CHAPITRE 14 : SUZANNE
Baign閑 par le halo blanch鈚re de la lune, l`Universit� poss閐ait une aura cadav閞ique. Rougies par les pluies acides, les poutres de m閠al dessinaient une cage thoracique 関entr閑. Le b鈚iment de guerre ressemblait d閟ormais � une carcasse de c閠ac� comme on en trouvait parfois sur les plages, quand il en existait encore.
Erol s`extirpa enfin des souterrains et vint rejoindre Suzanne. Derri鑢e lui, par-dessus la cime des ch閠ifs saules pleureurs qui bordaient la rivi鑢e, elle pouvait apercevoir les flammes qui embrasaient Renaissance.
Elle eut confirmation de l`arch閛logue que l`attaque n`閠ait pas qu`une simple tentative d`enl鑦ement. Une bataille 閠ait en cours dans la cit�. L`Inquisition en 閠ait bien entendu la cause.
Octave 閠ait mort � quelques m鑤res de l`endroit ou Erol reprenait son souffle. Elle s`en souvenait. Dans l`herbe, il y avait encore cette tache brune.
Son compagnon 閠ait pass� sans s`arr阾er. Il stoppa sa marche quelques m鑤res plus loin pour fouiller dans ses poches une fois assis sur un banc. De ces derni鑢es il sortit de petites billes qu`il fit rouler dans sa bouche.
� Tu ne devrais pas ingurgiter 鏰 �, lui conseilla Suzanne dont l`interface visuelle clignota � la vue des drogues.
Erol cracha. Il y avait moins de sang que tout � l`heure.
� Tu penses que cette catin m`a transperc� les bronches ? Si c`est le cas, je suis vraiment dans le p閠rin �, reprit-il en retirant sa main tremblante de sa propre 閜aule.
Le sang avait coagul� entre son gant et sa chemise.
� Tu n`aurais jamais pu marcher jusqu`ici avec un poumon perfor�, le rassura Suzanne. Tu peux continuer ? �
Sa question sonna comme un ordre et l`arch閛logue le prit au pied de la lettre. Il se leva en pointant du doigt la sortie du Jardin des Curiosit閟. En face, la porte menant � la biblioth鑡ue et � sa verri鑢e 閠ait grande ouverte.
� J`ai cru entendre des chevaux par-del� le dortoir ? Ne devrions-nous pas tenter notre chance de ce c魌�-l� ? fit remarquer Suzanne.
— Comme tu l`as si bien not�& � commen鏰 Erol en boitant.
Elle voulut lui saisir le bras afin de le soutenir, mais il refusa. Il cracha de nouveau. Il n`y avait presque plus de sang cette fois-ci.
� J`ai d閚i� mourir dans ces maudits souterrains o� d`ailleurs, je jure solennellement de ne plus jamais mettre les pieds. �
Il prit la direction de la biblioth鑡ue. Le chemin 閠ait plus direct et plus rapide. Il n`閠ait plus utile de se cacher de l`Inquisition. Puis, une fois les lourds battants de ch阯e ouverts, il d閟igna une masse sombre qui surplombait les 閠ag鑢es. C`閠ait une immense montgolfi鑢e.
Le dirigeable 閠ait en piteux 閠at. Assemblage d閏ousu de tissu et de plastique, il 閠ait maintenu au sol par une amarre au moins aussi grosse qu`un homme. Diff閞ents c鈈les pendants de la verri鑢e conservaient l`enveloppe enduite de silicone dans les airs. Le moindre trou dans celle-ci rendrait leur projet d`escapade caduque.
Le plan d`Erol 閠ait donc de chevaucher les cieux dans un ballon � air chaud de mille ans, raccommod� par un savant fou. � cela s`ajoutait le fait qu`il 閠ait pour l`instant emprisonn� derri鑢e une verri鑢e dans le ventre d`une baleine d`acier aux os c閍ns. Suzanne jugea aussit魌 que c`閠ait une id閑 stupide :
� Et comment penses-tu la faire sortir d`ici ? Je ne vois aucune trappe sur cette toiture ? �
Avare de paroles, l`arch閛logue requit son revolver puis grimpa dans la nacelle. L�, il activa plusieurs leviers qui r閟ist鑢ent quelque peu. Fruit du hasard ou g閚ie de son guide, la flamme du module � gaz s`alluma et l`air chaud commen鏰 � gonfler l`enveloppe.
� Pourrais-tu d閠acher l`amarre ? Il devrait y avoir une hache pr鑣 de la poutre �, lui demanda-t-il finalement en inspectant maintenant les boucles d`acier qui retenaient le panier en osier au reste du ballon.
Erol n`en 閠ait pas � son premier coup d`essai. Suzanne l`imaginait d閖� enfant, s`immis鏰nt de nuit dans la biblioth鑡ue. Grimpant furtivement dans la nacelle, il devait y jouer le capitaine. Peux 阾re que Sileo 閠ait � ses c魌閟 � l`閜oque.
� Depuis combien de temps tu pr閜ares 鏰 ? � demanda-t-elle � l`enfant qui s`agitait d閟ormais pr鑣 du panneau de commande.
Mais celui 閠ait trop occup� pour lui r閜ondre.
Trois coups de hache plus tard, l`amarre 閠ait dor閚avant � moiti� sectionn閑. Le ballon avait presque atteint sa forme finale. Il faisait la taille d`un bus. Le patchwork qui le composait 閠ait affreusement laid. Par miracle, il n`y avait aucun trou.
� Grimpe dans la nacelle ! �
Erol laissa sa place � la jeune femme avant de s`閘oigner entre deux 閠ag鑢es. Du haut de l`閏helle en corde, Suzanne entendit le bruit sourd de l`arme et trois balles fus鑢ent en direction des plus gros panneaux de verre. Le panier se souleva alors du sol et l`arch閛logue parvint � rattraper le marchepied in extremis.
Totalement remplie d`air chaud, la montgolfi鑢e alla se cogner contre la fine structure m閠allique du toit. Celle-ci se tordit avant de c閐er. Suzanne saisit l`un des rebords de la nacelle, priant qu`aucun morceau de verre ne vienne d閏hirer le polyester.
� ses c魌閟, Erol actionnait les manettes du br鹟eur et la flamme vira du jaune au bleu puis devint compl鑤ement invisible. Le ballon s`閏lipsa � travers le toit de l`Universit�. Leur 関asion tenait du miracle.
Ils furent rapidement si haut dans le ciel qu`ils pouvaient apercevoir la cit� et suivre en direct l`関olution de la situation au sol. Les faubourgs avaient 閠� 閜argn閟 par les 閙eutes. Seuls br鹟aient les portes et bastions permettant d`acc閐er au centre de la ville. Ceux qui n`閠aient pas en proie aux flammes arboraient le drapeau blanc de l`ennemi. Les incendiaires 閠aient alors remont閟 jusqu`au D鬽e, mais 閠aient en ce moment stopp閟 par les cohortes de gardes.
Suzanne pouvait encore discerner les ombres des soldats, semblables � des fourmis. Bien en rang, ils battaient les rues alors que les 閙eutiers se dispersaient, leur lan鏰nt Molotov et pierres. Les gyrophares des drones brillaient dans la nuit et couvraient les hurlements de leurs sir鑞es stridentes. Au milieu, les habitants innocents fuyaient � travers les all閑s et tombaient dans des guets-apens. La r関olte tournait au lynchage. Ces sc鑞es lui en rappel鑢ent alors d`autres. D`une diff閞ente 閜oque.
Peu apr鑣, Suzanne reconnut l`Antre de Bacchus. Son cSur se sera. Le cabaret 閠ait en proie aux flammes.
� Il va s`en tirer. �
La voix d`Erol 閠ait � moiti� 閠einte. Il gisait d閟ormais sur l`autre flanc de la nacelle, le chapeau sur les genoux. Il transpirait et respirait difficilement.
� Laisse-moi voir �, lui ordonna Suzanne en remontant ses manches.
Elle prit position � ses c魌閟. L`arch閛logue c閐a. La chemise 閠ait brune et il s`en d間agea une curieuse odeur. Ce n`閠ait pas celle de la chair en train de pourrir. C`閠ait un autre parfum beaucoup moins organique. Comme de l`huile de moteur.
� Puis-je ? demanda-t-elle alors que ses doigts saisissaient le tissu d閏hir�.
— Dans l`閠at o� il est& � commenta Erol.
Il bomba le dos et s`avan鏰. Suzanne d閏hiqueta la chemise de l`arch閛logue et d関oila ses deux 閜aules. Celle de gauche 閠ait intacte, mais son omoplate droite 閠ait dans une condition 閜ouvantable. Couverte de sang s閏h�, elle oscillait par endroit entre le noir et le gris. Il y avait quelque chose d`閠range dans cet enchev阾rement de cicatrices plus anciennes que la plaie d閖� � moiti� coagul閑.
Suzanne l鈉ha un hoquet d`閠onnement. Le coup de poignard avait gliss� contre une couche de m閠al et de fibres tapissant la presque totalit� de la clavicule droite et la colonne vert閎rale de l`arch閛logue. L`implant continuait ensuite � travers le torse et le dos jusqu`� l`aisselle gauche. Apr鑣 inspection, il s`av閞a remplacer son membre. Le m阭e bras o� Erol portait perp閠uellement un gant.
� Pour une surprise ! commenta Suzanne qui comprit qu`autre chose qu`un pass� commun liait l`arch閛logue � Sileo.
— Et pour la plaie ? demanda Erol visiblement irrit� d`avoir finalement d� d関oiler le dessous des cartes.
— Il va falloir nettoyer. La lame a rip�, laissant une belle entaille qui s`ajoute aux autres cicatrices, lui r閜ondit Suzanne en se redressant. Impressionnant, mais totalement superficiel. Et aucune trace de poison ou d`infection. �
Le ballon fit une embard閑. Suzanne parvint � garder l`閝uilibre tandis qu`Erol fut balanc� contre le rebord de la nacelle.
� Elle ne s`attendait pas � 鏰, plaisanta-t-il.
— Le cyborg ? �The tale has been stolen; if detected on Amazon, report the violation.
Il acquies鏰.
� De quand date-t-il ? C`est d`une fieff閑 qualit�. Ceux que j`ai crois閟 au march� ou chez les clients de votre fr鑢e n`閠aient pas aussi& gros. Ni autant bien implant閟.
— Un maudit cadeau de la part des Fondateurs. Pour Sileo et moi, � l`閜oque o� nous avons commenc� � travailler pour eux.
— Ce n`est pas si mal& �
Erol sourit et fit glisser une pilule sur sa langue.
� Sauf que& si pr鑣 de la moelle 閜ini鑢e, la douleur ne s`arr阾e jamais& �
Il fallut plusieurs minutes pour stopper finalement les saignements et fabriquer un pansement � l`aide de lambeaux de chemise.
� Quelle est l`origine de l`animosit� entre la Fondation et l`Inquisition ? demanda alors Suzanne. Les autres& pays ? Ils ne font rien ?
— Il n`y a pas d`autres pays. � part au sud, en Shandalaar, mais la fronti鑢e est ferm閑. La Francie, comme Trisstiss ou les territoires de l`Est ne sont que des terres d閟ol閑s � la merci de chefs de guerre, seigneurs autoproclam閟 ou je ne sais quoi encore. �
— Et Carascinthe ? La cit閑 de l`Inquisition.
— Une arche. Un radeau flottant sur le lac L閙an.
— Une arche ? s`閠onna Suzanne.
— Un navire g閍nt o� se sont r閒ugi閟 pendant longtemps ceux qui avaient peur de la technologie et du mal qu`elle a engendr�.
— Sileo m`a parl� des guerres en effet.
— Oui, ces reclus ont pris de l`ampleur apr鑣 les premiers conflits. Les plus fanatis閟 ont form� un culte puis une religion devenue une v閞itable puissance politique. �
D閖�, la nuit se faisait de de plus en plus fra頲he. En altitude, ils avaient 閠� oblig閟 de se blottir l`un � l`autre pour ne pas geler.
� Une puissance politique qui a trouv� un ennemi naturel en la Fondation technophile, c`est bien 鏰 ?
— Oui. Mais ce n`est pas aussi simple qu`un combat entre l`obscurantisme et nos chers Fondateurs 閏lair閟. Renaissance est aujourd`hui le bastion d`une 閘ite d閏onnect閑. �
Erol se tut. Suzanne fit le parall鑜e avec les souvenirs qu`elle poss閐ait de son 閜oque.
� Tout le monde ne peut avoir acc鑣 � la technologie et ses bienfaits.
— Si, m阭e si les ressources s`閜uisent. Mais les Fondateurs pr閒鑢ent la garder pour eux. Au d閠riment de tout le reste. Cela leur conf閞ait un avantage ind閚iable jusqu`� pr閟ent. Voil� l`origine de l`animosit� entre l`Inquisition et la Fondation. �
L`arch閛logue semblait triste, mais son univers n`閠ait finalement pas si diff閞ent de l`an 2100. Il demeura silencieux un moment, la t阾e pos閑 sur son 閜aule.
� Les vents nous portent vers l`oc閍n �, lan鏰-t-il soudainement.
Suzanne commen鏰it presque � s`endormir avec les balancements de la nacelle. Elle d閏ida cependant de veiller jusqu`au matin.
� Malgr� les pilules, j`ai un mal de chien, pourrais-tu me dire ce que tu vois ? �
Erol s`閠ait r関eill� avec les premiers rayons de soleil. Sans plus attendre, Suzanne se leva malgr� ses jambes molles.
La r間ion � l`ouest de la capitale semblait subir un deuil 閠ernel, veuve attrist閑 d`un monde dont le temps n`avait su gu閞ir ses blessures. Un vent t閚閎reux battait la plaine, voilant les villages dont les toits se dessinaient de plus en plus distinctement au fur et � mesure que le ballon perdit de l`altitude.
Suzanne put discerner quelques maigres masures aux toitures noires. Coll閑s les unes aux autres, elles formaient un hameau aussi discret que lugubre. Celui-ci 閠ait 閠reint de champs mis閞ables dans lesquels rien ne semblait pousser.
� Trisstiss, soupira Erol. M阭e soumis aux premi鑢es lueurs du jour, cet endroit fait froid dans le dos. �
Plus au sud, Suzanne contemplait le Dammastock, la montagne de ses 閠ranges origines.
Pendant ce temps, Erol s`閠ait redress�. Titubant, il avait rejoint le panneau de commande. Sa manSuvre amor鏰 la descente du ballon, dont la toile mill閚aire semblait d閖� rong閑 par les rayons ultra-violets. En l`absence d`atmosph鑢e stable, m阭e un soleil voil� s`av閞ait dangereux.
� As-tu trouv� quelque chose chez Sileo ou bien fixes-tu cette montagne par m閘ancolie ? �
Suzanne sourit. Elle se voyait mal avouer � Erol les visites nocturnes de son amant et de l`homme au costume jaune. Elle ignorait aussi si elle en parlerait � ce Marian sans en savoir d`abord davantage. Une chose 閠ait s鹯e, sa route la conduira de nouveau au complexe souterrain du Dammastock.
� J`ignore ce que ton Marian peut faire pour moi. J`ai simplement peur d`阾re terriblement d殓u.
— Si je peux te dire un truc, c`est qu`on n`est jamais d閟appoint� avec ce vieux fou, r閜ondit-il. Maintenant, nous devrions nous faire discrets. Vois-tu ce bosquet un peu plus loin ? Nous allons nous y poser. �
Erol amor鏰 la descente en direction d`un petit bois en bordure de chauss閑. Les arbres 閠aient noirs et sans feuillage. Ratatin閟 et tordus jusqu`� leur base, il en 閙ergeait de profondes racines, puissamment ancr閑s, car devant lutter contre les vents violents qui balayaient la r間ion.
Ces m阭es bourrasques d関i鑢ent le ballon de sa route � plusieurs reprises. Par moment, la nacelle manqua de se renverser au-dessus des branches qui auraient agi comme un pi鑗e mortel. Face � la menace, Suzanne s`閠ait finalement jointe aux efforts d`Erol pour maintenir leur moyen de transport dans un 閝uilibre pr閏aire. Jusqu`ici, son implant temporal l`avait aid� de ses mille utilit閟.
Toutefois, � quelques m鑤res du sol, un souffle puissant souleva un nuage de poussi鑢e qui enveloppa les fuyards, les faisant dispara顃re l`espace d`un instant.
� Les vents nous emportent et ce sable va finir par nous arracher le nez ! hurla Suzanne en esp閞ant que sa voix parvint miraculeusement dans les oreilles d`Erol.
— Plaque-toi au sol et masque-toi les yeux ! � lui r閜ondit ce dernier en tentant une ultime manSuvre.
Erol s`approcha de Suzanne et lui couvrit le visage de son manteau avant de prot間er le sien de son chapeau.
Non sans briser quelques-unes des fragiles branches d`un arbre si mis閞able qu`on aurait pu croire qu`il d閜assait le mill閚aire, le dirigeable se posa finalement dans un grand fracas au centre d`une clairi鑢e.
Mais les vents ne laiss鑢ent gu鑢e de r閜it aux aventuriers du ciel. Soulevant de nouveau le ballon, ils firent red閏oller la nacelle sur pr鑣 d`une dizaine de m鑤res, l`encastrant dans un autre arbre qui se rompit sous le choc.
� Coupons ses cordes ! � cria Erol en d間ainant son arme fra頲hement aiguis閑, mais celle-ci lui 閏happa des doigts.
Les d間鈚s auraient pu 阾re tr鑣 importants si Suzanne n`avait pas saisi aussit魌 l`閜閑 pour sectionner les c鈈les � sa port閑. Imm閐iatement le panier bascula, les projetant au sol avec leur 閝uipement.
Apr鑣 avoir rassembl� leurs esprits, tous deux ramp鑢ent alors � t鈚ons vers l`abri le plus proche. Un autre vieil arbre, dont les racines avaient creus� une timide grotte � peine assez grande pour tous les deux, fut finalement leur salut.
� Une minute de plus et ces vents nous envoyaient directement dans les volcans des Colonies ! � cria Erol pour couvrir la temp阾e.
Une fois � l`int閞ieur, les vents redoubl鑢ent de violence. Ils furent � un moment si puissant que leur cachette de fortune manqua de se d閞aciner, ce qui fit trembler la totalit� du refuge.
Apeur�, un curieux animal sorti alors de sa tani鑢e, un trou de la taille d`une bouteille, creus� dans l`enchev阾rement de souches noueuses. Furtivement, il alla se planter entre les cuisses de la jeune femme qui laissa 閏happer une exclamation de surprise.
Erol, par r閒lexe, tira son 閜閑 dont le bout s`enfon鏰 droit dans l`閏orce de l`arbre. Le fil de la lame manqua de peu la joue de Suzanne qui r閏eptionna un l間er jet de s鑦e ros鈚re en plein visage.
� Un serpent ? � demanda finalement celle-ci en s`essuyant les pommettes tout en grima鏰nt.
Le liquide laissa une sensation de br鹟ure tr鑣 d閟agr閍ble.
Entre ses jambes, une petite boule rose ronronnait sans se soucier davantage de la temp阾e ni de ces visiteurs impromptus. La cr閍ture poss閐ait l`apparence d`un h閞isson auquel on aurait enlev� l`int間ralit� de ses piquants. � la place de son nez 閠ait fich閑 une trompe poilue et minuscule. L`animal ouvrit ses quatre yeux noirs semblables � des billes en verre, d関isageant Suzanne avant de se blottir en pelote � nouveau.
� Cela n`a rien d`un serpent ni d`un quelconque reptile ! plaisanta Erol en tentant de d間ager son 閜閑 malgr� l`閠roitesse des lieux. Mais tu as trouv� notre repas !
— Ne touche pas � un seul cheveu de cette pauvre bestiole, r閠orqua la jeune femme en caressant doucement la petite b阾e.
— On se calme. Il n`est pas comestible �, la rassura-t-il tandis qu`il retira finalement la pointe de sa lame de la racine.
Du pouce de sa main gant閑, il colmata la blessure depuis laquelle s`閏happaient quelques gouttes de s鑦e rose.
� Il se nourrit de ses arbres noirs. Leur 閏orce est pourtant v閚閚euse �, r閜ondit son guide de fortune en caressant l`animal qui plissa des yeux.
La sc鑞e pass閑, les deux rescap閟 de Renaissance se repos鑢ent en silence tandis que la temp阾e perdait en intensit�.
Apr鑣 une heure, l`incongru visiteur retourna dans sa tani鑢e de sa balourde d閙arche, r関eillant Suzanne qui sursauta.
� Bien dormi ? � demanda Erol qui nettoyait son gant d閟ormais t鈉h�.
Il pouvait se moquer ! Lui qui s`閠ait assoupi pendant presque tout le trajet en dirigeable, pensa Suzanne.
� Moins bien que la petite boule rose d`opossum �, r閜ondit-elle finalement.
Erol sourit puis inspecta l`ext閞ieur.
� Au fait, je ne t`ai jamais dit merci, l鈉ha Suzanne, g阯閑 alors que son interlocuteur s`閠ait d閖� presque immisc� au-dehors.
— Pour ?
— Le Dammastock. L`Universit�. Le cabaret. Pour l`incalculable nombre de fois o� tu m`as sauv� la vie. �
Il lui sourit de nouveau.
� Chez Sileo c`閠ait plut魌 l`inverse.
— On va d閏larer deux � un, alors. Je t`en dois encore une. �
Elle pria secr鑤ement que cela n`arrive cependant jamais.
� Rejoignons rapidement le bourg. C`est l� que Marian a 閠� aper鐄 par les drones-espions. �
Dehors, la temp阾e s`閠ait enfin calm閑.
Erol jeta un nouveau coup d`Sil � l`ext閞ieur, le bras m閏anique agripp� � une racine noire, il avait sa main valide sur la garde de son 閜閑. Suzanne le vit regarder dans toutes les directions. Il retenait son souffle, car ses 閜aules nues ne bougeaient plus.
Au bout du compte, il retourna dans l`abri, un doigt tremblant sur les l鑦res. Il y avait quelque chose dehors qui l`avait rempli d`effroi.