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CHAPITRE 15 : EROL

L'Empire de Cendres Space Pickle 18114Words 2024-03-27 13:55

  Erol lui-m阭e n`閠ait pas s鹯 de ce qu`il avait vu quelques minutes plus t魌. La cr閍ture devait 阾re aussi massive qu`un ours avec de larges 閜aules et un dos rond aux poils h閞iss閟. Mais ses grandes pattes 閠aient semblables � celles d`un loup. Dans son esprit 閠aient ancr閟 ses immenses yeux aux couleurs des nuages.

  La b阾e 閠ait-elle aveugle ? se demanda l`arch閛logue avant qu`il juge鈚 bon de quitter l`abri dans une relative s閏urit�.

   Il ne l`avait pas entendu r鬱er pr鑣 de leur cachette, mais il y avait cependant une forte chance qu`elle soit encore dans les parages. Peut-阾re � l`aff鹴 des petits gnomes roses pour s`en repa顃re.

  Ils 閙erg鑢ent sous un firmament digne des Enfers. � l`est, les premiers rayons du soleil transper鏰ient des nuages de sang et d`or. Les incendies de Renaissance se refl閠aient dans le ciel brumeux au-dessus d`eux. On aurait dit des aurores bor閍les constitu閑s de lave. C`閠ait aussi beau que terrifiant.

  Tout autour se dessinait un paysage morne, comme si la for阾 avait souffert d`un gigantesque brasier ou qu`une nu閑 ardente l`avait d関ast閑 avant qu`elle ne soit fossilis閑. La terre 閠ait recouverte d`une poussi鑢e noire si fine que le moindre pas faisait virevolter ans les airs un nuage de cendres qui disparaissait avant m阭e de retomber au sol. Par endroits se dressaient de timides bosquets scl閞os閟 de ces arbres t閚閎reux et biscornus. D閚u閟 de tout feuillage et repli閟 sur eux m阭e. La s鑦e de leur racine indiquait qu`ils 閠aient toujours en vie. Du moins, celui qui leur avait apport� refuge l`閠ait. Aucun oiseau ne chantait. Erol n`entendait plus le bruit du vent. La temp阾e avait laiss� un oc閍n de vide et de silence.

  � Sans les arbres, on pourrait se croire sur la lune, � commenta Suzanne en ramassant � ses pieds la fine cendre avant de la faire couler entre ses doigts.

  Erol trouva la remarque de la jeune femme int閞essante.

  � Est-ce vrai ? Est-ce authentique que les hommes ont autrefois march� l�-haut ? �

  S`il devait imaginer la surface de l`astre solaire, Trisstiss 閠ait pour lui la meilleure repr閟entation qu`il avait en t阾e.

  � Oui. Des souvenirs que j`ai, il y avait des villes l�-haut. �

  Erol avait � maintes reprises observ� la lune. Il n`avait jamais vu de m間alopoles. N閍nmoins Suzanne devait certainement dire la v閞it�.

  Il remarqua que c`閠ait l� la premi鑢e fois qu`ils pouvaient effectivement dialoguer tous les deux et il se demanda ce qu`elle pouvait lui apprendre d`autre d`aussi d閘irant.

  La bu閑 qui sortait de sa bouche le ramena � la r閍lit�. Il grelottait. Le d閟ert noir de bon matin 閠ait une plaine gel閑 et il 閠ait torse nu, amoindri alors que le bourg 閠ait encore � quelques heures � pied.

  Suzanne avait pris la direction des restes du ballon 関entr�. L`enveloppe 閠ait compl鑤ement d閏hir閑 � cause de la temp阾e. Elle gisait dans les branches d`un arbre noir.

  Encastr閑 dans le pied de ce dernier reposait la nacelle en osier. Le panneau de commande 閠ait en pi鑓e et du conteneur en fer s`閏happait, en sifflant, un filet de gaz. Lorsque le propane lui chatouilla les narines, il s`arr阾a.

  � Aucune raison que 鏰 nous saute � la figure, si ? demanda Erol en d閏hirant un lambeau des restes du ballon pour s`en faire un foulard avant que Suzanne ne lui r閜onde apr鑣 avoir fait quelques pas en arri鑢e :

  — La veilleuse a l`air d`avoir 閠� arrach閑. 蓈itons juste de faire des 閠incelles. Il y a quelque chose � r閏up閞er � l`int閞ieur ? �

  La fouille du coffre qui se tenait auparavant sous le panneau de contr鬺e fut rapide. Le couvercle de fer grin鏰 d関oilant des affaires d`aviateur turc, une gourde vide et un couteau que l`arch閛logue proposa � Suzanne. Ils pouvaient d閟ormais se mettre en route vers l`ouest en direction du bourg portant le m阭e nom que le comt� : Trisstiss.

  Mais avant, Erol inspecta le sol � la recherche de traces du monstre. Il n`en trouva cependant aucune et commen鏰 � penser que ce dernier devait avoir 閠� le fruit de son imagination.

  Apr鑣 presque une heure de marche, ils rejoignirent un chemin qu`ils manqu鑢ent presque tant celui-ci s`effa鏰it dans le paysage. Erol put n閍nmoins apercevoir de vieilles empreintes de chevaux et des marques de roues en gomme entre les pav閟 d`asphalte apparents.

  � N`as-tu pas faim ? �

  Son propre ventre gargouillait depuis leur d閜art de Renaissance. Ils avaient eu le temps de ne prendre aucune ration, mais quelques pi鑓es se trouvaient au fond de sa poche. En nombre tr鑣 limit�. Comme la jeune femme lui fit constater, la suite du voyage s`annon鏰it difficile si Marian avait d閖� quitt� Trisstiss.

  � Tu sais chasser ? demanda-t-il alors.

  — Non. Et, nous mangions peu de viande � mon 閜oque.

  — Ah. Et aucune chance que tu nous ram鑞es ce lapin l�-bas. �

  Le rongeur sautait � quelques dizaines de m鑤res d`eux � l`ombre d`une dune de sable noir. Il n`avait que la peau sur les os. Erol d間aina son arme avant de la tendre � la jeune femme qui en avait fait des prouesses � l`Antre de Bacchus, mais celle-ci recula terrifi閑.

  � Quelque chose ne va pas ? � demanda Erol qui s`attendait � voir le monstre aux yeux blancs appara顃re dans son dos.

  � Je viens de me rappeler que j`ai tu� un homme avec 鏰. �

  Ses yeux se remplirent alors de larmes. L`adr閚aline qui lui avait permis de contenir ses 閙otions pendant leur 関asion et leur crash au milieu de Trisstiss s`閠ait finalement dissip閑 de son organisme. Erol la serra maladroitement dans ses bras puis la rassura :

  � Tu as tr鑣 bien agi, l�-bas. Nous n`avions pas d`autre choix.

  — Pourquoi est-ce que tout empire � chaque instant ? J`ai l`impression que c`est une spirale de barbarie sans fin. �

  Suzanne se retira de son 閠reinte avant de s閏her ses larmes. Erol la vit faire de son possible pour rassembler ses esprits puis ses l鑦res boug鑢ent, mais aucun son n`en sortit. Elle souhaitait lui dire quelque chose.

  � Ne restons pas sur la route, reprit-il. Continuons jusqu`� trouver un abri et ensuite je pense que nous devrions avoir une petite discussion. Mais pour l`instant, gardons nos forces. �

  Suzanne acquies鏰 et ils purent poursuivre leur marche vers l`ouest. Il fit de plus en plus chaud et le poids du blouson de cuir se faisait ressentir sur les 閜aules d`Erol.

  Ce fut totalement d閟hydrat閟 qu`ils arriv鑢ent finalement � un rocher inclin� � quarante-cinq degr閟 par-dessus la route. Celui-ci reposait sur un 閎oulement de roches et d`acier. L�, Erol proposa � sa partenaire de faire la pause tant attendue.

  Un 閏riteau de m閠al, cribl� d`impacts non identifiables, leur indiqua que le bourg de Trisstiss n`閠ait plus qu`� quelques encablures. Ils pourraient enfin trouver un peu de r閜it ainsi que de quoi boire et manger.

  Suzanne avait pris position en hauteur, sur le rebord du rocher. Les jambes se balan鏰nt dans le vide, elle scrutait l`horizon. D`un signe de main il lui fit comprendre qu`il allait la rejoindre et lorsqu`il grimpa sur le perchoir de la jeune femme � la peau de nacre, il le retrouva debout, les 閜aules basses.

  � Tu n`as pas envie de te mettre � l`abri du soleil quelques minutes ? �

  Elle fit non de la t阾e.

  � N`y a-t-il donc en ce monde rien d`autre que des territoires hostiles et des cit閟 en ruines ? � demanda-t-elle, une pointe de tristesse dans la voie.

  — Les rivages de l`ouest-est plut魌 accueillant en cette p閞iode de l`ann閑. C`est proche de l`oc閍n. Mais tu as l� ce que les Hautes-Terres peuvent offrir. �

  Suzanne continua :

  � Qu`allons-nous faire une fois avoir retrouv� Marian ?

  — Je pensais retourner � la capitale. Renaissance 閠ait le seul endroit s鹯 que je connaissais&

  — Et si la cit� est tomb閑 pendant la nuit ? Vue du ciel, la situation 閠ait des plus catastrophique. �

  C`閠ait le sc閚ario qu`il redoutait le plus. � quoi bon rejoindre le technomancien s`il devait vivre le reste de ses jours poursuivi comme un animal par l`Inquisition. Il ne serait jamais en s閏urit� dans les Hautes-Terres. M阭e � l`est, cach� dans les montagnes. M阭e au-del�, dans les plaines appartenant aux Slaves.

  Peut-阾re pouvait-il rallier le fleuve noir qui ondulait entre les Balkans. Mais pour atterrir o� ?

  Les questions continu鑢ent de fuser dans la t阾e d`Erol.

  Le nord peut-阾re ? Les Nordiques leur trancheraient la langue. Ils 閠aient encore plus haineux que l`Inquisition.The narrative has been taken without permission. Report any sightings.

   L`ouest 閠ait hors de port閑 pourtant les Colonies 閠aient une terre promise. Du moins jusqu`� la prochaine 閞uption.

  Au sud alors ? Shandalaar ou les cit閟 arabes libres. Le sud 閠ait une option. Celle de la derni鑢e chance cependant, car il fallait gravir les plus hautes montagnes d`Europe. Ou traverser la mer luminescente. Une mort assur閑.

  Suzanne attendait une r閜onse. Il le voyait � son petit mouvement de nez et � son froncement de sourcils. Elle toussa. La neige jaun鈚re s`閠ait remise � tomber. La temp阾e l`avait d閜lac� au-dessus de Trisstiss.

  De l`une des poches de son blouson il sortit un mouchoir tach� dont les bords d閏or閟 de dorures s`閙iett鑢ent au contact de l`air. Il lui fabriqua un foulard de fortune avant de lui tendre.

  � Marian saura quoi faire, mentit Erol en tentant de la rassurer. Les technomanciens ont toujours r閜onse � tout.

  — Tu sembles porter beaucoup d`espoir en lui. J`ai du mal � croire que personne d`autre ne puisse apporter des 閏laircissements sur ce qui a conduit notre monde � sa chute.

  — Mille ans nous s閜arent. C`est diablement long quand tout bascule de nouveau � l`鈍e de pierre.

  — Tu n`as pas trouv� d`informations pertinentes en fouillant dans ces dossiers ? � mon sujet ou celui du Dammastock ?

  — Il laissait peu de choses dans son bureau. Tout est dans sa t阾e malheureusement. D`ailleurs, des souvenirs te reviennent-ils ? �

  Il la vit h閟iter.

  � Tu 閠ais sur le point de me dire quelque chose tout � l`heure. �

  Elle lui r閜ondit enfin :

  � Des pens閑s me hantent. Des r陃es violents et d`autres plus agr閍bles. �

  L`int間ralit� des d閠ails de la vie pass閑 de Suzanne lui fut compt閑. Il fut question d`un Tom, de la Lionheardt Corporation et du Josias, un certain projet de fus閑s � l`閏helle plan閠aire dans le complexe souterrain sous le Dammastock. Tout cela fut cependant beaucoup d`informations � dig閞er.

  � Je me rappelle aussi dans les jardins& concernant le blason de l`Inquisition. Tu m`as dit que tu le reconnaissais �, lui demanda alors Erol qui essayait tant bien que mal de se faire un bilan dans sa t阾e.

  Il aurait aim� qu`Octave soit l� pour tout noter.

  � Oui. Je l`ai vu en r陃e. Le m阭e r陃e que celui o� j`avais une blessure au ventre. C`閠ait un symbole identique au logo pr閟ent sur les ordinateurs de Tom : un triangle cercl�.

  — 蓆range. Mais cela ne veut peut-阾re rien dire. Ils auraient pu trouver ce symbole quelque part. Dans un complexe par exemple.

  — Je croyais qu`ils&

  — Oh, ils y font leurs emplettes eux aussi. Une sacr閑 bande d`hypocrites si tu souhaites mon avis, plaisanta Erol en essuyant la sueur qui commen鏰it � couler sur son front. C`est d`ailleurs pour 鏰 qu`ils pourchassent mon cyborg de ma顃re.

  — Ils me traquent d閟ormais.

  — Oui. Le seul lien commun entre toi, Marian et moi 閠ant le Dammastock, je me demande& �

  Suzanne confirma ses craintes.

  � Tu penses qu`ils savent pour les esp鑓es de missiles ? �

  Si le monde n`avait pas 閠� soign�, le plan de ce Tom Lionheardt avait 閏hou�. Son projet, s`il avait vu le jour, devait toujours se trouver sous la montagne.

  � � d閒aut des informations de Marian& ou les miennes d閟ormais& � poursuivit Erol.

  Il maudit alors la nuit o� il s`閠ait infiltr� dans le bureau de son mentor.

  � Ils se sont rabattus sur toi. La none a vu clair dans ton jeu � l`instant o� elle a pos� les yeux sur toi. �

  Mais une autre question lui trotta dans la t阾e. Encore une fois, Suzanne 閠ait arriv閑 aux m阭es conclusions.

  � Focalis閟 sur le Dammastock comme ils sont, je suis convaincu qu`ils connaissent l`existence du projet orchestr� l�-bas. Ignorent-ils que ces fus閑s sont � but 閏ologique ?

  — Certainement.

  — Ce ne sont pas des armes& Tom n`a pas fabriqu� d`armes ! �

  Ce Tom qui apparaissait dans ses songes. Et pas seulement&

  � Ne t`a-t-il pas appel� � l`aide dans tes r陃es ? s`enquit Erol.

  — Des r陃es ? Je dirai plut魌 qu`il communique avec moi. Je suis persuad閑 qu`il est en vie. �

  Elle tapota sa tempe, � l`endroit o� se situait son implant.

  � Penses-tu que l`Inquisition ou quelqu`un d`autre aurait pu le trouver lui aussi dans un dispositif de cryog閚ie ? Qu`il est retenu quelque part ? Que c`est de cette fa鏾n qu`ils sont au courant... demanda Suzanne.

  — Possible, avoua Erol. Mais Marian connaissait 間alement l`existence du complexe sous le Dammastock. Et je doute qu`il ait kidnapp� un jour ton petit-ami&

  —Pourtant il n`y a rien sur ce sujet ni sur lui dans le cyberespace. L`information a d� fuiter d`ailleurs ou bien... � l`entendit-il murmurer.

  Erol accompagna du regard la jeune femme alors qu`elle se laissa tomber dans la poussi鑢e. Elle atterrit sans un bruit, pliant les genoux pour amortir le choc. Il y avait dans ce saut, une prestance f閘ine.

  � D`ailleurs en parlant de Marian& �

  Elle marqua une pause.

  � � quoi ressemble-t-il ?

  — Marian ? C`est aujourd`hui plus une machine qu`un humain. De ce que je sais c`閠ait un g閍nt avant que l`鈍e ne le& ne l`atrophie ? J`ignore si c`est le bon terme. En tout cas, il 閠ait connu pour 阾re un sacr� colosse � la peau d`閎鑞e.

  — Peau d`閎鑞e ? � r閜閠a Suzanne.

  Sa r閜onse semblait la surprendre.

  � Eh bien oui. Ce n`est pas la couleur d`閜iderme la plus courante ici, mais& enfin ce n`est pas le genre de d閠ail auquel nous faisons grandement attention. N`閠ait-ce pas le cas � votre 閜oque ?

  — Portait-il un costume jaune ? �

  C`閠ait une dr鬺e de question. Erol n`avait bien 関idemment jamais rencontr� Marian du temps o� il 閠ait encore constitu� � 100 % de chair et de sang, mais il ne l`avait jamais vu porter de costume. Et encore moins quelque chose de jaune.

  � Pourquoi toutes ces questions ?

  — Un grand homme � la peau noire et au trois-pi鑓es jaune me rend visite pendant mes& r陃es. J`ai l`impression qu`il n`appartient pas � mes souvenirs et s`installe comme une esp鑓e d`observateur. � l`instar de Thomas.

  — Un individu s`incruste dans votre esprit quand vous dormez ? demanda Erol qui sentait la une mauvaise plaisanterie typique d`un technomancien.

  � Tu penses que c`est lui ? Qu`il essaie de me contacter ? �

  Erol avoua finalement que tout 鏰 lui 閏happait totalement, mais qu`il y avait peu de chances que Marian et son visiteur soient la m阭e personne.

  � Mille ans de cryog閚ie laissent apr鑣 tout beaucoup plus de s閝uelles qu`on aura pu imaginer, r閜ondit-elle. J`ai l`impression d`阾re incompl鑤e& qu`il manque une partie de moi.

  — En tout cas, si tu ignores la cause de tout ceci, poursuivit-il en d閟ignant de la main le d閟ert noir. Tes contemporains t`ont emprisonn閑 dans un caisson bien avant.

  — Aucune id閑. Tr鑣 certainement. �

   Elle prit finalement la direction du chemin.

  Pourquoi ai-je le sentiment que tout ceci va tr鑣 mal se finir ? pensa Erol avant de la rejoindre et de se remettre en marche.

  Il s`閠ait d閒initivement mis dans de beaux draps le jour o� il avait d閏id� de fouiller dans les affaires du technomancien.

  Les arbres cadav閞iques se firent plus nombreux au gr� des heures, jusqu`� de nouveau former une for阾 des plus denses. La route, d閟ormais enti鑢ement pav閑, se fit plus sinueuse et plus caboss閑 avant de finalement rallier un chemin creux domin� par de sinistres figures bois閑s. L�, un curieux brouillard enveloppait les troncs.

  Un maigre vent soufflait enfin, il eut comme effet de faire danser les cimes sans feuilles qui surplombaient les deux voyageurs. Sur le sentier, les volutes s`emm阬aient formant des silhouettes humaines. Devant les yeux d`Erol virevoltaient des spectres blancs.

  Le soleil disparut soudainement sous les branches noires qui constituaient un d鬽e touffu. L`obscurit� tomba peu � peu tandis que r間nait un silence de mort dans cette cath閐rale v間閠ale.

  Mais, une ombre surplombait les deux 間ar閟. Elle suivait leurs d閜lacements depuis maintenant quelques minutes. La poussi鑢e 閠ouffait ses pas, et le bruit du vent sa respiration.

  Pourtant, l`instinct d`Erol d閖oua ses artifices et son regard se posa finalement sur l`animal. Par r閒lexe, il stoppa Suzanne et, sans quitter l`obscurit� des yeux, il murmura :

  � On ne bouge plus&

  — Qu`as-tu... commen鏰-t-elle avant d`apercevoir la cr閍ture. Ce loup est 閚orme ! �

  D`un pelage de nuit, le carnivore faisait face aux aventuriers, mais demeurait totalement immobile, assis.

  � C`est un loup 鏰 ? Je croyais que c`閠ait un ours. Il a cependant une curieuse fa鏾n de nous prendre en chasse �, compl閠a l`閞udit qui avait d閟ormais la main sur le fourreau de son 閜閑.

  Suzanne, qui avait saisi le revolver, lui fit remarquer son regard 閠range. Les yeux de la b阾e 閠aient d`un pan laiteux avec de subtiles nuances de gris. Ils brillaient dans la p閚ombre sans que la moindre source de lumi鑢e ne puisse s`y refl閠er. Pas une seule fois, le loup ne cligna des paupi鑢es.

  � C`est celui de tout � l`heure. Tiens ! Donne-moi 鏰 �, demanda Erol en 閏hangeant son 閜閑 pour son arme � feu. Suzanne posa sa main sur le bras de l`arch閛logue, lui interdisant calmement de viser la cr閍ture.

  Avant toute protestation de la part du pilleur de tombe, le chasseur solitaire commen鏰it � dispara顃re dans les t閚鑒res, happ� par le brouillard. Seuls ses yeux rest鑢ent fig閟 l`espace d`un instant avant de s`関anouir eux aussi.

  � Es-tu folle ? Cette bestiole va nous sauter dessus avant que nous n`atteignions le village ! s`emporta Erol en cherchant le monstre du regard.

  — Calmons-nous. Ce n`est pas un animal ordinaire. S`il l`avait voulu, il nous aurait pris par surprise au lieu d`appara顃re sur le chemin, r閜ondit Suzanne. Il est d`ailleurs d閖� reparti. �

  En effet, la b阾e semblait s`阾re vaporis閑 dans le brouillard. Plong閑 dans l`obscurit�, Erol tressaillit alors qu`un froid glacial commen鏰it s`emparer de lui.

  Quand les chemin閑s et les toits du hameau de Trisstiss se dessin鑢ent au sommet d`une petite colline dominant le sinistre bois, la nuit venait juste de tomber.

   � travers la brume, Erol put apercevoir quelques embryons de lumi鑢e trahissant de discr鑤es fen阾res. Toutefois, le centre du village 閠ait inond� d`une puissante lueur jaune orang� per鏰nt le brouillard. Une forte odeur de circuits 閘ectroniques br鹟閟 vint lui envahir les narines.

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