CHAPUTRE 17 : EROL
� Tu es compl鑤ement insens閑 ! � hurla Erol.
Face au risque de se voir rattraper par des cavaliers, l`arch閛logue et Suzanne ne marqu鑢ent aucune pause. C`est � bride battue qu`ils traversaient d閟ormais la for阾.
Suzanne galopait en arri鑢e, gardant un Sil sur la technomancienne qu`Erol tenait dans ses bras.
� Et si l`arme s`閠ait enray閑 ? ench閞it Erol avant de la fusiller du regard. Ou pire ! Si les munitions t`avaient saut� au visage ! Ce n`est plus la qualit� d`autrefois. �
Mais avant que la jeune femme ne puisse r閜ondre, il s`aper鐄t qu`ils 閠aient d閟ormais poursuivis par autre chose que les gardes de Trisstiss. Derri鑢e eux courrait le loup aux yeux blancs.
� Il est avec elle ! � hurla Suzanne pour couvrir le bruit des sabots sur les dalles de b閠on.
Erol se demanda comment elle pouvait en 阾re s鹯e, mais pr閒閞a se concentrer sur la marche � suivre. Le chemin commen鏰it � transformer de nouveau en une route pav閑. C`閠ait une excellente nouvelle, car cela permettra de cacher les traces des chevaux.
Au premier embranchement, il prit la direction du sud l� o� la for阾 devenait plus profonde. Le sentier se changea rapidement en piste qui se perdit parmi les rochers. Au milieu de ces derniers 閙ergea une vieille b鈚isse en t鬺e qu`il d閟igna de l`index.
� Voil� plusieurs heures que nous galopons sans personne derri鑢e. Il est temps de faire une pause, grima鏰-t-il en se dirigeant vers la demeure abandonn閑. Nous allons finir par tuer nos destriers. �
Affaibli par la r閏ente course, il manqua de tomber de son cheval. La plaie de son 閜aule s`閠ait rouverte et saignait de nouveau abondamment.
� Es-tu s鹯 que nous ne devrions pas continuer ? � s`inqui閠a Suzanne.
L`arriv閑 du loup rendit nerveux les b阾es.
� � deux sur ma monture, si les gardes ou les Paladins avaient voulu nous rattraper, ils l`auraient fait, grogna Erol en reprenant sa respiration. Je crois que tu nous as tous surpris. �
Derri鑢e lui, la jeune femme acquies鏰. Il sentit son regard se poser sur son 閜aule.
� Ta blessure& avons-nous le temps de traiter la plaie avant de repartir ? �
Erol 閜ongea le sang du mieux qu`il put du revers de sa manche gauche. Apr鑣 avoir fouill� dans ses poches, il goba l`une deux pilules grises de Sileo. Elles endormirent subitement sa douleur. Ce n`閠ait pas le moment de s`関anouir.
Et puis il n`閠ait pas en pire 閠at que le technomancienne.
� Comment va-t-elle ? � demanda-t-il.
Suzanne prit le pouls de la jeune femme. Selon elle, il 閠ait faible, mais toujours pr閟ent. La technomancienne 閠ait cependant gel閑.
Avec l`aide de Suzanne, Erol la d閜osa ensuite sur un matelas crasseux � l`int閞ieur de la demeure abandonn閑.
� Et cet 閜isode, en plus de d関oiler notre route � l`Inquisition, nous co鹴e un nouveau fardeau.
— 蓆ais-je aussi un poids pour toi ? demanda Suzanne.
— Tu n`as pas id閑 ! � mugit-il en s`asseyant.
Il s`appuya maladroitement contre l`une des racines noueuses qui 閙ergeait du sol avant de s`asseoir dans l`herbe noire qui recouvrait l`ancien plancher aujourd`hui disparu. Avec un peu d`eau de sa gourde, il nettoya le visage de la technomancienne. Quand le filet d`eau toucha son front, elle battit doucement des paupi鑢es.
Ses joues 閠aient bouffies par les h閙atomes. Ses l鑦res avaient explos� sous les coups et son nez avait 閠� fractur� � maintes reprises, mais ne saignait pas. Il n`aurait su faire la diff閞ence entre ce qui 閠ait humain ou m閏anique. L`ensemble 閠ait n閍nmoins dans un sale 閠at.
Pauvre femme. Si elle n`est pas encore morte, cela ne devrait pas tarder.
Le loup avait pris place dans l`entr閑, face aux chevaux. La b阾e ne montrait pas de signe d`agressivit�.
Erol se passa alors le reste de l`eau sur son propre visage. Il 閠ait si sale que les gouttes qui perl鑢ent de son menton 閠aient aussi noires que l`herbe qui les accueillit.
� Ce n`est pas ce que je voulais dire �, dit-il enfin.
Suzanne demeura silencieuse, accoud閑 � l`une des fen阾res.
� Je suis d閟ol� �, reprit Erol tandis qu`un courant d`air souleva la poussi鑢e des herbes pour recouvrir d`un voile le corps de la technomancienne qui avait toujours les yeux clos.
� C`est ma faute, s`excusa Suzanne. Je nous ai mis en danger tous les deux avec cet acte irr閒l閏hi. J`ai 閠� 間o飐te.
— Oui. �
Erol s`閠ait difficilement relev� et se rejoignit la fen阾re. Le loup se rapprochait maintenant pour rallier sa ma顃resse.
� Mais c`閠ait la meilleure chose � faire, r閜liqua-t-elle dans un hoquet.
— C`閠ait m阭e la seule chose � faire. Je revois leur t阾e quand tu as fonc� dans le tas& jamais il n`aurait pu pr関oir un tel 閘an de folie �, conclut-il.
La fen阾re donnait sur un jardin envahi de mauvaises herbes. Le vent faisait timidement bouger une balan鏾ire qui grin鏰. Il y avait encore des v阾ements blanchis par le soleil sur la corde � linge.
� J`habitais ici autrefois �, lan鏰 soudainement une voix derri鑢e eux.
Celle-ci 閠ait des plus 閠ranges, comme m閏anique. Elle 閠ait hach閑 et ponctu閑 de gr閟illements. Personne n`aurait pu dire si c`閠ait celle d`un homme ou d`une femme.
Erol et Suzanne se retourn鑢ent alors vers la technomancienne qui se tenait assisse, le dos sur les flancs du loup. Les deux poss閐aient l`identique regard blanc lumineux.
� Mais j`ai d� partir vers le sud. Car personne ne va jamais vers le sud. Pas m阭e l`Inquisition. �
Aussi incroyable que cela puisse para顃re, le son provenait � la fois du loup et de la jeune femme. Erol 閠ait incapable de d閠erminer l`origine exacte.
� Comment vous sentez-vous ? � demanda alors Suzanne en s`approchant du cyborg.
Celle-ci ne semblait pas choqu閑 par un tel spectacle ce qui 閠onna Erol.
� Les Paladins vous ont laiss� de sacr閑s marques �, toussa ce dernier.
Les mots avaient du mal � sortir de sa gorge.
La technomancienne lui sourit. Maintenant plus pr鑣 d`elle, il put apercevoir que ce qui ressemblait aux traces de coups recouvrant son corps 閠ait en grande partie des tatouages. Des nuances de rouge, de bleu, de vert et d`or reproduisaient des sch閙as complexes similaires � des circuits 閘ectroniques. Ils se dessinaient sur la presque totalit� de sa peau. Ceux qu`elle poss閐ait sur les 閜aules, les avant-bras et les cuisses scintillaient d閟ormais. Au contraire, ceux de son bassin et de ses seins avaient 閠� ab頼閟 par des coups de lames et 閠aient plus ternes.
� Ce fut une 閜reuve aussi physique que mentale. Nous& je m`en remettrai rapidement, articula l`entit� partageant le corps de la jeune femme et celui du loup. Ce n`est pas la premi鑢e fois que je subis les outrages des hommes. �
Erol ne souhaitait cependant pas s`attarder. D`un moment � l`autre des Paladins pouvaient surgir du couvert des arbres. Mais il avait beaucoup de r閜onses � obtenir.
� Ils ont br鹟� Ma顃re Marian, car c`閠ait un technomancien av閞�. Qu`en est-il de vous ? �
Le cyborg parut d`abord surpris. Erol crut l`avoir offens� puis se rendit rapidement compte que son allusion � Marian en 閠ait la cause.
� Marian ? Vous le connaissiez ?
— Alors c`閠ait bien lui ? demanda Suzanne en se tournant vers Erol.
— C`閠ait le Fondateur en charge de l`Universit�. Et aussi mon mentor bien que le mot semble un peu fort. �
Il y eut un silence puis diff閞ents gr閟illements. Le loup, l`air triste, frotta sa t阾e contre l`閜aule de la jeune femme.
� Ils l`ont attrap� aux portes du bourg alors qu`il arrivait de Renaissance. J`閠ais venu l`accueillir.
— Vous 阾es donc une technomancienne, dit Erol. Savez-vous ce qu`ils esp閞aient de Marian ? Le Juge-Ex閏uteur semblait le vouloir vivant quand nous l`avons& crois� � Renaissance.
— La nonne blanche et ses Paladins ne traquaient pas de technomanciens outre mesure. Nous avons 閠� d閚onc閟. Nous sommes toujours d閚onc閟. �
Reinor ! Tr鑣 certainement, pensa Erol.
Le loup se dressa soudainement, les oreilles tourn閑s en direction de la porte. Il resta ainsi immobile quelques secondes. La voix m閠allique de la technomancienne et de son animal rompit le silence pesant qui s`閠ait install�.
� Ils arrivent.
— Des cavaliers ? s`inqui閠a Suzanne. Comment savez-vous 鏰 ? �
Erol aurait aim� poss閐er de tels pouvoirs � la place de son bras m閏anique.
� Eh bien, fichons le camp d`ici ! � dit-il en jetant un coup d`Sil � la fen阾re.
Suzanne aidait pendant ce temps le cyborg � se relever.
� Quel est votre nom ? � demanda Suzanne.
La voix de m閠al provenait cette fois-ci enti鑢ement de son interlocutrice :
� Byte. Je m`appelle Byte.
— Par le sud donc ? s`enquit Erol en passa la porte en direction des montures.
— Oui. Je vous guiderai � travers les tertres. Chez nous. �
Du haut de son destrier, l`arch閛logue convia Byte � grimper en selle. Celle-ci d閏lina l`invitation, pr閒閞ant chevaucher sur son compagnon.
� Comment 鏰 chez vous ?
— Faisons-lui confiance, Erol ! implora Suzanne.The story has been taken without consent; if you see it on Amazon, report the incident.
— Nous connaissons le chemin �, r閜ondit calmement la voix d`outre-monde de la technomancienne.
Guid閟 par Byte et son loup, Erol et Suzanne quitt鑢ent la for阾 pour une plaine tout aussi sombre. � Guider � n`閠ait cependant pas le terme que l`arch閛logue aurait choisi, car la technomancienne chevauchait les yeux clos. La b阾e dirigeait seule la marche.
Le cadavre de l`ancienne autoroute autrefois bien droite zigzaguait d閟ormais entre des collines. Morcel閑, la route ressemblait d閒initivement � la longue mue d閏ompos閑 d`un serpent.
Le groupe de cavaliers quitta peu apr鑣 la voie b閠onn閑 et suivi un sentier qui surplombait la vall閑 dans l`ombre de la montagne. Celui-ci plongea dangereusement ce qui les obligea � poursuivre � allure r閐uite pour le reste de la journ閑.
La pleine lune se dressa dans le ciel d閟ormais noir comme l`encre. Le fin voile de cendres ne cachait plus les 閠oiles ce soir-l�.
Le val abritait des milliers de monticules de terre baign閟 dans le brouillard. Ils faisaient � peu pr鑣 la taille d`une hutte et 閠aient constitu閟 de murs de pierre et d`un toit recouvert par la v間閠ation.
� Je n`閠ais jamais vu par ici. Il y en a v閞itablement des milliers ! s`exclama Erol.
— Ceux qui sont tomb閟 lors d`une grande bataille des temps jadis. Hommes et machines. Ensemble, r閜ondit Byte.
— C`est extr阭ement triste �, commenta Suzanne.
Voyant que leur interlocutrice 閠ait maintenant prompte au dialogue, Suzanne tr閜ignait. Erol comprenait son impatience, mais celle-ci fut rapidement refroidie quand Byte demanda de nouveau le calme.
Dissimul� par la v間閠ation, l`abri de la technomancienne se r閟umait � un tertre dont l`arch閛logue soup鏾nnait la jeune femme d`en avoir vid� ses occupants.
Le cyborg invita les deux voyageurs � laisser leurs chevaux derri鑢e la tombe voisine. Elle descendit ensuite de son loup. Tandis que l`animal grimpait en haut du monticule de terre pour y monter la garde, elle p閚閠ra chez elle en premier.
Aux yeux d`Erol, la cachette de la technomancienne 閠ait des plus incroyables. Partout reposaient des reliques d`un autre 鈍e, soigneusement align閑s sur des 閠ag鑢es en bois.
Il reconnut des tablettes tactiles, des terminaux d`ordinateurs, des armes � feu et m阭e un lourd blindage de dro飀e qui avait 閠� minutieusement d閜ec� par leur h魌e. La plupart semblaient cependant non fonctionnels.
� Ces tr閟ors sont une merveille incroyable ! � s`exclama-t-il en affichant un large sourire en direction de Suzanne.
Cette derni鑢e ne masquait pas non plus son 閠onnement. � peine � l`int閞ieur, elle 閠ait en train d`admirer un jardin hydroponique suspendu qui occupait le plafond.
� Bon bien s鹯 pour toi ce n`est qu`un ramassis de vieillerie& � poursuivit l`arch閛logue.
Mais contre toute attente, ce fut une nouvelle voix f閙inine qui lui r閜ondit en premier.
� Je suis sur ce point tout � fait d`accord avec vous ! �.
Un fant鬽e s`閠ait mat閞ialis� au centre de la pi鑓e. La peau rose, et les cheveux blancs coup閟 au carr�, la jeune femme se rapproch鑢ent d`Erol qui fr鬺a l`arr阾 cardiaque.
� Sinon, enchant閑 �, dit ce curieux interlocuteur.
Derri鑢e lui, il entendit Suzanne 閠ouffer un rire. Il se souvint qu`il ha飐sait les IA pour ce genre de farce. Il n`avait jamais r閑llement compris leur humour.
� Jinko, ce n`est pas le temps d`importuner nos visiteurs �, le r閜rimanda Byte d`une voix plus humaine.
C`閠ait comme si la voix m閠allique du cyborg venait de se dissocier.
L`hologramme de Jinko se volatilisa, mais ses caquetages incessants raisonnaient toujours dans le tertre :
� Mes capteurs m`indiquent que ton 閠at de sant� est plus que critique, mon amour.
— 莂 ira, r閜ondit Byte en enveloppant ses plaies du m阭e ruban adh閟if vert qu`Erol utilisait en exp閐ition. On regardera 鏰 plus tard. �
Pendant ce temps, la d閚omm閑 Jinko leur avait chacun apport� un th� � l`aide de paires de bras m閏aniques qui tombaient du plafond. Erol le refusa et l`IA le r閜rimanda :
� Buvez. Ce sera mieux que les pilules d`amph閠amines que vous ingurgitez � tout va. �
Penaud, Erol saisit alors la tasse.
� Comment savez-vous ?
— Mon pauvre ami. M阭e notre loup n`a pas autant de tics. �
Son hologramme apparu de nouveau � quelques centim鑤res de Suzanne. La jeune femme resta de marbre. Erol comprit que l`IA n`allait de toute 関idence pas tarder � compromettre l`identit� de ses h魌es. Elles 閠aient bien plus intelligentes et perspicaces que le commun des mortels. Mais celui-ci changea aussit魌 de sujet.
� Byte ? Je me dois de te signaler que ma pile nucl閍ire n`est qu`� 3 % depuis 6,31 mois. Outre nos serveurs, elle alimente aussi la ferme. C`est critique.
— Vous avez une batterie nucl閍ire encore en 閠at de marche ? s`閠onna Erol, satisfait que la conversation se d閠ourne de Suzanne.
— Pourquoi ? Monsieur l`arch閛logue compte nous le d閞ober ? le nargua Byte. Je pense que nous devrions plut魌 rapidement aborder le cas de Marian& �
Mais sa voix s`関anouit. Les pansements de la jeune femme se gorg鑢ent de sang et elle perdit soudainement l`閝uilibre. Erol fut moins prompt que les appendices bioniques de Jinko qui l`avaient d閖� saisi en vol.
� Je crois que mon 閜ouse a besoin de repos. Que diriez-vous de profiter de la ti閐eur de notre foyer pour vous d閠endre et manger � votre guise ? �
Il leur tendit des sachets de nourriture d閟hydrat閑 de son dernier bras valide. Erol en empoigna un et recula jusqu`� un fauteuil.
� Tout va bien ? s`inqui閠a Suzanne.
— Rien que je ne puisse r閜arer. �
Jusqu`ici fix閑s au mur, des 閠ag鑢es pivot鑢ent et Jinko emmena Byte dans une seconde pi鑓e.
� Est-ce qu`il a dit � ma femme � ? chuchota Erol.
— Gardons les yeux ouverts, je n`aime pas ce qui se trame ici. Je ne voulais pas te faire paniquer, mais de ce que m`annonce mon implant, l`IA vient de verrouiller la totalit� des sorties. �
L`arch閛logue inspecta de longues minutes la porte et l`unique hublot donnant vers l`ext閞ieur. Ils avaient bien 閠� tous deux barricad閟 et il avait 閠� impossible de les forcer malgr� plusieurs tentatives.
� Et elle m`a appel� � arch閛logue �. Je pense que nous sommes d閙asqu閟. �
Le couloir menant � la retraite de Byte avait aussi 閠� scell�. Ce fut quand il essaya de la forcer � l`aide de son 閜閑 que Jinko le surprit en se mat閞ialisant allong閑 sur le linteau.
� Monsieur Feuerhammer. Vous 阾es bien impoli. �
Erol jura et la porte s`ouvrit.
� Entrez, donc. Byte vous attend �.
Cette nouvelle pi鑓e 閠ait berc閑 par la lumi鑢e artificielle provenant des nombreux 閏rans d`ordinateur qui recouvraient les murs. Des consoles et des c鈈les 閠aient r閜andus sur le sol dans un enchev阾rement chaotique. Tout au fond, deux piscines faisaient miroiter leur reflet au plafond. Ils y trouv鑢ent Byte, flottant dans un liquide indigo translucide � la douce odeur.
� Qu`est-ce que& �
L`effluve inconnu lui chatouilla le nez et manqua de faire 閠ernuer l`arch閛logue.
� 莂 sent la fraise �, lui r閜ondit Suzanne.
Sur la t阾e de la jeune femme 閠ait viss閑 une couronne d`o� partait un ensemble de c鈈les et de tubes remontant � une imposante armoire 閘ectrique. La plus grosse qu`Erol n`a jamais rencontr閑. Elle prenait bien tout le fond de la pi鑓e.
� Qu`est-ce que c`est que 鏰 ? demanda Erol.
— Certains implants permettent de recevoir et de transmettre des informations gr鈉e au cyberespace, r閜ondit Suzanne. Ce syst鑝e, si je ne me trompe pas, offre l`opportunit� de parcourir plus facilement le monde num閞ique. Comme si nous 閠ions dans l`ordinateur, mais sans les modules n閏essaires.
— Exactement valida Jinko. Voyez 鏰 comme de la r閍lit� virtuelle, mais eu sein m阭e du r閟eau. Vous pouvez manipuler l`information et voyager avec elle. On ne navigue plus sur internet, mais dans internet. �
Le fluide indigo bouillonna comme parcouru par un courant 閘ectrique.
� Le bain permet de relaxer le corps et l`esprit. Il n`y avait pas de circuits � injections apaisantes sur les premiers mod鑜es. Le cyberespace peut 阾re tr鑣 閜rouvant avec cette m閠hode. Il est plus simple d`avoir un module intraneuronal sp閏ifique, mais on n`en trouve plus& � compl閠a Jinko.
Le cyborg 閙it un g閙issement et Erol sursauta. La p鈒e lueur bleut閑 qui 閙anait des 閏rans devint jaune puis beige. Sur le moniteur principal se dessinait une carte avec de trop nombreuses indications pour qu`Erol puisse les d閏rypter. Des chiffres, des lettres et des symboles dansaient et clignotaient. Cela lui rappelait le bureau de Marian, l� o� tous ses ennuis avaient commenc�.
Puis le visage d`un homme apparut. Son front et ses joues 閠aient recouverts d`implant et ses yeux violets n`avaient plus rien d`humain. Derri鑢e lui, Suzanne sursauta.
Le profil de l`IA s`effa鏰 pour laisser 閙erger les plans d`une immense forteresse. Il y figurait aussi le symbole de l`Inquisition. Suzanne avait raison. Les traits blancs du sch閙a se dessinaient � l`infini jusqu`� former un visage. C`閠ait celui de Marian. Puis apparut le sien.
Les 閏rans affich鑢ent ensuite le bureau principal d`un terminal et Byte jaillit du liquide � l`odeur de fraise.
� � quoi jouez-vous Byte ? demanda Erol.
— Je n`avais aucune raison de vous faire confiance, je v閞ifiai les informations que j`avais sur vous, leur confia la technomancienne.
— Nous vous avons sauv� la vie, intervint Suzanne.
— Marian m`a toujours dit de ne croire en personne. Lui aussi ne croyait en personne. Sauf en vous, Feuerhammer ! Et regardez o� cela l`a men�. �
De nouveaux bras m閏aniques de Jinko descendirent du plafond. Des doigts en caoutchouc se d閜li鑢ent et mass鑢ent les 閜aules de la jeune femme qui pr閒閞a tout simplement retirer les membres endoloris de son buste.
� Vous n`avez pas la moindre id閑 de ce que vous avez mis en mouvement. Vous avez pr閏ipit� des 関閚ements que nous avions pass� des ann閑s � pr閜arer. �
Le corps sans bras s`extirpa de la piscine.
� Que voulez-vous dire ? � demanda Erol.
Sans quitter des yeux Suzanne, Byte prit la direction des 閏rans d`ordinateur. Sur ces derniers se dessin鑢ent des lignes de codes et de calculs.
� Vous n`阾es d閏id閙ent pas tr鑣 malin, Feuerhammer.
— Cette jeune femme poss鑔e un implant neuronal. Un ajout neuronique avec une date d`activation pr閏閐ant la catastrophe �, poursuivit Jinko.
La date en question s`affichait maintenant sur le moniteur principal de la pi鑓e qui surplombait les deux piscines.
� Et immatricul閑, non commercialement, au m阭e complexe que le Josias �, continua Byte en se rapprochant de l`閏ran.
Les membres m閏aniques de Jinko venaient de lui apporter de nouveaux bras, 閝uip閟 de r閏entes proth鑣es qu`elle utilisa pour pianoter � la vitesse la lumi鑢e sur le clavier de son ordinateur.
� Cela signifie deux choses �, conclut Jinko avant que Byte ne la compl鑤e :
� La premi鑢e est d`ordre purement factuel : Maev et ses sbires peuvent vous suivre � la trace. Nous savons qu`elle a acc鑣 � la technologie pour le faire. Nous avons d閖� eu affaire � cette nonne aux yeux miroirs. �
Du bout de ses seize doigts, elle tapota sur la liste de chiffres.
� Impossible, mon r閟eau est coup� je ne capte plus rien, ajouta Suzanne en se massant la tempe.
— On vous isole. C`est un indice suppl閙entaire indiquant qu`ils sont sur votre piste. �
L`un des bras robotiques vint alors saisir le cr鈔e du Suzanne. Erol s`interposa, mais Jinko la rel鈉ha aussit魌.
� Qu`est-ce que vous faites ? hurla Erol.
— Ce n`est rien, le rassura Suzanne. Il vient de r間ler la situation. J`ai de nouveau acc鑣& acc鑣 � tout. �
Elle resta un moment immobile, l`esprit ailleurs.
� La seconde chose est plus sp閏ulative �, poursuivit Jinko tandis qu`Erol avait saisi la main de Suzanne.
La technomancienne reprit alors d`une voix des plus calme :
� Suzanne ? Erol ? Que savez-vous du complexe secret sous le Dammastock ?
— Moi je sais juste que je l`ai fait partir en fum閑, r閜ondit l`arch閛logue en se souvenant du gigantesque incendie.
— J`ai essay� il y a quelques jours d`avoir acc鑣 aux donn閑s du centre, mais il n`y a rien d`int閞essant sur lui sur le web, expliqua Suzanne. Rien sur les fus閑s Josias si c`est de cela dont vous voulez toutes les deux parler ?
— � juste titre �, reprit Byte
Jinko venait de lui rapporter l`閠range couronne de c鈈les.
� Suzanne ? Thomas S. Lionheardt vous dit quelque chose ?
— Que connaissez-vous sur Tom ? demanda Suzanne qui haussa le ton. Savez-vous o� il est ? �
Byte sourit.
� Ce que je sais ? Raconte-lui Jinko. �
La technomancienne retourna dans le bassin, ajustant manuellement la couronne sur sa t阾e.
� En es-tu s鹯 ? r閜ondit l`IA. Je d閠ecte des liens 閙otionnels assez puissants. �
Le silence s`installa. Pendant ce temps, la machine h閟itait toujours.
� Dis-lui �, r閜閠a Byte.
Leur h魌e actionna plusieurs leviers et une autre couronne tomba du plafond. La seconde piscine indigo 閙it des bulles et des dizaines de ventilateurs se mirent en marche.
Le visage rose de Jinko apparu alors sur les 閏rans d`ordinateur.
� Suzanne. Il y a mille ans, Thomas S. Lionheardt a 閠� le responsable de l`閞adication de douze milliards d`阾res humains. �