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CHAPITRE 5 : EROL

L'Empire de Cendres Space Pickle 21710Words 2024-03-27 13:54

  De fines cendres tombaient du ciel. Cette neige empoisonn閑 ne s`arr阾ait jamais. 蓆� comme hiver, nuit comme jour, elle recouvrait de son manteau de d閟olation les monts et les vall閑s des Hautes-Terres. On disait que le firmament 閠ait malade. Qu`il se d閟agr間eait petit � petit. Cette poudre jaun鈚re 閠ait ces lambeaux. Son dernier soupir et son ultime vengeance.

  Le soleil 閠ait mourant. Du moins, il ne brillait plus comme autrefois. D`un orange an閙ique, il disparaissait chaque ann閑 un peu plus sous le voile mauve qui d閏hirait le ciel rouge. Car il n`y avait plus d`atmosph鑢e azur. Les nuages blancs cotonneux s`閠aient depuis longtemps dissip閟. Les cieux 閠aient � l`image de la civilisation humaine. � l`agonie.

  Erol nettoya son chapeau des particules qui le recouvraient. Il parcourait maintenant la for阾 de pins couleur de rouille depuis des heures. Devant lui, l`enfant qu`ils avaient rencontr� � la ferme se frayait un chemin � travers les ronces et les foug鑢es recroquevill閑s par une quelconque maladie.

  Tout 閠ait si sec. La moindre 閜ine lui tailladait la peau comme l`aurait fait une lame de rasoir. Sans ses bottes de bonne facture, ses mollets seraient en sang.

  Dans son dos, la jeune femme 閠ait de plus en plus mal en point. De sa bouche coulait un mince filet rouge. Elle toussait dans son sommeil et une fi鑦re la rongeait. Ce monde la torturait d閖�.

  Lui et son groupe ne pouvaient cependant pas faire de pause. Pas ici. Pas encore.

  Jamais il n`aurait pens� 閏happer aux soldats. De son 閜閑 il s`閠ait fray� un chemin jusqu`� l`ext閞ieur du grenier. Il entendait toujours l`閏ho de l`acier contre le cuir, le cliquetis de l`arbal鑤e d`Octave et les cris de l`officier donnant l`alerte. L`arch閛logue avait encore le sang de ce dernier sur son visage. Sous cette chaleur, l`odeur ferreuse lui donnait envie de vomir.

  � � ce rythme, nous serons au moulin � la tomb閑 de la nuit, glapit le jeune Luca en esquivant tant bien que mal les ronces aux 閜ines aussi grosses que ses doigts.

  — Tu tiens le coup, petit ? Tu m`as l`air mal en point �, lui demanda Erol.

  L`enfant toussa.

  � Ne vous en faites pas. Mais, au fait, qui est cette femme ? Est-elle bless閑 ?

  — Cela ne te concerne en rien, dit Erol avant qu`Octave puisse ouvrir la bouche pour lui r閜ondre. Concentre-toi sur la route. �

  Luca acquies鏰.

  Apr鑣 quelques minutes de marche suppl閙entaires, leur guide d閟igna du doigt une ravine qui glissait entre les arbres. Ils avaient presque atteint le torrent.

  � Elle est tr鑣 faible, Monsieur. Il lui faut de l`aide et du repos, � lan鏰 Octave en retirant sa main du front de son fardeau.

  Lui aussi tenait le coup malgr� ses blessures. Erol devait le reconna顃re. Il avait 閠� plus qu`admirable jusqu`� pr閟ent.

  Le ruisseau rejoignit la rivi鑢e. L`enfant promit de nouveau toute l`assistance n閏essaire une fois au moulin de ses parents. Puis, il acc閘閞a encore une fois sa marche. D閟ormais, il courait presque. Car derri鑢e eux, des hennissements se faisaient entendre. Il leur fallait fuir toujours plus vite m阭e si des cavaliers ne pourraient jamais les traquer � travers les bois touffus qui longeaient la rive.

  Pourvu qu`ils ne poss鑔ent pas de chiens. Ou pire encore&

  Le petit groupe suivit alors le nouveau cours d`eau jusqu`� ce que le cr閜uscule enveloppe de son manteau de nuit les cimes des pins forestiers. Leurs poursuivants s`閠aient 関anouis avec l`apparition de la lune.

  Le chant des clapotis ber鏰 enfin son esprit. Erol aurait aim� profiter de cette eau qui coulait ici si librement. En montagne, elle n`閠ait pas encore naus閍bonde et charg閑 de d閏hets plastiques ou de m閠aux lourds. Elle 閠ait d`ailleurs si claire qu`il irait jusqu`� la boire sans la filtrer.

  � Je n`en peux plus, Monsieur. Il faut que je m`abreuve, � dit soudainement Octave qui avait d� lire dans son esprit.

  Lorsque son 閠udiant se rapprocha de la berge, Erol lui embo顃a le pas, faisant crisser les galets sous ses semelles.

  Au diable la dysenterie ! pensa l`arch閛logue.

  La soif le taraudait depuis des jours. La douceur de l`eau enveloppait ses chevilles meurtries par les longues marches.

  � Allons jusqu`� ce barrage, dit-il en pointant du doigt ce dernier un peu plus en contrebas. Je vais y d閜oser notre amie. L`air frais lui fera le plus grand bien.

  — 蓆range. Il n`y a jamais eu de digue ici, les pr関int le petit Flumine.

  — C`est quoi 鏰, alors ? � demanda Octave, les genoux baignant dans le courant � la lumi鑢e du clair de lune.

  Erol leva les yeux. Ce qui ressemblait de prime abord � un barrage de branches 閞ig� par la force du torrent, apparu comme un amas macabre de corps et de membres.

  � � quel odieux spectacle devons-nous donc 阾re encore t閙oins ? � chuchota Octave.

  Derri鑢e Erol r閟onna le cliquetis d`armement de l`arbal鑤e de son disciple.

  � Des soldats ? Fondation ou supp魌s de l`Inquisition ? poursuivit Erol en d閜osant la jeune femme contre les racines d`un saule. On dirait qu`ils portent des cuirasses.

  — Qui donc jetterait dans la rivi鑢e un r間iment en armure ? �

  La v閞it� sur le barrage de cadavres 閏lata alors que l`arch閛logue alluma l`un des derniers b鈚ons lumineux au risque de r関閘er leur position. Rouill閟 et � moiti� d閙embr閟, des robots gisaient l� o� on les avait abandonn閟 quelques jours plus t魌. Leurs yeux de plastiques mauves, trahissant leur usage militaire de jadis, brillaient � la lueur de la flamme artificielle. Des jointures coulaient c鈈les et composants, mais aussi le fluide nocif des batteries au Sub-Lithium liqu閒i�.

  � Quel g鈉his ! pesta Erol.

  — Des machines d`assaut ? Je n`en ai jamais vu autant, dit Octave. On dirait que les soldats du Firehorn suivent � la lettre les directives de ces fous technophobes de l`Inquisition.

  — On a souhait� empoisonner le courant. Ainsi, les troupes en fuite ne seraient pas en mesure de s`y abreuver. � croire que leurs alli閟 sont pr阾s � tout pour gagner le contr鬺e de la r間ion.

  — Empoisonner ? miaula Luca d`une voix tremblotante. Que voulez-vous dire ? Le moulin de Wassen se trouve en contrebas.

  — En esp閞ant qu`il y ait encore une meunerie �, conclut Erol avant d`exiger de se remettre en route.

  Longeant les eaux souill閑s, le groupe ne fit alors aucune halte jusqu`au moulin. Ce dernier n`閠ait d`ailleurs pas plus grand que la ferme des pendus. Enjambant la rivi鑢e, il arborait deux immenses roues � aubes immobiles aux arbres reliant les deux rives.

  Sur le porche les attendait le p鑢e de Luca, Bart Flumine. Le meunier 閠ait un homme gigantesque. De sa barbe hirsute et de ses longs cheveux noirs boucl閟 ne s`extirpait qu`un nez grenat en forme de pomme de terre. Il tapota ses sabots de bois contre le muret de pierre entourant l`entr閑 avant d`ouvrir d`une main large comme un plateau d`argent, la porte de sa demeure. L�, il invita Erol et son compagnon � le suivre sans prononcer le moindre mot.

  Derri鑢e Luca, Erol passa les battants puis un ensemble de rouages d`aciers aussi dangereux qu`imposants pour finalement se retrouver au centre d`une pi鑓e inond閑 de lumi鑢e. Un feu rougeoyait dans une chemin閑 centrale tandis qu`affair閑 � la table � manger coll閑 au mur du fond, la m鑢e de Luca 閠ait en train de r閜arer un antique chalumeau de soudure.

  � la vue de son fils, elle bondit de sa chaise et rentra dans une col鑢e noire dans un m閘ange de russe et de patois intraduisible. Luca sembla se confondre en excuses. Les larmes aux yeux et rouge d`indignation, la femme du meunier se tourna finalement vers les visiteurs et s`adressa � Erol dans la langue commune de Renaissance :

  � Un envoy� de la Fondation ? Ici ? C`est une course aux ennuis ma parole �, cria-t-elle en dissimulant ses sanglots.

  Avant que l`arch閛logue ne puisse s`expliquer, Luca conta la totalit� des 関閚ements � ses parents. Il souligna sa rencontre avec eux dans le grenier, son combat avec les soldats du Firehorn ainsi que le triste destin des fermiers et de leur demeure.

  Au fil du r閏it, le visage du meunier et celui de sa conjointe devinrent bl阭es. Leurs regards se pos鑢ent sur la jeune femme quand Luca en fit finalement mention.

  Sans plus attendre, la meuni鑢e se pr閏ipita vers Erol et lui demanda de d閜oser la rescap閑 du complexe dans la couchette familiale � l`閠age.

  � Mais, cette dame est au bord de la mort ! Voyez cette peau si blanche ! � s`emporta-t-elle.

  L`espace d`un instant, Erol pensa avoir affaire � son timbre de voix quotidien.

  � Installez-la sur le lit. H鈚ez-vous ! Je vais chercher mes herbes !

  — Nous vous remercions mille fois pour votre assistance, Fr鋟lein, balbutia Octave en aidant son mentor � d閜oser la jeune femme au creux des draps.

  — Mais je ne fais pas 鏰 pour vous. Maintenant, descendez, mon mari doit certainement vouloir s`entretenir avec vous ! Du balai ! � mugit-elle avant de d閎lat閞er des insultes en ancien russe.

  Erol abandonna l`閠age � reculons et revint dans la pi鑓e principale tandis que r閟onnait toujours le sermon de l`閜ouse du meunier. En moins de cinq minutes, l`int間ralit� de son arbre g閚閍logique avait 閠� verbalement remise en cause.

  � S`il y avait encore un Dieu, nous n`aurions plus qu`� le prier. H閘as& � grommela d`une voix douce le p鑢e Flumine qui avait pris appui sur une pile de sacs de farine. Luca 閠ait � ses c魌閟.

  � H閘as, Dieu est mort. � lui r閜ondit Erol.

  Le meunier acquies鏰.

  � Nous voudrions toutefois vous remercier pour avoir port� assistance � notre brigand de fils. Ma femme et moi-m阭e 閠ions dans une inqui閠ude folle. If you discover this narrative on Amazon, be aware that it has been stolen. Please report the violation.

  — Nous aurions cependant aim� que cela finisse autrement �, rajouta Octave dans une grimace qui n`閏happa pas � Erol.

  La douleur de sa blessure au dos devait 阾re en train de se r関eiller. Il sera n閏essaire de placer de nouveaux pansements chimiques jusqu`� Renaissance.

  � C`est pourtant toujours 鏰, continua le colosse. Les seigneurs se font la guerre et les gens comme nous en souffrent. Inlassablement. Quel chaos !

  — Une anarchie qui tombe plut魌 bien pour certains. Trop bien m阭e.

  — Que voulez-vous dire ?

  — Votre fils. Poss鑔e-t-il des implants ? � demanda Octave en voyant l`enfant tousser de nouveau.

  Le p鑢e Flumine leva ses sourcils. Ce qu`Erol prit tout d`abord pour un 閠onnement tr鑣 d閙onstratif se fit tout autre quand leur h魌e se pin鏰 les narines si fortes que du sang gicla de celle de gauche. Trois gouttes noir鈚res d間oulin鑢ent sur la l鑦re sup閞ieure du meunier apr鑣 que le liquide se soit engouffr� dans sa moustache.

  Il posa ensuite son nez sur la table. Celui-ci fit un bruit de m閠al. Il devait 阾re extr阭ement lourd.

  � Voil� le seul implant de la maison �, confia Bart Flumine.

  Avec sa manche, il essuya la s閏r閠ion noire qui coulait des deux fentes squelettiques qui ornaient d閟ormais son visage.

  � Et, comme nous vivons pr鑣 des Terres du Sud, c`est le seul qu`il n`y aura jamais. Il date d`un autre temps. C`est un filtre � particules. D`origine sovi閠ique.

  — Fort utile pour un meunier, commenta Erol.

  — Exactement ! � trancha son interlocuteur.

  Derri鑢e lui, la console de commande 閙it une alerte sonore et de nombreux engrenages se mirent en route pour activer les meules.

  Mais cela ne semblait pas 阾re le fin mot de l`histoire.

  Avant qu`Octave puisse ench閞ir de nouveau sur le fait qu`un homme venait de d閜oser l`un de ses membres sur la table, Erol reprit la parole :

  � Des dro飀es ont 閠� jet閟 en amont de la rivi鑢e. La contamination a d閖� d� atteindre votre moulin. Si votre fils a bu de l`eau& �

  Bart Flumine vira au rouge, puis au magenta dans un laps de temps si court qu`Erol crut � un arr阾 cardiaque.

  � Les raclures, grommela Flumine. Les pourritures&

  — Nous pr関iendrons la Fondation.

  — Cela ne concerne que nous. Ce sont nos ennuis d閟ormais, car vous en avez fait assez pour nous. �

  Luca s`extirpa des mains de son p鑢e. Celui-ci pianota quelques instants sur la console de commande avant de dispara顃re � l`閠age. La chaumi鑢e enti鑢e grin鏰.

  � Mais que faisiez-vous dans ses contr閑s, � vous pavaner avec un ceinturon si ostentatoire ?

  — Nous sommes des arch閛logues de la Fondation, r閜ondit Octave au d閠riment de son ma顃re. Nous explorions des cavernes situ閑s sous la vall閑. �

  Erol acquies鏰 avant d`extraire son 閜閑 de son fourreau. � l`aide d`un linge que lui avait port� le fils du meunier, il commen鏰 alors � nettoyer sa lame tach閑 de sang.

   � Vous avez l� de curieux hobbies, vous � Renaissance ! s`esclaffa le g閍nt en tapant de la paume de sa main la minuscule table de bois, ce qui fit rebondir son nez en m閠al. Et pourquoi diable trimballez-vous cette demoiselle dans vos manigances ? Elle n`a pas l`air taill閑 pour de telles aventures. �

  Erol et Octave s`閏hang鑢ent un timide regard. La jeune femme tenait du secret. Il 閠ait inenvisageable de crier sur tous les toits qu`ils d閠enaient une survivante du temps d`avant. La situation 閠ait d閘icate. Ainsi, Erol pr閒閞a mentir � leurs h魌es pour la s閏urit� de tous :

  � Ce n`est que la fille d`un illustre marchand. Ce dernier souhaitait s`assurer que nous ne nous servions pas au sein de nos trouvailles et que tout lui 閠ait bien remis.

  — Ce monstre envoie sa gamine au cSur des montagnes aussi peu attif閑 ? La voudrait-il morte ? s`estomaqua le meunier qui avala trop facilement toute l`histoire. Les bourgeois de Renaissance me donnent envie de vomir chaque jour qui passe.

  — En parlant de 鏰, h閟ita Erol. En vue de l`閠at de sant� de notre& prot間閑, nous souhaitions rejoindre la capitale au plus vite.

  — Par ces temps ? C`est une question de jours avant que ces brigands du Firehorn ne partent vers le Nord et assi鑗ent Altdorf �, reprit son interlocuteur en vissant de nouveau son nez.

  Erol s`aper鐄t alors que celui-ci avait 閠� remis � l`envers, mais qu`閠ant donn� la condition de ce dernier, cela ne faisait aucune diff閞ence.

  � Et par voie fluviale, pensez-vous que cela soit possible ? En suivant la rivi鑢e. Votre fils a mentionn� une barque. �

  L`arch閛logue se leva. Il jeta alors plusieurs regards � la for阾 visible depuis la fen阾re avant de s`asseoir pr鑣 de l`ouverture afin de graisser sa lame.

  Pendant ce temps, Bart Flumine 閏hangea un regard avec sa femme qui venait de les rejoindre. Celle-ci fit un signe de t阾e � Erol, lui indiquant qu`elle avait prodigu� les soins n閏essaires. Le meunier poursuivit alors :

  � Nous allons partir vers les sommets � l`aube. La situation ici ne va pas tarder � tourner au vinaigre. Si vous descendez la vall閑 jusqu`� Renaissance, prenez le bateau.

  — Mon ma顃re, Marian, et les autres Fondateurs sauront vous remercier pour votre g閚閞osit�. Si jamais votre route doit vous mener � la Cit�& �

  Bart Flumine l`interrompit d`un geste, lui indiquant que cela ne sera certainement jamais le cas. Il n`閠ait pas le seul � se m閒ier autant des Fondateurs que de l`Inquisition.

  � Cependant, reprit Erol. N`avez-vous pas peur qu`une patrouille ne passe par ici ? Nous ne sommes pas tr鑣 loin de la ferme et& �

  Erol pointa du pouce le chemin qui conduisait � la for阾 qu`il surveillait depuis tout � l`heure.

  � Nous sommes trop loin de la chauss閑 principale et des pillages. Et puis personne de sain d`esprit ne s`aventurerait dans ces bois de nuit. �

  Sur ces mots, Bart et sa femme servirent le repas. Ce fut un v閞itable festin, car ils mang鑢ent tout ce que les Flumine ne pouvaient pas transporter � travers la montagne. Les produits 閠aient naturels et n`avaient rien � voir avec la nourriture recompos閑 de la capitale. Eux aussi eurent finalement le droit � du lard organique.

  Le ventre plein, Octave alla se coucher pr鑣 du terminal de contr鬺e du moulin, l� o� se trouvait le poste du travail du P鑢e Flumine.

  Erol aurait aim� l`imiter, mais malgr� l`閜uisement, il ne parvint pas � fermer l`Sil cette nuit-l�. Assis sur le perron, il se laissa aller � ses pens閑s. Le massacre de la ferme et la pr閟ence d`阾res m閏aniques dans les eaux du torrent ne le rassuraient gu鑢e.

  Il se demanda aussi ce qui pouvait bien tra頽er dans ces bois � une heure si avanc閑 et leur garantir une si profonde autarcie. Puis, il se rappela ses histoires de mutants vivants � l`Est ou des exp閞imentations g閚閠iques qui auraient eu lieu dans certains complexes souterrains de la r間ion.

  � Bah ! Des contes ! � se r閏onforta Erol, car il n`en avait encore jamais eu aucune preuve.

  Perdu au milieu des montagnes, il se sentait cependant vuln閞able. Loin 閠ait la s閏urit� des remparts de Renaissance et il lui tardait d`y revenir.

  L`arch閛logue ressentit soudainement l`envie pressante de sauter dans la rivi鑢e. Au diable la peste bionique propag閑 par les dro飀es, il devait se laver, purger ses inqui閠udes et rena顃re de nouveau. Mais il en 閠ait priv�. Il aurait droit au repos � destination. Une fois Octave de retour sur les bancs de l`universit� et la jeune femme remise � Marian contre une belle somme de cr閐its.

   � Peut-阾re bien qu`avec tout cet argent je vais aussi pouvoir m`acheter un nez qui filtre la sciure et devenir mitron, plaisanta Erol � voix haute.

  — C`est un mod鑜e militaire. Vous n`en trouverez pas sur les march閟 aux ajouts de Renaissance. �

  Erol sursauta. Il n`avait pas entendu le pas lourd du meunier qui poursuivit :

  � M阭e en contrebande, ils sont rarissimes. Peut-阾re aurez-vous plus de chance plus au sud. Avec ces trafiquants qui parlent mandarin.

  — Comment va la fille ? demanda l`arch閛logue en tentant de masquer son embarras.

  — Mieux que le gamin, r閜ondit son interlocuteur. Ma femme examine sa blessure. Il lui faudra une nouvelle colonne en carbone ou en acier. Mais il ne vous restera pas grand-chose pour votre nez. �

  Erol sourit, mais � la lumi鑢e de la lune il vit que Flumine abordait toujours un air s閞ieux.

  Les paupi鑢es pliss閑s, il jugeait le pilleur. Ses yeux n`閠aient pas bioniques. Ils ne lisaient pas � travers le m閠al ou la peau, mais il scrutait son 鈓e. Et c`閠ait fort d閜laisant.

  � Combien vaut la fille pour qu`elle vous co鹴e la vie de ce jeune gar鏾n ? �

  Les paroles du meunier eurent l`effet d`un sabre � l`acier glac� fig� dans l`estomac de l`arch閛logue. Flumine n`閠ait pas un imb閏ile. Mais Erol non plus.

  � Et que fait un maigre ouvrier avec un implant de type militaire ? �

  Bart Flumine sourit, puis d関oila son biceps droit. L�, marqu� au fer rouge, 閠ait grav� l`embl鑝e que l`Inquisition arborait depuis quelques ann閑s : le triangle cercl�.

  � Une erreur d`une autre 閜oque. C`est derri鑢e moi depuis bien avant la naissance de mon fils. �

  Bart dissimula de nouveau son tatouage puis ramassa quelques b鹀hes de bois avant de les placer sous son aisselle gauche.

  � C`est impossible ! r閠orqua Erol en portant sa main gant閑 � la garde de son 閜閑. Comment un Paladin a-t-il pu avoir acc鑣 � un implant ? Je croyais l`Inquisition technophobe ! �

  Maintenant debout, il d閒iait du regard le meunier, mais la diff閞ence de taille rendait la sc鑞e ridicule. D`un coup de b鹀he, le g閍nt pouvait le mettre � terre.

  � Paladin ? Non, j`閠ais Ing閚ieur quand je servais, r閜ondit calmement Bart avec un l間er sourire. Ing閚ieur sur les sites de fouille de l`Inquisition. Dans les colonies de l`Ouest. �

  Erol ne comprenait pas. L`Inquisition combattait pourtant la technologie avec ferveur. Bart Flumine devait 阾re un fou plaqu� d`un menteur.

  � L`Inquisition a un double visage, Monsieur Feuerhammer. Des unit閟 sp閏iales, � l`instar de la mienne, explorent encore aujourd`hui les ruines de l`Ancien Monde comme vous le faites en plein jour. Le reste de leur confr閞ie d`imb閏ile n`est m阭e pas au courant.

  — Dans quel& quel but ? b間aya Erol.

  — Cette guerre indirecte avec la Fondation ne durera pas 閠ernellement. L`Inquisition travaille � rattraper ce retard technologique et quand ce sera le cas&

  — Elle cessera de tirer les ficelles des Barons fantoches et frappera.

  — C`閠ait du moins le plan � l`閜oque. Le projet de la Sainte Maev en personne. Fouiller les ruines de l`Ancien Monde comme le fait l`Universit�. Son objectif est bien d`armer la Fondation, n`est-ce pas ? � l`aide de toutes les vieilleries que vous remontez. �

  Erol resta de marbre.

  � Toutefois, on trouve parfois des choses plus int閞essantes �, poursuivit Bart en adressant un clin d`Sil � l`arch閛logue.

  Il sait.

  � Mais les folies des Hautes-Terres ne me concernent plus apr鑣 tout �, conclut-il avant de laisser Erol sous les timides 閠oiles per鏰nt le voile noir de la nuit.

  Erol jura que son cSur s`閠ait arr阾� pendant la minute qu`avait dur� cette conversation. L`Inquisition et le P鑢e Flumine avaient bien cach� leur jeu.

  Le lendemain matin, le voyage vers Renaissance se r閍lisa dans un premier temps sans encombre. Bien que le torrent f鹴 encore sauvage � certains endroits, les deux arch閛logues avaient 閠� en mesure de le dresser � l`aide de leurs rames.

  Parfois bouscul閟, voire tremp閟, au gr� des courants, Erol et Octave appr閏i鑢ent finalement moment de paix et de qui閠ude apr鑣 avoir quitt� l`ombre du Dammastock.

  Leur prot間閑 閠ait � l`abri des rayons du soleil qui per鏰ient dangereusement � travers les fins nuages orang閟 et le manteau de poussi鑢e qui couvrait le ciel. L`arch閛logue caressa son front et 閏arta de ses yeux clos des m鑓hes de cheveux bruns. Elle avait perdu son apparence fragile de poup閑 de porcelaine.

  Au fur et � mesure que l`apr鑣-midi passait, la descente devint l間鑢ement plus abrupte jusqu`� ce qu`ils arrivent au cSur d`une vall閑 bois閑. Les pins laiss鑢ent place aux h阾res et aux ch阯es. Puis ce fut au tour de ces derniers d`阾re remplac閟 par de petites prairies et des p鈚urages. Enfin, le bourg d`Altdorf se dressait fi鑢ement, toujours libre.

  Mais la cit� � l`embouchure du fleuve se pr閜arait d閖� aux combats. Tranch閑s et barricades prenaient forme. Le ceinturon d`Erol leur permit n閍nmoins de passer le blocus sans encombre et de rejoindre le lac d`Argent.

  Enfin, ce dernier s`閠endait maintenant devant eux et ce fut seulement lorsque le soleil pointa � son an閙ique z閚ith que la ville fortifi閑 de Renaissance se d関oila � sa vue.

  Une vue qui s`obscurcit brutalement pour Erol � la suite du violent coup de rame port� � l`arri鑢e de son cr鈔e.

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