`閠ait plus menac閑 par un 閎oulement

  � Nous l`avons 閏happ� belle. Mais, je doute que Reinor et Ricine ne nous portent secours. �

  Erol s`aper鐄t que l`atmosph鑢e 閠ait aussi plus s鑓he et plus chaude. Il voulut rincer sa gorge douloureuse, mais s`interdit apr鑣 tout de puiser dans les maigres r閟erves d`eau de sa gourde.

  � Croyez-vous qu`ils soient morts ? � demanda Octave.

  L`homme au chapeau haussa des 閜aules. Le sort des deux brigands lui 閠ait indiff閞ent. N閍nmoins, voyant les regards inquiets que lui lan鏰it son jeune disciple, il d閏ida de le rassurer. Il ne manquait plus que la panique s`empare du gar鏾n.

  Octave 閠ait un 閠udiant en arch閛logie brillant et tr鑣 intelligent. Erol le savait. Mais d`exp閞ience, les gens de sa trempe perdaient toujours leurs nerfs dans de telles circonstances. Il 閠ait convaincu que ces oiseaux-l� 閠aient incapables de survivre en dehors des hauts remparts 閞ig閟 par la Fondation.

  � Pensez-vous que nous soyons si profond閙ent enfouis? poursuivit l`閠udiant en se dirigeant vers une immense porte d`acier camoufl閑 par un contrefort en b閠on.

  —Vingt m鑤res ou trois cents, cela ne fait pas grande diff閞ence. Voyez comme ces cloisons sont 閜aisses. �

  Des phalanges, Erol martela les abords de la poterne contre laquelle son disciple avait le dos appuy�.

  Subitement, sous la pression de ses coups, un panneau mural de la taille d`un livre s`illumina d`une vive couleur verte. Il y eut une petite m閘odie 閞aill閑, puis, dans un craquement, les battants d`acier s`ouvrirent. Ils laiss鑢ent place � un grand nuage de poussi鑢e et un vent d`air chaud naus閍bond envahit soudainement la salle.

  Ne quittant pas des yeux la sortie qui venait de se r関閘er, Erol fit quelques pas dans sa direction. Son mouchoir recouvert de r閟idus ne parvenait pas � filtrer correctement la pestilence qui s`en d間ageait.

  D閟ormais retourn閟, les battants firent appara顃re de tr鑣 nombreux enfoncements de la taille d`une grosse pi鑓e de monnaie. Erol tenta d`魌er la poussi鑢e de ses lunettes afin de les 閠udier plus en d閠ail. Cette fois-ci, il serait sage de pr関enir un potentiel danger.

  Cela serait-il des impacts d`armes � feu ? pensa-t-il.

  Tandis que le glas pouvait sonner d`un moment � l`autre, il prit cependant le risque de continuer sa marche en d間ainant son 閜閑.

  � Apportez la torche et suivez-moi.

  —Quel est donc cet effluve ? C`est infect ! � dit l`閠udiant.

  Derri鑢e lui, Octave se retenait de vomir.

  � H鈚ez-vous ! rugit le pilleur en quittant la salle � travers l`ouverture. Prot間ez-vous avec votre 閏harpe, pour peu que cela serve � quelque chose d閟ormais. �

  Erol connaissait cette odeur. Un frisson lui parcourut l`閏hine quand il p閚閠ra enfin dans la pi鑓e.

  � la lumi鑢e du flambeau artificiel que tenait son apprenti, il inspecta dans un premier temps le plafond afin de v閞ifier que ce dernier ne risquait pas de s`effondrer. Il posa ensuite son regard sur les diff閞ents murs. Autrefois recouverts de panneaux de m閠al, une couche de crasse et de moisissure noires tapissait maintenant la quasi-totalit� d`entre eux. Le sol, quant � lui, 閠ait violemment caboss� et jonch� d`une importante quantit� d`immondices. Il 閠ait cependant impossible d`en discerner davantage.

  Erol reprit en main le b鈚on lumineux, qui baissait en intensit�, apr鑣 avoir rengain� son 閜閑. Lorsque son regard se posa sur le plancher, il eut un haut-le-cSur. Des corps parsemaient le sol en b閠on. D閏hir閟 ou d閙embr閟, les cadavres dess閏h閟 avaient 閠� fig閟 par les 鈍es.

  Bravant son d間o鹴, il retourna ensuite plusieurs cadavres � l`aide de son talon. Puis, d`un rapide calcul, l`arch閛logue d閚ombra au moins plusieurs centaines de d閜ouilles mutil閑s. � en juger par leur apparence, il n`y avait que des femmes. La douleur se lisait sur les visages tordus de ces pauvres 鈓es.

  Toutes portaient le m阭e v阾ement: une combinaison recouvrant la presque totalit� du corps hormis la t阾e, les pieds et les mains. Sous la pression des doigts de l`aventurier, elles se craquel鑢ent. Malgr� les ravages du temps, Erol parvint � d閐uire que ces curieuses tenues 閠aient autrefois d`un magnifique blanc. S鹯ement tr鑣 confortables au temps jadis, leurs uniformes aux reflets argent閟 avaient d閟ormais la consistance d`une couche de pl鈚re.

  � Monsieur& cet ouvrage macabre& certains corps ont des traces de dents. Certains sont d閜ec閟, d`autres en parfait 閠at. Si j`ose dire. �

  Erol jugea la remarque d`Octave pertinente. Certains ossements poss閐aient bien des stigmates de morsures. C`閠ait in閐it. Sans valeur, mais in閐it.

  � Se seraient-ils entre-d関or閟 ? � demanda Erol en inspectant des os soigneusement nettoy閟.

  Son 閠udiant lui fit alors relever que certains coups de dents nettement visibles semblaient avoir cicatris�. Le myst鑢e s`閜aississait davantage et Erol sentait cro顃re en lui une d閟agr閍ble impression vis-�-vis des corps. Comme si ces derniers n`閠aient pas naturels.

  Lorsqu`il gratta du bout de son 閜閑 une opaque tache sombre sur le sol, sa t阾e fourmilla d`interrogations.

  � Voyez-vous ce sang ? �

  Ce que l`arch閛logue pensait 阾re de l`h閙oglobine s閏h閑 n`avait pas cette couleur brune si caract閞istique. M阭e avec le temps, il devait toujours rester un reflet rouge. L�, il 閠ait d`un noir d`encre avec une l間鑢e lueur azur閑.

  � Est-ce normal ? � l`interrogea na飗ement Octave d`une voix 閠ouff閑.

  Le pauvre tenait � deux mains son 閏harpe contre son nez. Chaque mouvement de la part de son mentor le faisait sursauter.

  � Non ce n`est pas du tout normal.

  —On& on dirait qu`ils sont morts hier. �

  Encore une fois, Octave avait vu juste. Les corps suintaient. De ce d閠ail 閠ait n閑 cette d閟agr閍ble impression. Ils 閠aient beaucoup trop frais pour des momies.

  Cela 閠ait-il d� � cet environnement souterrain confin� ?

  Apr鑣 s`阾re redress�, l`arch閛logue enjamba les cadavres et tenta de rejoindre l`autre c魌� de la pi鑓e o� se dessinait une nouvelle sortie. Cette seconde porte avait d� s`ouvrir en m阭e temps que la pr閏閐ente. Il ne l`avait pas remarqu� jusqu`� pr閟ent, mais de celle-ci provenait une lumi鑢e bleut閑.

  La travers閑 fut plus longue que pr関u. � de multiples reprises, ses 閚ormes bottes de cuir perc鑢ent plusieurs cages thoraciques ainsi qu`un nombre incalculable de cr鈔es de d閒untes au grand dam de son 閠udiant.

  Apr鑣 avoir profan� un vingti鑝e cadavre, Erol distingua parfaitement l`ouverture de l`autre c魌� de la salle. Voyant son 閘鑦e h閟iter � sillonner la mer de corps, il lui lan鏰 sa torche mourante. Ensuite, il l`invita � r閍liser un d閠our pr鑣 des murs pour 関iter de tr閎ucher sur un dangereux amas d`ossements.

  Une fois Octave arriv� aupr鑣 de lui, le jeune gar鏾n reprit la conversation apr鑣 avoir 閠eint le flambeau qui n`閠ait, de toute fa鏾n, plus n閏essaire.

  � Incroyable qu`il y ait encore un 閏lairage. Serait-il possible de trouver des batteries d`閚ergie plus loin dans la zone? � demanda Octave.

  Erol l`interrompit un instant et stoppa nette sa course au milieu du couloir qui se dessinait maintenant devant eux. Les deux hommes tendirent l`oreille. Sur leurs visages se lisait de nouveau l`inqui閠ude. Les souterrains leur avaient jusqu`ici caus� bien des surprises.

  L`arch閛logue sonda d`un bref regard la nouvelle pi鑓e. Un timide halo de lumi鑢e semblait provenir d`un autel central � la forme cylindrique. Tout de m閠al, celui-ci 閠ait entour� d`une dizaine de rang閑s de coffres de verre organis閑s sous forme de cercles concentriques.

  � On dirait un cimeti鑢e, s`inqui閠a Octave.

  —Comment ce truc peut-il encore fonctionner ? lan鏰 Erol, les yeux fix閟 sur l`origine de la lueur.

  —Je ne sais pas. Mais c`est bien la preuve qu`il y a du courant. �

  Les deux prisonniers du complexe travers鑢ent la pi鑓e jusqu`au cylindre de m閠al.

  Erol tendit alors le bras, voulant toucher cette curieuse lanterne depuis laquelle 閙anait une douce chaleur. Mais, au contact de la paume de l`arch閛logue, celle-ci ronronna et se tut soudainement. La salle fut alors plong閑 dans le noir.

  Surpris, tous deux firent quelques pas en arri鑢e. Dans les t閚鑒res derri鑢e eux r閟onna un fracas de verre bris� qui les fit sursauter.

  � Si des trucs sortent de ces tombes, je vais& � hurla Erol en brandissant sa lame qui faillit sectionner l`oreille de son acolyte.

  Mais la chambre retomba dans le silence et rien ne s`extirpa des boites.

  Remis du choc, l`arch閛logue alluma l`une des torches de leur r閟erve. Non sans quelques jurons sonores, il inspecta les coffres les plus proches. Ses pieds criss鑢ent tandis qu`il pi閠inait du verre bris�.

  Chacun des couvercles avait 閠� soulev� et jet� au sol, laissant appara顃re un int閞ieur blanc capitonn� tapiss� d`un fin 閏rin de poussi鑢e. Sous celui-ci reposaient d`imposants r閟eaux de c鈈les � la couleur jaune ternie qui se rejoignaient en une pi鑓e m閠allique similaire � un masque. Ceux-ci semblaient avoir 閠� abandonn閟 avec d閐ain une fois ce qui 閠ait log� � l`int閞ieur des coffres extraits.

  � Regardez Monsieur, cela ressemble bien � des cercueils, mais ils ont 閠� forc閟 �, chuchota le jeune gar鏾n, fier de sa d閐uction.

  En effet, le bloc de verre devant lui avait subi des dommages irr関ersibles. Sur le sarcophage adjacent, la vitre avait 閠� bris閑 sans que le couvercle e鹴 閠� enlev�. � l`int閞ieur, les c鈈les avaient 閠� f閞ocement sectionn閟.

  蓆ait-ce l� un acte sauvage ou bien un sauvetage? se demanda l`arch閛logue.

  Il parcourut ensuite les diff閞entes rang閑s de blocs rectangulaires. Les uns apr鑣 les autres, il en inspecta l`habitacle et l`ext閞ieur afin de d閏eler des traces de combat ou des indices que le temps n`avait pas camoufl閟 sous la poussi鑢e.

  Son analyse le guida finalement � un cercueil qui semblait s`阾re ouvert r閏emment. Les morceaux de verre du couvercle gisaient par-dessus l`閏rin de poussi鑢e. Apr鑣 des ann閑s de pression exerc閑s sur les joints en silicone, ces derniers avaient fini par exploser, projetant le rabat sur le c魌�. La coupure de courant leur avait 閠� fatale.

  D`ici provenait donc le bruit&

  Mais quand l`arch閛logue regarda finalement � l`int閞ieur, il en fit tomber son 閜閑 sur le sol.

  Au creux du tombeau de verre se tenait le corps d`une jeune femme. Sa peau 閠ait d`un blanc 閏latant, sans aucun d閒aut. De taille moyenne, elle abordait la combinaison blanche aux reflets d`argent. Elle n`avait souffert d`aucun dommage du temps et 閠ait parfaitement conserv閑.

  Sa t阾e reposait sur une longue chevelure brune et brillante. Les yeux clos, la jeune femme avait le visage � moiti� dissimul� par l`un des masques d`acier. Ce dernier recouvrait � la fois son nez et sa bouche et 閠ait reli� aux rebords du caveau par plusieurs de ces 閠ranges c鈈les jaune vif.

  Stup閒ait, l`arch閛logue de la Fondation s`approcha en tenant fermement ses lunettes pour que celles-ci restent bien fix閑s. La sueur d間oulinait sur ses joues, gouttant sur son 閏harpe.

  Mais alors qu`il s`appr阾ait � remonter pour aller pr関enir son acolyte de sa d閏ouverte, le cadavre de l`inconnue tressaillit.

  � C`est impossible! � s`exclama Erol avant de partir dans un flot continu de jurons qui attira l`attention de son disciple.

  Octave arriva finalement aux c魌閟 de son ma顃re et l鈉ha, lui aussi, un cri d`閠onnement en voyant le corps de la jeune femme. Avant que les deux hommes puissent r閍liser le moindre geste, l`inconnue fut prise de nouveaux soubresauts.

  � Elle est vivante, Octave ! Cette femme est vivante !

  —Viv& vivante ? b間aya le jeune 閠udiant, les yeux 閏arquill閟. Mais ce lieu est scell� depuis une 閠ernit�! �

  Erol n`y croyait pas. Son cSur battait la chamade. Ses mains tremblaient. Cette d閏ouverte valait bien tous les risques entrepris.

  � Mon gar鏾n. Notre fortune est faite ! �

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