CHAPITRE 20 : SUZANNE
Un timide soleil apparaissait � peine au-del� des montagnes lorsque Suzanne mit finalement le nez dehors. Depuis maintenant deux heures, l`arch閛logue s`閠ait attel� � la r閜aration de son bras avec l`IA Jinko. Elle esp閞ait ne plus les entendre se disputer une fois � l`ext閞ieur.
La jeune femme trouva le cyborg, allong� dans l`herbe brune quelques m鑤res plus loin. La t阾e pos閑 sur un sac en toile, ses tatouages rougeoyaient au soleil.
� Avez-vous pu analyser le pendentif d`Erol ? � demanda Suzanne � la technomancienne presque assoupie sur son clavier tactile.
De sa peau 閙anait un voile de vapeur. Les circuits sur son corps devaient conduire un flux continu de chaleur. Cela pouvait expliquer pourquoi, malgr� la fra頲heur matinale, Byte n`閠ait pas frigorifi閑.
� Oui, fit-elle en se frottant les yeux. C`est, entre autres, bien le code du complexe. C`est un miracle que l`Inquisition n`ait pas mis la main dessus.
— Si c`est un autre groupe qui vous attendait � Trisstiss, il n`est pas 閠onnant que cela ne les int閞ess鈚 pas. �
Byte d閏onnecta le lecteur portable et referma son ordinateur. Elle tendit ensuite le pendentif de Marian � Suzanne.
� Tu n`as pas envie d`y retourner, n`est-ce pas ? dit-elle.
— J`ai peur de ce que je vais y trouver, avoua Suzanne.
— Lui non plus n`a aucune envie d`y retourner. �
Du menton elle d閟igna le tertre o� la querelle entre Jinko et Erol reprenait de plus belle.
� Quel pass� terrible partage-t-il avec l`Inquisition ? �
Suzanne en partageait une partie. Bien qu`elle n`ait c魌oy� Octave qu`un bref instant, sa mort si brutale l`avait profond閙ent boulevers閑. Voyant Suzanne perdue dans ses pens閑s, Byte n`insista pas.
L`homme au chapeau sortit alors du tumulus, le torse recouvert d`huile grise et de sang coagul�. Il pianotait dans le vide avec ses nouveaux doigts en fibres polym鑢es.
� Quelle 閠ait l`origine de ces chamailleries constantes ? demanda Byte.
— Dissonances d`ordre technique, r閜ondit Erol. Mais votre conjointe m`a finalement convaincu. Les fibres de Carbone-65 sont d閒initivement moins lourdes que l`alliage pr閏閐ent. �
Il remercia ensuite la technomancienne et, plus curieusement, Jinko.
� Cela ne nous 閠ait d`aucune utilit� de toute fa鏾n, r閍git Byte en d閟ignant un seau d`eau pour qu`Erol puisse se nettoyer.
— Le Juge est encore loin ? Quand partons-nous d閟amorcer ce maudit missile Suzanne et moi ?
— D鑣 que vous aurez rassembl� vos affaires, nous pourrons partir. Il serait intelligent de profiter davantage de la fra頲heur matinale.
— Vous venez donc avec nous ? dit Suzanne.
— Ils enverront de toute 関idence des hommes ici. Nous n`y sommes plus en s閏urit� �, soupira Byte.
Suzanne s`excusa. C`閠ait � cause de son implant que son h魌e 閠ait maintenant chass� de chez elle. Une nouvelle fois.
� Ce n`est rien. Il reste suffisamment d`閚ergie � Jinko pour se mettre � l`abri. �
Suzanne et Erol partag鑢ent leur 閠onnement. Mais quand ils finirent de rassembler leurs affaires pour rejoindre les chevaux, ils comprirent ce que Byte voulait dire. Dans un grondement sourd, le tertre se souleva de terre. Huit pattes d`acier semblables � celles d`une araign閑 grinc鑢ent en se d閜liant. L`abri de Byte 閠ait en train de se d閜lacer tout seul.
� Qu`est-ce que c`est que ce truc ? � s`閠ouffa Erol.
Suzanne 閠ait abasourdie bien qu`elle reconnut l� un prototype de Sentinelle titanesque. Ces monstres n`閠aient cependant jamais sortis des laboratoires de la Lionheardt.
� Nous nous rendons � Lucerne avec 鏰 ?
— Oui, parce que niveau discr閠ion ce n`est pas des plus optimal& � commenta Erol.
Byte 閠ait d閖� mont閑 sur son loup.
� Idiots ! pouffa-t-elle devant leur incr閐ulit�. Jinko va simplement se repositionner un peu plus loin dans la vall閑. Vous prenez les chevaux ! �
Jinko, le char d`assaut transform� en mobile home r閍lisa un fantasque salut militaire. Faisant rugir ses moteurs, il commen鏰 sa retraite plus profond閙ent dans le val.
Suzanne per鐄t une larme couler le long de la joue du cyborg. Mais, sans plus attendre, Byte leur ordonna de se mettre en route.
� Nous passerons par le sud. Si nous coupons directement � l`est nous foncerons droit vers nos poursuivants.
— Par les lacs d`acide ? demanda Erol. C`est quelque peu dangereux. �
Mais Byte lui fit comprendre que leurs choix 閠aient plut魌 limit閟.
Quelques heures plus tard, le sentier qui menait aux lacs mortels 閠ait en effet encore plus ardu que celui qui les avait conduits � la vall閑 des tertres. Il 閠ait parfois si 閠roit qu`Erol envisagea d`abandonner les chevaux afin de poursuivre � pied. Ce que Byte refusa � juste titre. Sans eux, ils seraient rattrap閟 en un rien de temps.
La technomancienne leur avait certifi� que plus aucune caravane ne suivait cette route si dangereuse depuis des ann閑s. D`ailleurs, des diligences fant鬽es jonchaient le bord du chemin d鑣 que celui-ci s`閘argissait. Charrettes et v閔icules � moteur modifi閟, tous rouillaient avec leur sinistre cargaison.
Suzanne n`avait cess� de contempler cette d閟olation qui n`en finissait pas. Ce monde mort ne pouvait pas 阾re le fruit de Thomas Lionheardt.
Tom d閠estait perdre du temps. Alors, je ne l`imagine pas une seconde d閠ruire tout ce qu`il a b鈚i ou aurait pu b鈚ir. Tout ceci n`a juste aucun sens.
Byte ralentit la marche de son destrier peu commun pour se placer � sa hauteur. Devant eux se dressait la carcasse d`un v閔icule aussi ancien que leur monde. Il avait 閠� cribl� de balles de tr鑣 gros calibre.
� Des bandits s関issaient ici il y a longtemps, leur confirma leur guide.
— Qu`est-il arriv� � ces bandits ? Ne risquons-nous pas d`en croiser ? � demanda Erol apr鑣 avoir inspect� le contenu de ce vieux poste de commandement mobile, maintenant encastr� dans la montagne.
� Emport閟 par les lacs, r閜ondit Byte dont le loup agile grimpait l`obstacle.
— Comment pouvez-vous en 阾re si s鹯e ?
— Nous les y avons pouss閟 nous-m阭e, sourit-elle en caressant sa monture canine. N`est-ce pas Jinko ? �
La b阾e 閙it un grognement, comme s`il riait.
� Je ne comprends rien � ces deux oiseaux �, lui murmura Erol apr鑣 s`阾re assur� que Byte soit pass閑 de l`autre c魌� du camion.
Suzanne haussa ses 閜aules. Byte et Jinko, une IA vraisemblablement d閏entralis閑, 閠aient en effet deux curieux personnages.
La jeune femme endura la fra頲heur matinale jusqu`� ce que le soleil atteigne son z閚ith. � la suite de cela, s`en 閠ait fini de la vall閑 et de ses tertres. D閟ormais, se dressaient devant eux deux pics rocheux encadrant un large passage.
Ces deux montagnes s`av閞鑢ent 阾re en fait deux immenses carcasses de robots reposant sur le r閏if. Soumis aux intemp閞ies, ils 閠aient en tr鑣 mauvais 閠at. � vrai dire, il 閠ait maintenant presque impossible de diff閞encier l`acier dont ils 閠aient constitu閟 � la roche granitique fondue qui les recouvrait partiellement.
Les g閍nts gardaient l`entr閑 d`un d閟ert rouge comme le sang. Il ne r間nait d閟ormais que des amas de pierres 閏orch閑s balay閑s par un vent chaud et naus閑ux.
Derri鑢e presque chaque rocher se cachait une chemin閑 de m閠al ou de b閠on, r間urgitant son poison dans l`atmosph鑢e. Comme l`annon鏰 Byte, ces terres 閠aient malades. Des 閙anations provenaient aussi directement du sol t閙oignant de l`ancienne activit� d`usines souterraines.
� En un mill閚aire, la contamination ne s`est pas dissip閑 ? questionna Suzanne.
— En partie. �
Byte fouilla ensuite dans le sac en toile qu`elle avait emport� et leur remit une paire de masques chacun. Il y en avait pour eux et pour leurs chevaux. Elle se contenta d`un petit module jaune qu`elle clipsa par-dessus son nez.
� Masque � gaz ? � demanda Suzanne apr鑣 avoir ajust� le sien.
Byte acquies鏰 en aidant Erol � r閏up閞er son chapeau.
L`avanc閑 se fit ensuite � un rythme saccad�. � plusieurs reprises l`exp閐ition avait d� rebrousser chemin � cause des nappes d`acide qui bougeaient sans cesse. En un instant, une mare de pr鑣 de dix m鑤res de large pouvait dispara顃re sous la poussi鑢e rouge ou appara顃re juste devant les cavaliers.
Dans les airs, de petits nuages sombres faisaient parfois pleuvoir des gouttes d`acide. L`un d`entre eux surprit soudainement Erol qui n`eut pas le temps de s`en 閘oigner. Plusieurs perles lui attaqu鑢ent son bras m閏anique, mais les polym鑢es ne souffrirent gu鑢e.
� Je ne peux plus respirer, toussa subitement Erol au d閠our d`un amas de sable que le vent avait fait d閏oller.
— N`enlevez pas le masque ! Tapotez le bec ! � lui hurla la technomancienne avant de lui porter assistance.
La m阭e rafale frappa de plein fouet Suzanne qui fut aveugl閑. Du gravier percuta violemment les monocles de verre, mena鏰nt de les briser.
Elle se prot間ea de ses mains, l鈉hant ainsi les r阯es de son cheval. Ce dernier, apeur� par une telle temp阾e se cabra faisant chuter la jeune femme dans un tourbillon ardent. Quand sa t阾e heurta le sol, elle eut le souffle coup�. Emport� par la rafale, son masque avait gliss� quelques m鑤res plus loin.This tale has been unlawfully obtained from Royal Road. If you discover it on Amazon, kindly report it.
Le ventre cribl� de sable et de poussi鑢e, son destrier se retourna et tomba � la renverse � quelques centim鑤res d`elle. Impuissant, Erol luttait d閟ormais pour contenir le sien.
Fermant les yeux et retenant sa respiration, Suzanne cherchait � t鈚ons son masque protecteur, en vain. Le sable lui mordit le visage et la douleur devint de plus en plus insupportable. Respirer au cSur de ce d閒erlement signerait son arr阾 de mort.
Au bout d`un instant, elle n`en put plus. Tandis que le vent retombait comme il 閠ait apparu, Suzanne prit une l間鑢e bouff閑 d`air juste avant que ses doigts n`agrippassent la sangle de cuir de son propre masque.
Ce fut comme recevoir un sabre en travers de l`Ssophage, un timonier chauff� au rouge plongeant vers les poumons. Son cri de douleur fut 閠ouff� par Erol qui s`閠ait pr閏ipit� sur elle pour lui clore la bouche. La plaquant au sol, il lui rev阾it le masque qu`il tenait dans sa main.
Lorsqu`elle ouvrit les yeux quelques secondes plus tard, elle vit le visage de l`arch閛logue. Il ne portait pas son masque protecteur et du sang commen鏰it � perler aux commissures de ses l鑦res.
Suzanne finit d`enfiler la protection de son guide. Byte tendit � l`arch閛logue celui de la jeune femme qui avait gliss� en bas de la dune. Apr鑣 avoir crach� un m閘ange ocre et visqueux de sang et de sable, Erol l`閜aula avec l`aide de la technomancienne.
� Tout va bien ? demanda le cyborg.
— Erol& tu& s`inqui閠a Suzanne.
— Juste quelques bouff閑s. Trois fois rien, mais 鏰 secoue les gencives& ton destrier en revanche& � r閜ondit l`arch閛logue en d閟ignant d`un signe de t阾e du cheval qui avait gliss� en bas de la dune.
L`animal 閠ait mort et d閖�, une mare d`acide commen鏰it � appara顃re pour l`emporter avec elle.
Ayant enfil� le masque que la jeune femme avait 閏happ�, Erol partit � la recherche de sa monture qui avait trouv� refuge derri鑢e des plaques de t鬺es rong閑s. Peu apr鑣, Byte remonta sur son loup que le blizzard ardent n`avait pas d閞ang�. Elle invita Suzanne � la rejoindre.
� Les lacs ne pardonnent pas, confia-t-elle.
— Quelque chose me dit que les mares ne sont pas le cadet de nos soucis, lan鏰 l`arch閛logue qui 閠ait maintenant revenu.
— Qu`est-ce qui se passe ? demanda Suzanne.
— Sur la cr阾e. Un groupe de huit cavaliers ! r閜ondit Byte maintenant que le loup les avait d閠ect閟.
— Qui sont ces hommes ? Des brigands ? �
Suzanne tentait d`apercevoir les cavaliers, mais ceux-ci 閠aient � contre-jour. Le soleil venait d`appara顃re par-del� les dunes. Elle eut cependant un terrible pressentiment.
� Le Juge-Ex閏uteur, trancha Suzanne.
— Quoi ? Comment ? Par o� est-il pass� ? s`emporta Erol avant de tirer son 閜閑 hors de son fourreau.
— Ce n`est juste pas la moiti� d`un sot, grommela Byte entre ses dents& et il est accompagn� de mercenaires arm閟 jusqu`aux dents.
— Pouvons-nous les contourner ? demanda Suzanne en se tournant vers Erol.
— Nous pr閏ipiter � travers les 閠endues d`acide ? Mourir ici serait plus rapide.
— Pouvons-nous forcer le passage ? insista-t-elle.
— Ils ont l`air d`avoir des fusils. Ils nous cribleraient de balles �, r閜ondit Byte en parcourant des yeux le creux de la vall閑 � la recherche d`un moyen de fuite.
Le cheval d`Erol se cabra. Il y avait du mouvement sur la colline. Suzanne fut la seule � avoir gard� les yeux riv閟 vers le groupe qui les mettait � pr閟ent en joue.
Le cou de la b阾e d`Erol fut transperc� par plusieurs projectiles et s`effondra au sol. L`arch閛logue sauta en arri鑢e. Aussit魌, il se mit � couvert derri鑢e sa monture. Ordonnant � Byte de l`imiter, il d間aina son arme.
� Occupez-les. Nous allons les prendre � revers ! lui demanda la technomancienne en d閜osant Suzanne aux c魌閟 d`Erol.
— � revers ? Avec quelle arme ? � s`enquit ce dernier.
Mais Byte et Jinko avaient d閖� fui.
� Tu prends le revolver, tu vises mieux que moi.
— Attends ! Il y a du mouvement ! �
Le groupe de leurs poursuivants s`閠ait scind� en deux. Une demi-douzaine d`entre eux s`閠ait d閜ort閑 vers la droite, dans la direction o� Byte avait fui. Les autres cavaliers se tenaient toujours en ligne aux c魌閟 du Juge. Ils rest鑢ent parfaitement immobiles jusqu`� ce que l`un d`entre eux 閙ergea de la butte avec un 閝uipement 閠range sur l`閜aule.
� Qu`est-ce que c`est que 鏰 ? � demanda alors Erol.
Les mains sur le front, il scruta la cr阾e. Suzanne l`imita. Malgr� le contre-jour, elle parvint � discerner un long tube m閠allique que l`homme avait du mal � manSuvrer. Son utilit� se r関閘a quand il en surgit un 閏ran de fum閑 suivi d`un bruit d`explosion.
Suzanne retint un juron et bouscula Erol � terre. La d閒lagration de la roquette la propulsa dans les airs et elle atterrit seule contre un rocher quelques m鑤res plus loin.
Lorsqu`elle ouvrit les yeux, la carcasse du cheval 閠ait fumante et Erol gisait sur la dune oppos閑. Tous deux avaient perdu leur masque.
� Erol ! � hurla-t-elle avant de se relever difficilement.
Mais des hennissements trahissaient d閖� la charge du second peloton. Le regard de Suzanne alterna entre Erol et la formation rocailleuse qui se tenait derri鑢e elle.
� Mais o� diable est donc pass閑 Byte ? �
Suzanne retrouva son masque et l`enfila aussit魌.
Plusieurs coups de feu r閟onn鑢ent et un cavalier fut jet� au sol. Erol venait de se relever et 閠ait visiblement pr阾 � en d閏oudre.
� Vers les rochers ! Va vers les r閏ifs ! �
Il hurla de plus belle quand deux attaquants fondirent vers lui. Ils portaient des armures noires, patchwork de gommes et de m閠al chrom�. De leurs bouches 閙anait un tube orange qui 閠ait reli� � une bouteille d`air comprim�, dissimul閑 dans leur dos.
� Je m`occupe d`eux ! Cours ! �
Erol ne rev阾ait plus sa protection de cuir et du sang commen鏰it � couler sur son menton.
Suzanne n`eut pas le temps de plus r閒l閏hir davantage. Un autre mercenaire chargeait droit sur elle. Derri鑢e lui, le Juge qu`elle avait crois� � Renaissance d間aina un b鈚on. Il hurlait des ordres � travers son masque qui ne couvrait que sa m鈉hoire.
Un nouveau coup de feu retentit. Quelque chose se mit � siffler et l`assaillant de Suzanne explosa. Erol avait du toucher sa r閟erve d`oxyg鑞e.
Le corps d閏hiquet� du mercenaire percuta Suzanne en pleine course alors qu`elle gravissait la dune qui la s閜arait d`un r閏if rocheux. Le torse glissa. De sa main s`閏happa un pistolet automatique qui s`enfon鏰 dans le sable fin.
Suzanne voulut r閏up閞er l`arme, mais le cheval de son assaillant manqua de l`閏raser. D閞apant sur le sable, il tomba � la renverse et elle roula avec lui de l`autre flanc de la butte. Tout comme la monture, elle percuta finalement un muret de pierres aux angles aigus.
Rassemblant ses esprits, elle parvint enfin � se mettre encore une fois debout. De sa position elle voyait de nouveau la cr阾e o� le reste des cavaliers 閠ait en prise avec Byte et Jinko. Le loup virevoltait entre les chevaux, semant la confusion. Byte, quant � elle, sautait de cible en cible, les frappant et les mordant comme une tigresse. C`閠ait d`une sauvagerie incroyable.
Suzanne trouva au bout du compte son masque. Mais les verres 閠aient bris閟. Il 閠ait d閟ormais inutilisable.
Plus aucun coup de feu ne r閟onnait dor閚avant de l`autre c魌� de la dune o� devait se situer Erol. Suzanne esp閞ait voir arriver l`arch閛logue, mais apparurent aussit魌 des mercenaires, fusils en main, et le Juge-Ex閏uteur.
Cible facile, elle ne put se mettre � couvert � temps. Une balle effleura son bras, d閏hirant la manche de sa veste. Elle entendit les autres ricocher derri鑢e les rochers. Malgr� le stress, elle retint tant bien que mal sa respiration.
Ils point鑢ent de nouveau leurs calibres en sa direction. C`閠ait termin�. Elle n`avait nulle part o� aller. Dos au mur, Suzanne fixait son peloton d`ex閏ution.
Mais il n`y eut aucun coup de feu. Les mercenaires baiss鑢ent leurs armes quand le Juge leva sa main droite.
� Puisqu`on ne peut faire confiance � ces armes du Diable, lui cria l`Inquisiteur. Je propose de revenir aux fondamentaux. �
Il descendit alors de son cheval, le b鈚on toujours entre les doigts. Il avan鏰 lentement d`une condescendance sans 間ale.
Un nouveau coup de feu r閟onna derri鑢e lui. Erol devait encore se battre. Ses ennemis se retourn鑢ent et elle en profita pour saisir une poign閑 de cailloux qu`elle dissimula dans son poing. Sous-ordre du Juge, les mercenaires disparurent et celui-ci descendit plus rapidement la dune jusqu`� arriver au bord de la mare fumante.
� 蕋es-vous � ce point l鈉he que je dois venir jusqu`� vous ? � demanda-t-il, toujours aussi s鹯 de lui.
Suzanne lan鏰 alors le contenu de sa paume droit dans l`閠ang corrosif, 閏laboussant d`acide son adversaire qui recula. Sans attendre, elle en profita pour sauter par-dessus le liquide caustique, prenant appui sur le muret qui avait failli la condamner � mort.
Contournant son ennemi, elle fon鏰 en direction du sommet, mais celui-ci lui avait saisi la jambe mi-chemin. Son visage accueilli les semelles de Suzanne � plusieurs reprises et ils d間ringol鑢ent le long de la butte, se fracassant le dos sur des roches saillant, tentant vainement de s`agripper mutuellement la gorge.
Leur chute s`arr阾a miraculeusement � quelques centim鑤res du rivage corrod� o� ils furent s閜ar閟. Le masque de fortune du Juge s`閠ait d閠ach� et gisait en hauteur. Ils 閠aient maintenant � 間alit�.
Pour Suzanne, reprendre sa respiration 閠ait une torture. L`acide la rongeait de l`int閞ieur. Elle sentait sa propre langue se fl閠rir et ses yeux s`embrouiller.
Bondir vers le Juge ou s`enfuir, le r閟ultat serait identique. Un d閏鑣 rapide contre une mort lente quelques semaines plus tard � la suite des effets des gaz. Le sc閚ario 閠ait le m阭e pour son assaillant.
� Pourquoi tant d`acharnements contre nous ? � demanda Suzanne dans un hoquet.
Le Juge paniqua et serra son b鈚on. Il avait choisi.
� J`ai 閠� disgraci� par la faute de Feuerhammer. La Sainte et moi-m阭e n`avons plus le m阭e objectif. Elle m`a charg� de vous retrouver, vous la jeune femme � l`implant, mais moi, je ne vous ramenai pas � elle, expliqua-t-il en s`魌ant un morceau de ses l鑦res qui se d閠achait d閖� � cause de l`acide.
— Pourquoi la Sainte s`int閞esse � moi ? s`閠onna Suzanne.
— La Sainte est une blasph閙atrice. Elle a compromis notre chapitre mill閚aire ! D`abord elle a fait arr阾er les Inquisiteurs puis la moiti� des Juges. Et ce fut ensuite l`arriv閑 des nonnes aux ajouts et enfin des recherches sur la technologie interdite. Seul ce d閙on aux deux visages et au regard perdu dans les 閠oiles sait pourquoi elle a besoin de vous ! �
D閙on ? 蓆oiles ? Faisait-il allusion � Thomas ? Non ! Impossible !
Il chargea � la fin de son monologue. Longeant les abords du lac qui lui dissolvaient la semelle de ses bottes, il fon鏰 vers la jeune femme qui l`attendait de pied ferme, une jambe en appuis. � un m鑤re de sa cible, il fit siffler son b鈚on, visant son cr鈔e.
Aid閑 par son implant, Suzanne esquiva son attaque puis lui porta aussit魌 un coup de poing au visage puis � la nuque.
Un cri lui 閏happa quand il lui agrippa finalement la gorge de la main gauche. Il 閠ait d閟ormais sur elle, en position de force. Ses genoux lui 閏rasaient les cotes.
Un violent choc sur la tempe la sonna. Le Juge avait d閘ib閞閙ent vis� son assistant digital et resserrait maintenant son 閠reinte. Levant son b鈚on, il voulut enfin lui donner le coup de gr鈉e.
Suzanne voyait trouble. Ses sens et son implant ne r閜ondaient plus. Elle finit par mettre son bras en opposition. L`arme lui arracha la main. Cette derni鑢e coula dans l`acide.
Malgr� l`emprise que son assaillant poss閐ait sur sa gorge, elle parvint � hurler. Un rictus d閏hira le visage du Juge. Ses dents n`閠aient plus que des moignons noircis. Ses joues se craquelaient par endroit. Il voulut la frapper 間alement, mais il l鈉ha myst閞ieusement son b鈚on.
Avec l`閚ergie du d閟espoir, Suzanne le cogna de sa main valide, encore et encore, jusqu`� ce que celui-ci recule puis s`effondre un peu plus loin.
Il n`avait pas r閍gi. Quelque chose l`avait stopp� dans sa rage meurtri鑢e. Sous ses traits meurtris, Suzanne lisait la terreur.
� Mais qui 阾es-vous donc ? �
Suzanne regarda son bras ab頼�. Tout 閠ait flou. Son sang scintillait au soleil. C`閠ait 閠range.
Il est bleu ?
Un hurlement la tira de son hypnose. Le Juge 閠ait allong� sur le sol � quelques m鑤res d`elle. Une flaque d`acide s`閠ait form閑 � quelques centim鑤res de son cou et les 閙anations gazeuses avaient fini par embraser sa barbe. Sa t阾e 閠ait en flamme.
L`Inquisiteur roulait et tournait dans le sable br鹟ant, pataugeait dans la boue d関orante qui se constituait.
Suzanne se releva puis, prise de piti�, elle le tira avec le peu de forces qui lui restait hors de la mare verd鈚re qui s`閠ait maintenant d関elopp閑. Les v阾ements et la peau de son bourreau lui demeur鑢ent coll閟 sur la paume.
Les hurlements de son adversaire recommenc鑢ent de plus belle et ce fut lorsque ses joues carbonis閑s c閐鑢ent, d閏hir閟 par les cris, que Suzanne perdit connaissance � cause du gaz toxique.