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CHAPITRE 3 : EROL

L'Empire de Cendres Space Pickle 21700Words 2024-03-27 13:53

  Sous le regard impuissant d`Erol, la jeune femme � la peau de nacre semblait souffrir atrocement. Les yeux mi-clos, elle tenta plusieurs fois d`atteindre sans succ鑣 son visage. Mais, affaibli par les 鈍es, aucun de ses muscles ne r閜ondait autrement qu`� travers de violents spasmes au niveau des 閜aules. Ses mains ricochaient contre les rebords du cercueil ou ses doigts s`emm阬aient dans ses longs cheveux. Du sang tachait d閟ormais sa combinaison jusqu`ici immacul閑.

  � Le masque ! 詔ons-lui le masque ! � lan鏰 Octave en saisissant la t阾e de la belle endormie.

  Plus vif, l`閘鑦e avait saisi l`閜閑 toujours au sol de son ma顃re et trancha net les c鈈les 閠ranges qui reliaient le masque � la cabine. Un flot de liquide blanc jaillit soudainement des parties sectionn閑s. Octave empoigna alors un � un les diff閞ents fils jaunes qui s`agitaient comme les tentacules d`un octopode d閏ha頽�. � l`aide de son 閏harpe, il commen鏰 � les boucher. Le torrent laiteux s`arr阾a enfin.

  Ainsi lib閞閑 de son entrave, la jeune femme roula sur le c魌�. Quelques secondes plus tard, elle vomit ce m阭e liquide blanch鈚re � l`int閞ieur de son caisson. Elle se perdit dans une quinte de toux avant que le silence ne revienne.

  Les deux pilleurs 閏hang鑢ent des regards stup閒aits tandis que seule la douloureuse respiration de leur trouvaille r閟onnait dans la pi鑓e. Erol tendit alors la main vers elle. Elle tremblait.

  Que suis-je cens� faire ? Si elle meurt, tout est perdu !

  Il n`avait encore jamais fait de d閏ouverte de cet acabit. Il voulut prendre son pouls, caresser sa peau aussi blanche que sa combinaison et s`assurer que tout ce qui venait de se passer n`閠ait pas une illusion. Le d閐ale de b閠ons et d`acier leur avait jusqu`� pr閟ent jou� bien des tours.

  Mais au moment o� il la toucha, celle-ci se retourna lentement vers lui, silencieuse. Son visage portait toujours les stigmates rosis du masque. Alors qu`il retira sa main, elle ouvrit les yeux. Ils 閠aient d`un bleu qu`il n`avait encore jamais vu.

  Apr鑣 avoir repris ses esprits, Erol l`invita � le rejoindre afin qu`elle puisse s`extraire de ce lugubre caisson de verre. Esquissant un sourire, la belle inconnue ferma de nouveau les yeux et tomba dans ses bras. Erol b間aya quelque chose qui ressemblait � une question. Derri鑢e lui, Octave 閠ait fig� telle une statue.

  Plusieurs minutes 閠aient 閏oul閑s et Erol 閠ait rest� aux c魌閟 de la jeune femme jusqu`� ce que son estomac crie famine. Malheureusement, apr鑣 v閞ification, leurs stocks de nourriture 閠aient � un niveau alarmant. Reinor avait 閠� suppos閙ent enseveli avec la moiti� des r閟erves.

  En face de lui, appuy� contre un autre cercueil de verre, se tenait maintenant Octave. Les yeux dans son carnet de notes, il relatait les r閏ents 関閚ements. La plume d`argent ne rel鈉hait jamais sa pression sur le papier. � plusieurs reprises, le fin parchemin faillit se d閏hirer sous la fougue du jeune gar鏾n aux cheveux roux. C`閠ait une manie que l`arch閛logue d閠estait.

  � Tu sais que tu auras tout le temps d`閏rire � notre retour � Renaissance. Tu devrais te reposer. �

  Il remarqua que c`閠ait la premi鑢e fois qu`il tutoyait son disciple.

  � M阭e si je perds la vue � r閐iger dans l`obscurit�, je me dois de relater notre d閏ouverte dans les moindres d閠ails.

  — Vous& tu es s鹯 que tu veuilles faire mention de la fille dans un rapport ? Peut-阾re devrions-nous en parler � Marian d`abord.

  — De la fille. Des cadavres badigeonn閟 de je-ne-sais-pas-trop-quoi& de la pile � combustible dans le transformateur et de toutes les autres choses que j`ai pu extraire des terminaux encore fonctionnels !

  — Il y avait quoi d`int閞essant dans les terminaux ?

  — Rien de concluant. Juste cette histoire de transcendance&

  — Qu`est-ce que c`est que 鏰 la transidance ?

  — Transcendance, le reprit Octave, comme � son habitude. Transf閞er une conscience dans une machine. J`ai trouv� un fichier qui parlait de 鏰. �

  Erol pouffa.

  � Foutaises !

  — Peu importe ! Je pr閒鑢e que tout 鏰 soit relat�. Et surtout concernant la fille. En tout cas, avant que vous la vendiez � un quelconque technomancien pour qu`il puisse la d閜ecer.

  — Tant que 鏰 rapporte �, l鈉ha nonchalamment Erol en tapotant le front de la jeune femme.

  Tant d`ann閑s pass閑s � ramasser les babioles centenaires l`avaient rendu amer et v閚al. Cela 閚erva une fois de plus Octave.

  � Nous sommes les premiers � n`avoir jamais d閚ich� un 阾re datant de l`origine du monde ! C`est scientifiquement inestimable et je n`ai pas l`impression que vous vous en rendiez compte.

  — Origine du monde ? Ils vous apprennent quoi � l`Universit� ? � se moqua Erol.

  Mais Octave ignora sa remarque et poursuivit :

  � D`ailleurs, comment peut-elle encore dormir apr鑣 tout ce temps ? C`est insens� !

  — Nous n`avons aucune certitude la concernant, � objecta Erol qui avait toujours en m閙oire les cadavres trop bien conserv閟 de la pi鑓e pr閏閐ente.

  Son 閘鑦e s`閠ait lev�. Apr鑣 avoir rang� ses affaires, il avait pris la direction du coffre de verre. Sous le regard interrogateur d`Erol, il fouilla rapidement � l`int閞ieur pour en ressortir les curieux c鈈les. Alors qu`il pressa doucement l`un des tuyaux caoutchouteux dans sa main, un jet de fluide se r閜andit sur ses chaussures, � quelques centim鑤res de la position de l`arch閛logue.

  � Que comptes-tu faire avec 鏰 ?

  — Il y a fort � parier que ceci soit de la nourriture ! Et que cela l`ait m阭e aid� � subsister aussi longtemps. C`閠ait tout anticip� ! �

  Erol, d閟ormais debout, lui 魌a le tube des mains.

  � Elle n`avait rien pr関u du tout, � dit-il en les remettant gauchement en place.

  Un courant d`air fit tressaillir le pilleur de tombes. L`鈖re odeur des cadavres s`immis鏰 dans ses narines ce qui lui coupa l`app閠it pourtant attis� par le liquide salvateur du syst鑝e de survie.

  � Par chance o� je ne sais trop quoi, ses cong閚鑢es ont 閠� r関eill閟 plus t魌 pour une raison inconnue. Cela a permis au dispositif de garder suffisamment d`閚ergie pour conserver cette& demoiselle, pendant tout ce temps. Pendant que la plan鑤e grillait � la surface, � conclut Erol en r閍justant le col de son manteau de cuir.

  Puis il se d閠ourna du coffre pour s`閏arter de son acolyte. Des courbatures lui cisaillaient les jambes.

  � O� allez-vous ?

   — Dehors, r閜ondit Erol. Il n`est pas question d`ajouter trois nouveaux cadavres au charnier. �

  Mais, avant de prendre la direction de la sortie, une bo顃e m閠allique manqua de le faire tr閎ucher. Lorsque sa botte heurta le caisson, celui-ci s`ouvrit � la vol閑. Son geste malheureux dispersa dans la p閚ombre, une dizaine de breloques transparentes cercl閑s d`un m閠al dor�. Elles n`閠aient pas plus grosses qu`un pouce. Il 閠ait finalement non moins maladroit que son disciple.

  Toujours perspicace, Octave prit ensuite les devants :

   � Implants temporaux ? De nouveau une d閏ouverte saisissante, je n`en avais jamais vu en aussi bon 閠at !

  — Ils sont en effet extr阭ement fragiles. Par chance, ceux-l� sont encore dans des coques protectrices �, dit Erol en ramassant l`un des implants.

  � la lumi鑢e de la torche, l`arch閛logue le fit rouler dans son gant. C`閠ait un splendide ouvrage. La qualit� 閠ait telle qu`il en 閠ait m阭e impossible d`apercevoir les circuits imprim閟 tant ils 閠aient nanoscopiques.

  � Tout le monde en avait pourtant � leur 閜oque, lui rappela le jeune gar鏾n en pointant du menton la belle endormie.

  — Ils s`usent tr鑣 vite avec le temps et sans soins thermiques ad閝uats, r閜ondit Erol apr鑣 avoir rassembl� son nouveau tr閟or dans le caisson.

  — Mais elle ? Elle en a un ? �

   Erol avait d閖� sorti un couteau qu`il gardait dans le revers de son manteau. D`un pas rapide, il avait de nouveau rejoint le sarcophage et avait saisi sa m鈉hoire entre ses doigts.

  � Vous n`y pensez pas ! � s`emporta Octave en lui attrapant l`閜aule.

  Erol l`閏arta aussit魌 d`un coup de coude.

  � Me prends-tu pour un imb閏ile, mon gar鏾n ? � grogna-t-il en tapotant de sa lame la tempe de la jeune femme.

  Le dos de la lame ne s`enfon鏰 pas dans la peau. Il laissa � peine une marque visible. Un ajout de silice, comme les habitants des Hautes-Terres les appelaient vulgairement, se trouvait bien l�.

  Le froid de l`acier fit grimacer la jeune femme, mais l`arme finit par rejoindre son fourreau aussi rapidement qu`elle en fut sortie. L`arch閛logue fit alors demi-tour. Donnant ordre � Octave de v閞ifier la pr閟ence d`autres caissons, il quitta les lieux.

  Au fil de son exploration, plusieurs sas de plexiglas lui barr鑢ent le passage. Apr鑣 tant d`ann閑s, ceux-ci c閐鑢ent assez facilement � la force de son poing.

  Erol put rapidement 閙erger dans un hall aux proportions interminables. Il 閠ait si grand que l`obscurit� ne permettait pas d`en voir les extr閙it閟 malgr� les quelques halos de lumi鑢e qui descendaient des hauteurs. La puissance des lieux 閏rasa l`arch閛logue qui resta quelques instants en 閙oi, scrutant chaque recoin qu`il lui 閠ait possible de parcourir des yeux.This narrative has been purloined without the author`s approval. Report any appearances on Amazon.

  En dessous de lui, un compliqu� r閟eau de rail et de poulies se dessinait. Celui-ci circulait au milieu de gigantesques cuves aussi 閜aisses que les murailles d`une forteresse et en acier d`une couleur rouge mat. 青 et l�, des r閟idus de m閠al en fusion aujourd`hui solidifi閟 recouvraient leurs pans.

  Au-dessus de certaines des chemin閑s qui constellaient la vo鹴e pendait un syst鑝e de cha頽es impressionnant qui avait d� servir � retenir des charges 閚ormes. En activit�, ces liens devaient produire un tapage assourdissant.

  � Cette caverne devait 阾re une usine � l`ampleur totalement disproportionn閑 ! � s`exclama Erol, peu apr鑣 avoir d閠ect� un proche puits de lumi鑢e en provenance de l`une des pipes d`a閞ation.

  Le puits poss閐ait un diam鑤re d`une dizaine de m鑤res. Il 閠ait accessible via une 閏helle qui longeait la vo鹴e jusqu`� une plate-forme. Un r閟eau de passerelles lui permettrait d`atteindre son but.

  Parfait !

  Erol tenait sa sortie et pouvait retourner de ce pas aupr鑣 d`Octave afin d`amorcer les pr閜aratifs. Mais ce fut son 閠udiant qui le trouva en premier. � ses c魌閟, la myst閞ieuse femme, toujours endormie, 閠ait 閠endue sur le couvercle en verre de son cercueil. Celle-ci avait 閠� solidement attach閑 gr鈉e � une corde et aux tuyaux de transport de nourriture fluidifi閑. Il l`avait tra頽� jusqu`ici.

  � Octave ? Qu`est-ce que tu fabriques ? �

  � bout de souffle, son 閘鑦e 閠ait dans un 閠at de panique sans pr閏閐ent.

  � Monsieur ! Un grand malheur est arriv� quelques instants apr鑣 que& balbutia l`閠udiant alors tremp� de sueur. Le courant est revenu d`un coup et puis l`habitacle de& son cercueil s`est illumin� et tout s`est mis � chauffer � l`int閞ieur ! �

  Derri鑢e son 閘鑦e, d`imposantes flammes commen鏰ient � envahir le couloir tandis qu`une infecte odeur chimique lui parvint aux narines. D閖�, autour d`eux, la fum閑 noire continuait de submerger les lieux par des bouches d`a閞ations.

  � � cause du court-circuit, le matelas s`est instantan閙ent chang� en une flaque naus閍bonde � l`instant m阭e o� j`ai r閡ssi � l`extirper de ce pi鑗e ! � conclut-il sans reprendre sa respiration.

  L`odeur devint alors tellement forte qu`Erol fut pli� en deux par la douleur. C`閠ait similaire � un glaive chauff� � blanc lui transper鏰nt le nez et l`avant du cr鈔e. Les larmes aux yeux, il saisit ensuite la jeune femme et la hissa sur son dos. Elle 閠ait si l間鑢e qu`il en voulut presque � Octave de l`avoir ramen� ici sur un brancard de fortune.

  Sans attendre, Erol rejoignit en second lieu les premi鑢es passerelles avec Octave sur les talons. Malheureusement fragilis閑s par le temps, les marches de m閠al se pli鑢ent et l`arch閛logue glissa dans le n閍nt � quelques m鑤res seulement de leur objectif.

  Par r閒lexe, sa main droite put solidement s`amarrer � un c鈈le. De l`autre, il tenait le col du costume de la jeune femme qui pendait maintenant dans le vide. Par chance, les fibres synth閠iques 閠aient assez robustes pour soutenir son poids malgr� le choc.

  Sous les ordres de son ma顃re, Octave sauta sur la plate-forme. Aussit魌 apr鑣, l`un des cordages d`acier de la passerelle 閙it un grincement sonore. Tout 閠ait en train de s`閏rouler. La panique le faisait suer � grosse goutte, si bien que le col de la jeune femme commen鏰it � lui glisser entre les doigts.

  � Je vais te la lancer. Agrippe-la ! ordonna-t-il � son disciple qui tentait tant bien que mal de s閏uriser un c鈈le qui mena鏰it de se rompre.

  — Vous 阾es fou ! � lui r閜ondit ce dernier en recevant l`inconnue dans ses bras.

  Erol fut presque certain qu`il venait de les tuer tous les deux. Rassemblant ses forces, il entreprit alors son ascension. En dessous de lui, l`閜aisse 閙anation toxique s`immis鏰it entre les cuves. Elle envahissait de plus en plus le complexe.

  Dans un crissement, la passerelle se d閠acha enfin et l`entra頽a dans le vide. Un ultime bond lui permit d`attraper le bras de son disciple. L`arch閛logue parvint finalement � se hisser sur la plate-forme branlante. La main gant閑 tenant fermement une paire d`閏rous, il fixait derri鑢e ses lunettes embu閑s la mer de flammes qui se dessinait en contrebas. Le gaz toxique s`閠ait embras�.

  Octave 閠ait sur le rebord, son 閏harpe devant son nez et sa bouche, les larmes aux yeux � cause de la fum閑 noire qui montait par vagues ardentes. Il eut � peine le temps de reculer que l`un des ultimes c鈈les maintenant la passerelle � la chemin閑 se rompit. Hors de contr鬺e, le serpent d`acier vint frapper son assistant dans le dos avec une force inimaginable et il manqua de chuter lui aussi.

  Erol le rattrapa in extremis. Puis, sans attendre, il positionna Octave sur son 閜aule avant de commencer l`ascension jusqu`� une dalle de b閠on arm�, suffisamment large pour y passer un homme. Par les interstices traversait la lumi鑢e du jour.

  La soulevant non sans effort, Erol se hissa hors du complexe puis d閜osa Octave sur le sol d`une sorte de grenier. Celui-ci 閠ait partiellement recouvert de vieille paille humide et de grains de bl�. Des paysans avaient d� le construire par-dessus l`ancienne chemin閑 d`関acuation.

  Sans prendre le temps de souffler, Erol retourna ensuite chercher la jeune femme avant que la plate-forme ne rejoigne le r閟eau de passerelles dans les profondeurs.

  Ce fut quand il la positionna sur son 閜aule qu`il remarqua des inscriptions sur le mur qui lui faisait face. C`閠aient d`immenses lettres peintes de couleur jaune de plusieurs m鑤res d`envergure. Bien que l間鑢ement effac閑s, ces derni鑢es pr閟entaient une typographie 閠range qu`il eut du mal � d閏hiffrer.

   J-O-S-I-A-S. Josias ?

  Erol ignorait totalement ce que ce mot voulait signifier. Il n`en avait jamais vu de semblable au cours de ses recherches.

  En dessous de l`inscription se dessinait un embl鑝e, lui aussi r閍lis� gr鈉e � la peinture jaune. C`閠ait un cercle. D`autres lignes se poursuivaient en dessous, mais il fut impossible de discerner le symbole complet. Malheureusement, l`incendie en avait d閠ruit une bonne partie.

  Peut-阾re que la jeune femme pourrait le renseigner � ce sujet. C`est en tout cas une d閏ouverte qui int閞esserait grandement Octave. Ce dernier avait d`ailleurs repris conscience quand Erol remonta � la surface.

  � Non content de ruiner ta veste et ta chemise, ce maudit c鈈le a d閏hir� ta chair sans faire de d閠ails, mon pauvre Octave, commenta Erol

  — Il va donc falloir que je me paie une nouvelle colonne vert閎rale ? plaisanta l`閠udiant en sortant de sa sacoche son kit m閐ical.

  — Tu connais mon avis sur les implants, mon gar鏾n. Tout 鏰 n`est qu`une vaste escroquerie. Ils s`oxydent, font pourrir la chair, et tout 鏰 pour des am閘iorations de pacotilles. Leur temps est pass�. Cette camelote ne devrait plus 阾re entre les mains de charlatans s`appelant chirurgiens ou technomanciens. �

  Erol s`empressa alors de lui saisir les feuilles de pansements des doigts.

  � O� sommes-nous ? � demanda le jeune gar鏾n en grima鏰nt quand l`arch閛logue lui appliqua les bandages verts sur la plaie.

  Erol eut ensuite une pens閑 pour son disciple. Le dos broy�, ce dernier avait peu de chances d`imaginer un jour une telle blessure gu閞ir convenablement.

  Il s`en voulait d閟ormais de l`avoir emmen� dans ce pi鑗e souterrain et se promit d`en toucher deux mots � Marian � leur retour. Le gamin devra dor閚avant rester � l`Universit�. Et si son cr閠in de p鑢e ci n`閠ait pas content, qu`il aille se faire voir, lui et toute la Fondation !

  � O� sommes-nous ? � redemanda Octave.

  Face � eux, aur閛l閑 par la triste lumi鑢e du jour, se dressait une porte de planches d`apparence mis閞able.

  � Ne bouge pas. Je vais aller voir puis... �

  Mais quand Erol s`en approcha, celle-ci s`ouvrit avec fracas.

  Un jeune gar鏾n d`� peine huit ans fit irruption dans le grenier. Les cheveux courts d`un blond platine et recouvert de terre, l`enfant portait une simple tunique de jute et une paire de sabots de bois tr鑣 inconfortables. Ses yeux 閠aient rouges et sa gorge constell閑 de varices.

  蓆onn�, Erol interpella ensuite le petit qui se t閠anisa sur place :

  � Mais qu`est-ce que tu fais ici gamin ? �

  Il eut un hoquet.

  � Mi& milles Excuses ! commen鏰 � b間ayer l`enfant. Loin de moi l`id閑 de vous surprendre. �

  Il toussa avant de reprendre :

  � Mon nom est Luca, Luca Flumine. Du moulin de Wassen, un peu plus loin sur la rivi鑢e. Vous n`阾es pas des soldats ? �

  Silencieux, Erol jugea le malheureux. Ses yeux bouffis et ses tremblements trahissaient sa peur. Octave avait d閟ormais le visage coll� � la porte de nouveau ferm閑, examinant l`ext閞ieur du grenier.

  � Monsieur, la situation ne va pas vous plaire �, dit-il.

  D`un geste de la main Erol ordonna � Octave de veiller sur la jeune femme. Il avait entre-temps remarqu� que sa respiration 閠ait haletante, l`air 閠ait mauvais dans les Hautes-Terres.

   Puis, l`homme au chapeau alla se placer contre l`ouverture. Il plaqua son visage contre le bois, cherchant le meilleur angle pour apercevoir les environs � travers les interstices.

  Une ferme d閘abr閑 se dessinait dans la brume matinale. � la gauche du grenier se tenait une 閠able de pierre et de torchis compos� de terre et de vestiges de sacs en plastique. Face � la porte se trouvait une petite demeure avec deux fen阾res. Le toit de chaume 閠ait recouvert de mousse et mena鏰it de s`effondrer par endroit. L`ensemble 閠ait lugubre, mais semblait totalement d閟ert.

  Il fallut attendre quelques secondes que la brume se disperse aux alentours de la cour int閞ieure pour qu`Erol puisse discerner un gigantesque arbre sur le c魌� droit du grenier. C`閠ait un noyer qui, malgr� l`arriv閑 du printemps, ne s`閠ait par� d`aucun feuillage.

  De sa branche la plus forte pendait trois formes sombres toujours englouties par le brouillard. Ajustant ses lunettes, Erol laissa 閏happer un juron sonore quand les corps d`un couple et de leur enfant apparurent, dansant au vent. Les rugueux grincements de leurs cordes r閟onnaient dans la cour.

  Au m阭e moment, des voix retentirent pr鑣 de la chaumi鑢e. De l� surgirent quatre figures portant un 閝uipement militaire. Trois d`entre eux poss閐aient un casque plat leur arrivant au nez. La vision 閠ait assur閑 par deux orifices � la hauteur des yeux. Ils 閠aient munis de lances et d`un imposant haubert de mailles, gauchement agenc閑s, leur tombant sur les genoux. Par-dessus ce dernier, une tunique mauve et noire 閠ait estampill閑 de l`embl鑝e d`un seigneur local qu`Erol reconnut : le poing rouge de Firehorn.

  Les soldats 閠aient accompagn閟 d`un officier. C`閠ait le seul qui n`閠ait pas v阾u d`un casque en raison de l`閜aisse couche de pansements appliqu閑 sur son cr鈔e. La plaie 閠ait r閏ente, les paysans avaient donc d� fi鑢ement vendre leur vie.

  Alors que les quatre individus prenaient la direction de la cour, Erol porta la main droite � la garde de son 閜閑. Si un combat devait 閏later, il allait se d閒endre vaillamment.

  Des fantassins des Baronnies, fanatis閟 par l`Inquisition, il en avait d閖� crois� par le pass�. Ils les savaient entra頽閟, disciplin閟, mais beaucoup trop s鹯s d`eux. Un avantage qui consolidait l`opportunit� qu`Erol 閠ait pr阾 � saisir, 閜aul� par l`arbal鑤e d`Octave.

  Et puis aucun d`entre eux ne porte d`implants ou d`am閘iorations.

  Fort heureusement, au dernier moment, les quatre hommes prirent la direction de l`閠able o� un cinqui鑝e les attendait avec un tonneau de spiritueux et des tranches de lards organiques.

  Finalement, las d`阾re laiss� sans explications, son 閘鑦e se rapprocha afin de lui aussi pouvoir profiter de l`une des ouvertures de la porte.

  � Ils ne poss鑔ent pas les armoiries de l`Inquisition. Un seigneur partisan ? On dirait des Firehorn. Qu`est-ce qu`ils font l� ? chuchota finalement celui-ci en fron鏰nt les sourcils. Mais ! Ils ont du lard organique, les bougres ! �

  H閘as, l`heure n`閠ait pas aux critiques culinaires.

  � Leurs bandes remontent la vall閑 jusqu`� Altdorf-la-Vieille, traquant les alli閟 de la Fondation et pillant fermes et villages, rajouta Erol l`air d間outt�.

  — Si les intentions belliqueuses de l`Inquisition sont aussi ostentatoires, pourquoi la Fondation ne s`attaque pas imm閐iatement � eux ? s`emporta le jeune gar鏾n.

  — La Fondation n`a plus grand pouvoir dans les vall閑s du Sud. L`Inquisition se cache derri鑢e ses pantins m阭e si personne n`est dupe. Car, jamais ils n`enverront leurs Paladins se battre directement contre la Fondation !

  — Et nous concernant ?

  — Altdorf sera la prochaine � tomber et par cons閝uent nous ne pourrons plus rejoindre la cit� de Renaissance par le lac. Nous devons donc rallier la rivi鑢e au plus vite, r閜ondit Erol.

  — Excellente id閑 ! Le torrent nous guidera � condition de trouver une barque. Mais o� en d閚icher une dans ces montagnes ? �

  Octave h閟ita.

  � Des b鹀herons peut-阾re ?

  — Moi je sais o� vous pourriez avoir un bateau, � dit une timide voix.

  C`閠ait celle de l`enfant qu`Erol avait totalement oubli�. Erol et Octave s`閏hang鑢ent un regard, heureux d`avoir enfin la chance de leur c魌�.

  Mais avant qu`il ne puisse le questionner davantage, une lame de bronze transper鏰 la porte et manqua de l`empaler de quelques centim鑤res.

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