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CHAPITRE 16 : SUZANNE

L'Empire de Cendres Space Pickle 23603Words 2024-03-27 13:55

  Lucerne avait r閡ssi � muter en une Renaissance, souvenir d`une gloire pass閑. Le hameau de Trisstiss, quant � lui, 閠ait bien diff閞ent.

  Au temps des corporations devait s`y trouver un 閏hangeur d`autoroute reliant Lucerne � la suisse francophone. Aujourd`hui, les masures de b閠on broy� et d`acier rouill� s`agglutinaient contre les pans d`asphaltes effondr閟. Au cSur de la for阾 d`arbres secs, on aurait pu croire que la ville s`閠ait construite sur le corps d`un grand serpent vaincu, reposant sur le sol de cendre.

  Son guide 閜iait les abords de la cit� depuis maintenant une heure. Suzanne quant � elle, s`閠ait r閒ugi閑 dans l`habitacle d`une moissonneuse-batteuse abandonn閑 presque ensevelie. Assisse dans le fauteuil en m閠al, elle songeait � sa future rencontre avec Marian.

  Elle visionnait encore la vid閛 des archives de Sileo qu`elle avait pu enregistrer sur son implant. Elle fixa quelques minutes l`homme au costume jaune avant de la fermer de nouveau. Cela faisait plusieurs jours qu`elle n`avait plus ses visites. Ni celles de Tom. Toute tentative de connexion au cyberespace avait 閠� vaine depuis l`incident de l`Antre de Bacchus.

  � Tout va bien ? �

  Erol venait de passer sa t阾e � travers le pare-brise.

  � Oui. As-tu vu quelque chose ? r閜ondit Suzanne.

  — On touche au but. Approche �, la rassura-t-il avant de lui tendre la main.

  Elle ne lui faisait toujours pas totalement confiance, mais l`attitude d`Erol avait 閠� jusqu`ici irr閜rochable. La jeune femme sourit pour dissimuler son tracas, et il lui rendit aussit魌. Puis, tous deux quitt鑢ent discr鑤ement la lisi鑢e du bois pour rejoindre les premi鑢es maisons aux toits de t鬺es gondol閑s.

  Camoufl閟 par la p閚ombre et le brouillard, ils travers鑢ent un champ en friche et un p鈚urage depuis lequel un troupeau de vaches aux corps musculeux les suivait d`un regard vide. Ils ne virent personne aux encablures du hameau. Seul un chien aboya � leur passage avant de se r閟igner � cause de son 鈍e avanc�.

  Ce fut l`unique r閟istance qu`ils rencontr鑢ent avant de rejoindre la premi鑢e ferme. Les portes de la ville 閠aient ouvertes. Les gardes, s`il y en avait, s`閠aient absent閟.

  � l`abri d`un ch鈚eau d`eau, ils purent apercevoir les diff閞ents niveaux du maigre village. Au-del� des premi鑢es maisons se dressait une palissade d`acier et de fil barbel�. Derri鑢e elle, des habitations clairsemaient les pans de b閠on jusqu`� une terrasse sup閞ieure depuis lequel br鹟ait un immense b鹀her.

  De celui-ci semblait 閙aner un curieux effluve, qui compl閠ait celle des circuits carbonis閟 qu`Erol avait visiblement aussi remarqu閟. Elle n`arrivait cependant pas � mettre la main dessus.

  Un mouvement brusque fit sursauter Suzanne. Il provenait d`un corbeau s`envolant depuis une cage de fer surplombant la herse de m閠al qu`ils avaient rejoint.

  Erol l`arr阾a au moment o� elle se toucha le gibet. Quand la cha頽e le maintenant tourna, elle crut voir appara顃re un corps squelettique suivi d`une forte odeur de pourriture. Lorsqu`elle eut un hoquet, l`arch閛logue saisit l`une des torches qui br鹟aient pr鑣 de la porte et se rapprocha d`un bond.

  � Je connais ce type �, murmura Erol en faisant tourner la ge鬺e sur elle-m阭e.

  L`acier grin鏰. Le mort d関oila son visage 閙aci�. Ses yeux n`閠aient plus que deux trous b閍nts. Suzanne 閠ait certaine d`avoir vu quelque chose bouger � l`int閞ieur.

  � Marian ? b間aya celle-ci.

  — Non, la rassura son interlocuteur. Un vieil ami. N`est-ce pas Reinor ? �

  Inquiet que Marian ait pu subir le m阭e sort � son arriv閑, Suzanne invita Erol � poursuivre leur route.

  Selon lui, si le doyen 閠ait parvenu en Trisstiss, il avait de toute 関idence fait halte � l`auberge de la cit�. � d閒aut de le d閏ouvrir aux portes de cette derni鑢e, elle devait se trouver dans les hauteurs, l� o� rougeoyait toujours le b鹀her. Ils finirent par rejoindre ce dernier apr鑣 avoir zigzagu� � travers d`閠roites ruelles � l`odeur de purin.

  Entourant le foyer, une foule d`une centaine d`鈓es buvait les paroles inaudibles d`une femme drap閑 de blanc ayant pris position sur un 閏hafaudage de fortune.

  Passant inaper鐄e � travers la populace hypnotis閑 par le spectacle, Suzanne s`approcha afin d`entendre le sermon, mais se figea sur place, car c`閠ait une nonne. Elle portait la m阭e robe que celle qui accompagnait le Juge-Ex閏uteur lors du guet-apens de l`Universit�. � son cou pendait le symbole myst閞ieux en fer forg�. Mais elle ne poss閐ait pas les yeux en miroir que sa consSur de Renaissance.

  � contrecSur, la jeune femme d閏ida d`avancer un peu plus, mais Erol la reteint de sa main gant閑. Lui serrant le bras, il d閟igna du menton la pr阠heuse. Il avait d� aboutir aux m阭es conclusions qu`elle.

  Devant eux, la nonne continuait � haranguer les badauds et les gardes qui avaient abandonn� leurs postes. Elle gesticulait de mani鑢e � capter les regards. Chaque mot 閠ait pes� et ses id閑s accompagn閑s de silence pour que le plus simple d`esprit puisse assimiler chaque information.

  Tandis que de la foule s`閘anc鑢ent des clameurs, Suzanne, irr閙閐iablement intrigu閑, s`immis鏰 enfin jusqu`aux premiers rangs. Dans l`air flottait cette curieuse odeur. D閒initivement, un m閘ange de chair br鹟� et de m閠al chauff� � blanc. Se retournant, elle croisa le regard d`Erol qui 閠ait sur ses talons, la main sur le pommeau de son sabre. Il semblait inquiet.

  Derri鑢e l`harangueuse se tenaient deux soldats en armures int間rales semblables aux gardes de la cit�. C`閠aient de vieux mod鑜es europ閑ns bricol閟 et peints en blanc. Sur leurs tabards, le triangle cercl� de l`Inquisition, tel un Sil faisait peser une menace invisible sur les fid鑜es.

  Les deux combattants maintenaient � genou une femme aux yeux band閟 et recouverte d`une robe noire que la nonne pr閟enta � la foule comme une sorci鑢e.

  � Nous voil� dans un nouveau gu阷ier �, grogna Erol en surveillant du coin de l`Sil qu`aucune oreille ne tra頽ait parmi le public.

  L`arch閛logue 閠ait heureusement assez pr鑣 d`elle pour 閠ouffer son cri de sa main gant閑 lorsque son regard put enfin se poser sur le brasier. Car au centre des flammes se tenait une forme humaine, noircie par le feu. � genou, l`infortun� 閠ait recroquevill�, les poignets li閟 entre eux et les paumes ouvertes vers le ciel. Il avait pass� ses derniers instants � implorer.

  Suzanne d間lutit tandis qu`Erol 魌ait ses doigts de ses l鑦res. Elle 閠ait en train d`assister � une ex閏ution et cette oratrice qui haranguait les badauds en 閠ait l`instigatrice.

  Erol l鈉ha soudainement un juron qui fit tressaillir dans la foule, une femme au visage cribl閑 par une ancienne v閞ole. Derri鑢e sa cataracte, elle jugea son guide avant de se d閠ourner.

  � Je reconnais cette silhouette dans les flammes. Il ne faut pas tra頽er. Viens, maintenant ! � lui murmura Erol tandis qu`il lui agrippait de nouveau le bras droit.

  Quittant les lieux, Suzanne croisa le regard de quelques paysans qui semblaient tout aussi effray閟. Les fanatiques occupaient le premier rang, les indirectes victimes le dernier.

  Au cSur de la place, � l`閜icentre de la barbarie, la nonne avait repris son discours. Les cris d`approbation de la foule r閟onn鑢ent une nouvelle fois quand elle parla de magie et d`autres fantaisies.

  � Nous n`avons plus rien � faire ici. �

  Erol s`閠ait arr阾� net � l`abri des regards.

  � Que se passe-t-il ? demanda Suzanne qui sentait une boule de plomb se former dans son estomac.

  — Ils ont eu Marian. �

  T閠anis閑, Suzanne se figea sur place. Il fallut toute la volont� d`Erol pour la tirer hors du square.

  La taverne o� ils s`閠aient r閒ugi閟 閠ait toute non moins aust鑢e que le reste de la ville suspendue. De sobres tables de bois noir 閠aient dispos閑s � travers une pi鑓e au plafond si bas que Suzanne manqua de se cogner le front � plusieurs reprises sur les poutres apparentes. La solitaire d閏oration de l`institution r閟ultait en une 閠range affiche de propagande fran鏰ise qui semblait au moins aussi v閠uste que la cit�.

  Seule 鈓e qui vive dans l`閠ablissement, un vieil homme � l`improbable moustache en croc d閜oussi閞ait des verres f阬閟 derri鑢e un comptoir miteux.

  Erol, apr鑣 avoir ferm� la porte derri鑢e eux, interpr閠a alors le jeu du simple voyageur :

  � La nonne vous priverait-elle de votre client鑜e, humble ami ? � demanda-t-il au moment o� il prenait position au bar.

  Suzanne alla s`installer � ses c魌閟 o� elle 閏hangea un regard furtif avec le tenancier. Ce dernier finit par lui sourire, d関oilant une cicatrice au niveau de la glotte.

  � La nonne ? �

  Le sosie de Dali avait une voix tr鑣 caverneuse qui faisait contraste avec sa faible stature.

  � Elle a r閟erv� la plupart des chambres de cet 閠ablissement. Elle a 閠� envoy閑 ici il y a quelques jours sous ordre d`un Juge-Ex閏uteur �, poursuivit le tenancier en proposant d`un geste de leur servir un verre.

  L`閠au se resserrait une fois encore autour d`eux comme ce fut le cas avec Marian. Suzanne en 閠ait furieuse. La peur avait finalement laiss� place � un sentiment de haine contre l`Inquisition et tout ce qu`elle repr閟entait. Elle ressentait 間alement une cruelle d閏eption.

  Erol, quant � lui, continua de jouer les voyageurs curieux :

  � Sauriez-vous o� trouver des montures ? Ou un v閔icule peut-阾re ? Nos maudits canassons n`ont pas tenu le coup !

  — O� avez-vous achet� vos bestioles pour qu`elles cannent aussi vite ? demanda le barman.

  — Plus � l`ouest, r閜ondit Erol. Ces truands de Franciens nous ont refil� de la camelote. On ne peut pas faire confiance aux gens de la c魌e !

  — Ah ! C`est chaque fois la m阭e chose avec les mangeurs de grenouilles. Le plus simple reste cependant la diligence motoris閑. Il y a un excellent service � Montblazon. �

  Le tenancier continua sa palabre. Erol et Suzanne s`閏hang鑢ent des regards alors qu`il essuyait trois chopes de bois qui furent rapidement d`une propret� impeccable. Puis, de derri鑢e le comptoir il sortit un f鹴 de jus poussi閞eux et en versa trois parts 閝uitables.

  � Vous vous rendez � Renaissance ? J`ai entendu dire que 鏰 bougeait pas mal par l�-bas. L`inquisition � l`Universit� c`est du jamais vu ! Enfin, je ne suis pas 閠onn�. Regardez donc ce qu`ils font ici. Je les pensais bannis des terres de la Fondation. �

  Bien que Erol n`eut aucun mal � supporter le breuvage, la forte odeur rance qui 閙anait du liquide brun鈚re r関ulsa Suzanne. Son d間o鹴 passa cependant inaper鐄 tandis que l`attention des deux hommes fut port閑 � la nouvelle clameur qui s`閘evait dehors.

  � Cet homme sur le b鹀her& commen鏰 son compagnon.

  — Mauvaise histoire. Ils l`ont tortur� ici m阭e. J`ai pu jeter un coup d`Sil un soir que le bougre hurlait comme un goret. Je ne voulais pas que ces animaux tachent mes draps, vous comprenez ?Unauthorized usage: this narrative is on Amazon without the author`s consent. Report any sightings.

  — Pas vos priorit閟, mais continuez, le pressa Erol.

  — Ils lui ont retir� des esp鑓es d`implants l�. Comme les gens de Renaissance ont, ou ceux � la peau de caramel et aux yeux brid閟 qui viennent du sud. Un par un je vous dis, � la tenaille. Mais il y en avait trop& il en sortait de tout son corps.

  — Les sadiques& commenta Erol.

  — On lui aussi arrach� son collier avant de le jeter dans l`間out avec le reste !

  — Un collier ? demanda Suzanne.

  — Oui ce petit collier l�, lui r閜ondit le vieil homme. J`ai pu le r閏up閞er en me salissant un peu les mains. Il avait l`air d`y tenir grandement. Il s`est d閎attu comme un diable afin de le faire dispara顃re dans les canalisations, avec ses propres entrailles de fer ! J`ai suivi la cur閑 pendant toute sa dur閑. Les Paladins n`ont rien vu eux. �

  Il leur montra alors un petit pendentif m閠allique suspendu � une cha頽e en argent. Suzanne le compara � un minuscule disque dur portatif tr鑣 ab頼�. Elle remarqua qu`il int閞essa fortement Erol, mais le tenancier le remit dans son veston.

  � La nonne est timbr閑. Il vous faut cependant vous m閒ier des deux Paladins qui l`accompagnent. Ne les laisser pas s`approcher de la demoiselle � la teinte si blanche.

   — Nous t鈉herons de nous en souvenir �, le remercia Erol auquel le tavernier r閜ondit d`un hochement de t阾e.

  Apr鑣 cette confirmation, la d閏eption se lisait aussi sur son visage. Comme elle, il essayait de garder son calme.

  � Avant que nous partions, l`adoratrice des flammes a parl� d`une sorci鑢e. Que pouvez-vous nous dire l�-dessus ? Est-ce de coutume sur ces terres ? � demanda alors Suzanne.

  Erol n`avait pas eu le temps de la stopper, mais il la fusilla du regard bien qu`elle n`y porta pas attention.

  � Grand Ciel, non ! se d閒endit l`aubergiste en tentant de faire baisser le volume de la conversation. La situation est bien plus compliqu閑 dans son cas. Certains diront qu`elle l`a bien cherch�.

  — Est-elle d`ici ? demanda Erol � leur interlocuteur.

  — Elle ou il& on ne sait pas trop ce que c`est dans ce pantin d`acier � la forme de femme. Mais de Trisstiss, oui. Enfin, des terres � la fronti鑢e des dunes. Pr鑣 des tertres, balbutia-t-il. C`est de la sorcellerie pour ce que je suis au courant en tout cas. Pas besoin du Juge-Ex閏uteur pour savoir cela. L`homme aussi 閠ait un sorcier ! �

  Suzanne ne s`閠onna pas de voir les implants compar閟 � de la magie. D閖� � son 閜oque, certains 閠aient toujours allergiques � la technologie comme aujourd`hui l`Inquisition. Et ils ne provenaient pas forc閙ent de provinces recul閑s.

  Le tavernier en rangeant les chopes sale, ne s`attendait pas � trouver celle de Suzanne presque pleine. Il renversa une grande partie du jus sur le comptoir.

  � 莂 avait un comportement hautement d関iant, reprit-il. 莂 parlait tout seul, marchait nu dans les champs la nuit, apprivoiser des b阾es sauvages, ce genre de choses. Sorcellerie, vous dis-je.

  — Rien de cela n`est sorcellerie, lui r閠orqua am鑢ement Suzanne

  — Vous la verrez mieux demain matin, avec le second proc鑣 public. Ce n`est pas tous les jours que l`Inquisition attrape deux technomanciens en pleine campagne ! compl閠a le tavernier avant de prendre la direction de la pi鑓e arri鑢e. En attendant, ne bougez pas. Je vais chercher les cl閟 de vos chambres dans la r閟erve. Je suppose que vous 阾es aussi l� pour 鏰 ? �

  Aussit魌, Suzanne se tourna vers Erol, car celui-ci venait de frapper le comptoir de son poing d`acier.

  � Une technomancienne ! souffla-t-il � mi-voix. Ce n`est pas une co飊cidence qu`elle se trouve ici avec Marian.

  — Tu penses qu`ils avaient rendez-vous ? demanda Suzanne qui commen鏰it � comprendre la situation.

  — Forc閙ent !

  — Quel est le plan ? Par quels moyens pouvons-nous la ramener � Lucerne ? � s`enquit Suzanne alors que l`espoir ressuscitait en elle.

  Erol passa sa main dans ses propres cheveux, las. Il s`appr阾a � prendre de nouveau la parole pour lui r閜ondre quand la porte de la taverne s`ouvrit � la vol閑. L�, un ivrogne tituba, un rouleau de parchemin entre les doigts.

  � Corbeau de Renaissance ! La Fondation est tomb閑. L`Inquisition r鑗ne. Les Hautes Terres ne sont d閟ormais une dictature fasciste religieuse dirig閑 par la Sainte-ni-touche de Maev ! �

  L`homme fut aussit魌 chass� au retour du tenancier qui les invita � monter les marches jusqu`� leur chambre.

  � Je commence � 阾re � court d`options �, l鈉ha finalement Erol qui se remettait difficilement de la nouvelle.

  Suzanne n`osait pas aborder le sujet de Sileo. De toute fa鏾n, il 閠ait idiot de tirer des conclusions sans de plus amples informations. Elle esp閞ait juste qu`il ne partageait pas le m阭e sort que Marian ou de l`autre captive.

  Ils avaient pass� la nuit � gamberger. Marian d閏閐� et Renaissance tomb閑, les choses allaient au plus mal.

  � Diff閞ente option, reprit Erol pour la dixi鑝e fois depuis que le jour s`閠ait lev�.

  — Oui ? �

  Suzanne avait la t阾e embrum閑. Elle avait r閡ssi � dormir quelques heures dans le lit unique apr鑣 avoir essay� sans succ鑣 de se reconnecter au r閟eau � l`aide de son implant. Rien n`y faisait, le cyberespace et internet 閠aient silencieux. Erol lui, avait pass� une nuit blanche � r閒l閏hir et ses yeux 閠aient inject閟 de sang.

  � Le Dammastock. Toi et moi. On d閙阬e tout 鏰 nous-m阭e, sans Marian. �

  Son front 閠ait calqu� � la seule vitre de la pi鑓e, enveloppant de bu閑 la fen阾re.

  � Tu m`as dit que tout le complexe 閠ait parti en flamme. �

  Il se cogna plusieurs fois la t阾e et Suzanne du l`arr阾er. Il 閠ait � deux doigts de la folie. D`un geste brusque, il arracha l`embl鑝e de l`arbre creux de sa ceinture et le jeta dans les braises de la chemin閑. Suzanne le regarda faire, la main sur la nuque. Elle aussi 閠ait compl鑤ement d閟empar閑.

  On frappa brutalement � la porte. Le tenancier leur indiqua que leurs chevaux 閠aient pr阾s.

  Un peu plus tard, Erol s`absenta payer la note. La jeune femme attendait son retour, allong閑 sur le lit. Elle se for鏰it � manger l`un des fruits � la couleur douteuse que leur h魌e leur avait apport閑 au petit matin en guise de petit d閖euner. Elle aurait tu� pour un caf� ou n`importe quoi de sucr�. Ici tout 閠ait si fade.

  Un bol de c閞閍les ! Mon royaume pour un bol de c閞閍les !

  Cela faisait maintenant plusieurs nuits que ses r陃es n`閠aient plus aussi vivants. Certes des souvenirs remontaient toujours ce qui lui permit de remettre en ordre certains 関閚ements pass閟, mais l`homme au costume jaune ne venait d閒initivement plus. Il ne provenait pourtant pas du web. Ils avaient pu dialoguer alors qu`elle 閠ait hors ligne.

  � Mais alors o� puis-je trouver des informations ? Si le complexe a br鹟� que me reste-t-il ? toussa-t-elle tandis que la fen阾re entrouverte par les coups d`Erol laissait entrer la neige jaune.

  — Ceci ! � R閜ondit Erol en passant la porte.

  Elle sursauta. L`arch閛logue tenait dans sa main le petit m閐aillon argent� de Marian.

  � Le tenancier te l`a donn� ?

  — Contre les quelques pi鑓es qui me restaient. Je lui ai fait comprendre qu`il ne valait mieux pas que l`Inquisition le voit avec 鏰 ! Surtout apr鑣 la chute de Renaissance&c`est une maigre piste, mais sais-tu ce que c`est ?

  — Oui, c`est un disque de stockage de donn閑s. �

  Il fut d殓u d`avoir 閠� devanc� sur la question.

  � Si on ne d閚iche rien dessus, on pourra le revendre, dit-il afin d`阾re tout de m阭e fier de son larcin.

  — Bravo& � le f閘icita sarcastiquement la jeune femme.

  Erol fit la moue.

  � Sinon, comment allons-nous lire ce qu`il y a dessus ? O� pourrait-on trouver un autre terminal ? � demanda Suzanne en pensant � celui de Sileo.

  En descendant les escaliers, elle songea alors au cyborg. � ses c魌閟, Erol devait avoir capt� la lueur dans son regard, car il lui barra aussit魌 la route :

  � C`est hors de question.

  — Comme tu l`as mentionn� ! Ils ne courent plus les rues, s`閚erva Suzanne en for鏰nt le passage au-dehors.

  — C`est beaucoup trop dangereux ! �

  Apr鑣 avoir quitt� l`auberge, Erol talonnait maintenant Suzanne � travers la foule qui s`amassait d閖� sur la place centrale.

  � Et si elle devait rencontrer Marian ? Elle saura s鹯ement quelque chose !

  — On l`ignore ! C`est peut-阾re encore une co飊cidence ! �

  Erol avait hauss� le ton.

  � Elle ne portait pas de costume jaune � ce que je sache ! �

  Suzanne s`offusqua :

  � Vraiment, Erol ? C`est vraiment tout ce que tu trouves � dire. �

  Il balbutia avant de se confondre en excuses.

  � Si c`est un terminal que tu cherches, nous en d閏ouvrirons un autre. L`Inquisition n`a pas 閠endu son pouvoir sur toutes les Hautes-Terres !

  — Et elle ? Tu y as pens� ? poursuivit Suzanne qui ne comptait pas en rester l�.

  — Elle, quoi ? Nous sommes deux avec un unique pistolet. Tu veux te battre une nouvelle fois contre ces brutes apr鑣 ce qu`ils ont fait �.& � Octave et � mon fr鑢e ! �

  Il criait presque, suscitant les regards.

  Sur la place, la nonne avait repris sa plaidoirie de bon matin. Elle 閠ait entour閑 de ces deux gardes du corps maintenant une boite en fer. Houspillant la foule pour leur manque de foi, la none blanche pointa en direction de cette derni鑢e que l`un des hommes de main ouvrit � la vol閑.

  Tandis que les montants chut鑢ent sur le sol pav� dans un fracas presque enti鑢ement couvert par les hu閑s des locaux, la jeune femme apparut aux yeux de Suzanne.

  � Elle donne l`impression d`avoir 閠� roul閑 dessus& � maugr閍 Erol, suscitant de nouveau quelques regards auxquels il ne pr阾a nulle attention.

  La technomancienne faisait en effet peine � voir. Ses cheveux devaient autrefois 阾re teint閟 d`un vermeil 閏latant, mais 閠aient aujourd`hui, tout comme son corps, recouvert de terre et de sang brun. Elle portait des traces de coup et de torture. Son nez avait 閠� bris� plusieurs fois et certain de ses dents arrach閑s. Ses bourreaux la forc鑢ent � se relever, la d関oilant nue aux yeux de la foule.

  Soudain, un puissant crissement pulv閞isa les tympans de Suzanne comme si on lui avait enfonc� une 閜ingle � tricoter chauff閑 au fer rouge � travers le conduit auditif. Elle 閠ouffa un cri avant de porter les mains sur ses tempes quand sa vision devint noire. Un son de friture lui envahit les oreilles. C`閠ait le m阭e son que les radios au moment o� elles changeaient de fr閝uence.

  Le gr閟illement se traduisit visuellement et des taches blanches apparurent � intervalle r間ulier. Un beau loup sombre aux yeux de brumes parut et se dissipa tandis qu`elle retrouva la vue.

  Suzanne sentit finalement une main sur son 閜aule. C`閠ait la poigne d`Erol qui la secouait pour lui faire reprendre ses esprits. Elle ressentait le regard d`une dizaine de paires d`yeux sur elle.

  Erol cria. Le visage de son guide 閠ait presque coll� au sien. Il transpirait. Aucun son ne provenait de sa bouche.

  Puis enfin elle entendit des chants. C`閠aient des psaumes. Ils 閙anaient de partout. La voix de la nonne revint. Puis les paroles d`Erol retentirent. Tout 閠ait si lointain.

  � Suzanne ! Suzanne ! �

  Elle eut l`impression de plonger dans une eau glac閑 et les 閏hos se m閘ang鑢ent dans le capharna黰 de la r閍lit�.

  La nonne commen鏰it � 閚um閞er les chefs d`accusation apr鑣 avoir pr閟ent� la jeune femme. Elle 閠ait d閟ormais attach閑 � un poteau et suspendue dans le vide, la t阾e en bas et les yeux clos.

  � Peux-ton agir ? � demanda alors Suzanne qui avait encore la vision trouble apr鑣 cette rapide perte de connaissance.

   � cette question, l`閞udit fit plusieurs allers-retours entre la jeune femme et l`inculp閑.

  � Quoi ? Mais tu& c`est beaucoup trop risqu�. Nous avons trop � perdre, lan鏰 Erol la voix tremblotante. Repartons vers l`閏urie et quittons cette ville, droit vers l`ouest ! Nous pourrons nous d閎rouiller tout seuls � trouver un terminal !

  — N`as-tu pas au moins envie de leur faire payer pour Octave et ton fr鑢e ? �

  Face � la foule, la prisonni鑢e 閠ait mise au pilori et recevait d閟ormais injures et l間umes en d閏omposition sous les rires sonores des badauds. L`un des Paladins parcourait de sa lame les cicatrices de chirurgie de la jeune femme. Avec une pince m閠allique chauff閑 � blanc, il lui arracha des lambeaux de peau sanguinolents.

  � L`Inquisition est toute puissante et la populace veut du sang, se r閟igna l`arch閛logue. Seul le Ciel sait quand le Juge-Ex閏uteur ou Maev peuvent retrouver notre trace ! Ne tra頽ons pas l� o� la bataille est perdue ! Avance, maintenant. �

  Sous la pression d`Erol, ils parvinrent finalement � s`extirper de la foule en direction de l`閏urie.

  Retourn閑 par le sort que subissait la captive, Suzanne monta sur l`une des lanternes qui d閏oraient les rues. De son promontoire, elle put apercevoir la totalit� de l`閏hafaudage. Le silence r間nait d閟ormais tandis que l`un des Paladins 閏orchait petit � petit le cyborg. Les yeux toujours clos, ce dernier gardait le silence.

  � On ne sait m阭e pas si 鏰 souffre& �, dit Erol qui avait repris le terme de cet idiot de tenancier.

  S`en 閠ait trop ! Depuis la lanterne, Suzanne sauta � terre. Elle parvint � surprendre l`arch閛logue et � lui subtiliser son revolver avant de grimper � cheval.

  Puis, c`est � toute vitesse que sa monture fon鏰 en direction de l`閏hafaud, pi閠inant badauds et gardes. Son syst鑝e de guidage, toujours fonctionnel sans connexion, calcula le meilleur itin閞aire � sa demande.

  Derri鑢e elle, Erol ne pouvait que lui hurler de revenir.

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